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Le sans-abrisme chez les jeunes adultes

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 66 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 18/10/2022
    • de SAHLI Mourad
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Réalisée depuis 2020, à l'initiative de la Fondation Roi Baudouin, l'étude relative au dénombrement du sans-abrisme a été récemment publiée sur base des relevés de 9 villes belges dont Arlon, Namur, Liège et Charleroi, en Wallonie. Cette nouvelle étude nous montre qu'un sans-abri sur cinq est âgé de 18 à 25 ans. Selon l'enquête, ces jeunes présentent des profils différents par rapport aux plus âgés. Cependant, malgré l'hétérogénéité des parcours, un fil rouge est perceptible : 37,4% de ces jeunes expliquent la situation qu'ils vivent par des conflits intrafamiliaux ou amicaux. Souvent, ceux-ci ont connu un décrochage scolaire, des violences, des parcours migratoires traumatisants, un accès compliqué au marché du logement et aussi, une expérience négative liée à l'Aide à la jeunesse.

    Pour lutter contre le sans-abrisme des jeunes, les professionnels recommandent une politique familiale et scolaire préventive, à travers une information en amont, au niveau des écoles et des associations au service de ce public. En outre, ils préconisent une politique de transition entre l'Aide à la jeunesse et les services pour adultes, notamment en matière de logement et d'accompagnement psycho- social.

    Madame la Ministre a-t-elle pu prendre connaissance de l'étude ?

    Quel constat en fait-elle ?

    Aussi, des actions sont-elles prévues pour lutter contre le sans-abrisme des jeunes en Wallonie ?
  • Réponse du 18/11/2022
    • de MORREALE Christie
    L’étude relative au dénombrement du sans-abrisme confirme l’analyse des relais sociaux sur le nombre important de jeunes concernés. À la demande de la COCOREL, l’instance réunissant les relais sociaux, un groupe de travail s’est constitué en 2019 pour investir et procéder à un état des lieux sur la thématique des « Jeunes en errance ». La plupart des relais sociaux ont mis en place ou participent à des groupes de travail autour de cette problématique. Je me permets de livrer, à titre d’exemples, quelques retours de ceux-ci.

    Entre juin et décembre 2018, des tables rondes ont été organisées à Charleroi entre 25 structures des secteurs de l’Aide à la jeunesse et de la grande précarité pour réaliser un état des lieux complet, au travers de cinq thématiques : le logement, la mise en autonomie, la prévention, la santé et l’emploi. Les constats issus de ces rencontres ont ensuite été retravaillés par le groupe porteur composé de 4 structures (la Mado et le Point jaune pour l’Aide à la jeunesse, Solidarités nouvelles et le Relais social pour la grande précarité) pour aboutir à un cahier de recommandations politiques.

    Il existe plusieurs projets à Charleroi articulés autour du Relais social. Les 3 Solid’R (Solidarités nouvelles) vise à travers la mise à disposition d’un logement collectif, à recréer du lien avec des jeunes en errance. L’objectif du projet est la mise à l’abri de ce public fragilisé, afin de pouvoir à terme leur trouver des solutions durables de logement et, plus globalement, viser une réinsertion durable au sein de la société (emploi, formation, et cetera).

    Les Kots Tremplins (Relogeas & la Mado) sont des kots à vocation sociale pour les jeunes de 18 à 25 ans ayant pour finalité de lutter contre l’exclusion sociale des jeunes et être un levier pour le passage vers l’âge adulte et une vie autonome. Prévus pour un temps d’hébergement de 12 mois maximum, ils sont une passerelle vers un logement plus stable et durable. Les objectifs du projet sont de faciliter l’intégration sociale des jeunes, de les soutenir dans leur autonomie et de leur assurer un accompagnement socio-éducatif ainsi qu’un accès à un logement décent afin de favoriser leur insertion socioprofessionnelle.

    Le « Housing First Jeunes », qui s’intègre au projet « Housing First », permet, tout en gardant une méthodologie similaire, de développer des partenariats propres au milieu de la jeunesse. Le public cible est les jeunes de 18 à 30 ans (pour éviter une rupture supplémentaire dans l’accompagnement) avec des problématiques multiples d’assuétudes et/ou de santé mentale qui nécessitent un accompagnement intensif et multidisciplinaire. Les objectifs du HFJ sont la remise en logement rapide de jeunes fréquentant le réseau de la grande précarité, afin d’éviter une installation en rue et de réinscrire ces jeunes au sein d’un tissu social fort (emploi, formation, famille, réseau…).

    Le « Working First » est, quant à lui, un projet de soutien à l’emploi qui s’adresse à des personnes en situation de grande précarité, avec un parcours de sans-abrisme et souffrant de problématique(s) de santé mentale et/ou d’assuétude. L’objectif visé par ce projet n’est pas prioritairement l’emploi (ou la formation) mais bien le rétablissement, le bien-être de la personne accompagnée. Bien que non spécifique au public jeune, le « Working First » s’adresse à l’ensemble des publics « Housing First », jeunes y compris, et est un axe de travail essentiel à leur intégration sociale.

    À Namur, plusieurs projets ont également été mis en place. Par exemple, le Projet partenarial entre le Service « Droits des Jeunes » et le RSUN pour le (re-) logement des jeunes à Namur, en cours de construction, a pour missions de faciliter l’accès à un logement décent et accessible pour le public jeune (de 16 à 22 ans) en difficultés sociales et familiales et de contribuer à prévenir et lutter contre le phénomène du sans-abrisme chez les jeunes.

    Ainsi, grâce au développement des projets visant l’autonomie des jeunes et de leur accompagnement, grâce aussi à la mise en place d’une concertation entre les acteurs des deux secteurs, grâce enfin au soutien de projets innovants ou de toute autre alternative permettant de proposer une offre de logement dédiée et d’un accompagnement personnalisé, les actions initiées par les deux secteurs constituent une réponse adaptée aux enjeux que constitue la problématique –toujours pleinement d’actualité – de l’errance chez les jeunes.

    Les collaborations entre le secteur de l’Aide à la jeunesse et celui de l’action sociale sont nombreuses et il importe d’en soutenir leur développement. L’Observatoire wallon du sans-abrisme représente une réelle opportunité pour renforcer ces collaborations et assurer une cohérence ainsi qu’une articulation dans l’accompagnement des jeunes et des adultes en difficultés sociales.