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La qualité de l'eau à Limal

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 76 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 18/10/2022
    • de JANSSEN Nicolas
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Avec plus de 39 000 contrôles par an, l'eau du robinet est l'un des produits alimentaires les plus contrôlés en Wallonie.

    À Limal, l'eau d'un des deux captages pour la production d'eau potable aurait, selon mes sources, dépassé la "valeur sanitaire transitoire" de 3 µg/l fixée par les autorités françaises pour le "chloridazon-desphényl". Et l'eau de l'autre captage aurait dépassé le "critère de qualité" européen de 0.1 µg/l pour ce métabolite pour lequel, selon le rapport Semtep « une importante contamination est constatée sur l'ensemble du territoire au nord du sillon Sambre et Meuse. Même les calcaires du Tournaisis peuvent être contaminés. La nappe des Sables bruxelliens est particulièrement affectée. ». Le monitoring du desphénylchloridazon a été imposé aux producteurs d'eau potable avec des valeurs seuils de 0,5 à 4,5 µg/l.

    Quel seuil a été retenu pour le desphénylchloridazon ? Ce métabolite est-il effectivement monitoré chez tous les producteurs wallons ? Les derniers résultats ont-ils démontré un dépassement des seuils comme à Limal ? L’administration de Madame la Ministre était-elle informée de ce dépassement ? Quelles mesures a-t-elle prises pour y remédier et veiller à la santé des Wallons ?

    Par ailleurs, à Limal, le "chlorate", pesticide interdit au sein de l'Union européenne depuis 2008, aurait, toujours selon ce même contact, atteint la valeur de 100 µg/l dans l'eau de distribution. Cela correspond à 10 fois la valeur recommandée par l'UE pour les eaux et denrées alimentaires (10 µg/l).

    Confirme-t-elle ces informations ? Qu'en pense-t-elle ?

    En mai dernier, Madame la Ministre me disait que « plus de 97 % des eaux étudiées en Wallonie présentaient une concentration inférieure à 0,25 mg/l en chlorates. ». Cependant, cela ne confirme pas que ces eaux présentent une concentration inférieure à 10 µg/litre. Des mesures telles qu'un traitement sans chlorate, au charbon actif par ex., sont-elles implémentées ou envisagées à Limal et dans les autres sites de traitement ?
  • Réponse du 16/11/2022
    • de TELLIER Céline
    Depuis juin 2018, le monitoring du desphényl-chloridazon dans les eaux souterraines brutes (c’est-à-dire avant tout traitement de potabilisation) est imposé aux producteurs d’eau potable sur tous les sites de captage dont le volume annuel produit est supérieur à 36 500m3 (soit 100 m3 en moyenne journalière).

    Le desphényl-chloridazon est classé comme métabolite non pertinent du chloridazon par SPF-Santé publique, Sécurité de la chaîne alimentaire et Environnement. Un métabolite de pesticide est un produit de la dégradation de la molécule-mère du pesticide ; pour faire simple, il est classé comme non pertinent s’il ne conserve pas l’activité biologique de la substance-mère et ne présente plus aucune toxicité.

    La directive 2006/11/CE sur la protection des eaux souterraines contre la pollution et la détérioration prévoit une norme de qualité environnementale de 0,1µg/l uniquement pour les substances actives de pesticides et leurs métabolites pertinents.

    Pour les métabolites non pertinents présents dans les eaux souterraines, chaque État membre établit ses propres valeurs seuils. La valeur seuil du desphényl-chloridazon a dès lors été fixée en Wallonie à 4,5µg/l (A.G.W. du 7 juin 2018).

    En ce qui concerne le captage de Limal, les concentrations mesurées en eaux brutes respectent cette valeur seuil. Aucun dépassement n’y a jamais été observé.

    Depuis le 30 juin 2021, le chloridazon, substance mère du desphényl-chloridazon, est interdit dans toute l’Europe.

    Cependant, des dépassements de la valeur seuil sont observés au droit de certains points de contrôles du réseau de surveillance des eaux souterraines brutes avec des valeurs parfois élevées. Cinq masses d’eau souterraine sont d’ailleurs classées en mauvais état chimique en 2019 en raison des concentrations élevées en pesticides ou leurs métabolites. Ces masses d’eau se situent toutes au nord du sillon Sambre et Meuse.

    L’enjeu est donc clairement, au travers des 3e plans de gestion de districts hydrographiques, d’améliorer certaines pratiques agricoles pour limiter ces pollutions qui persistent dans les eaux souterraines, en vue d’atteindre le bon état chimique pour 2027, comme le prévoit la directive-cadre de l’eau.

    Au niveau des chlorates, comme déjà annoncé, la nouvelle norme européenne de 0,25 mg/l sera fixée dans l’eau destinée à la consommation humaine et en particulier l’eau de distribution de compétence régionale. Celle-ci découle de la norme alimentaire de 0,010 mg/kg. Les résultats des mesures réalisées en Wallonie ont mis en évidence que plus de 97 % des eaux étudiées présentaient une concentration inférieure à 0,25 mg/l en chlorates. De plus, aucun dépassement de la norme de 0,7 mg/l recommandée par l’OMS n’a été observé au robinet.

    Dans le cadre de la généralisation des Plans de gestion de la sécurité sanitaire de l’eau, imposée par la nouvelle directive, la gestion des stocks d’hypochlorite de sodium sera systématiquement revue afin d’éviter tout excès en chlorate.