/

Le retour précoce de la grippe aviaire en Europe

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 86 (2022-2023) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 20/10/2022
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Plus de 300 000 volatiles ont dû être abattus en France depuis début juillet pour endiguer une reprise exceptionnellement précoce de la grippe aviaire. Habituellement, le virus disparaît durant l'été grâce à l'augmentation des températures. Cette fois, il a continué à circuler dans la faune sauvage. Les dindes, les poules pondeuses et les palmipèdes sont touchés et, semble-t-il, plus particulièrement les canards.

    La France n'est pas le seul pays européen touché. L'Allemagne dénombre encore plus de foyers de la maladie. En Belgique aussi, uniquement en Flandre jusqu'à présent, certaines exploitations ont déjà été touchées cette année alors que la période migratoire commence à peine.

    La Wallonie a-t-elle déjà un dispositif prêt à être activé si un foyer devait être découvert chez nous ?

    Que peut-on retirer des tristes expériences antérieures sur notre territoire ?

    Quel type d'aide apporte-t-on aux exploitants dans pareil cas ?

    Une indemnisation est-elle prévue ?

    Prévoit-on quelque chose pour les particuliers toujours plus nombreux à avoir ce type de petit élevage à domicile ?

    Étudie-t-on les raisons de la présence continue du virus cette année contrairement aux étés précédents ?
  • Réponse du 21/11/2022
    • de BORSUS Willy
    Selon le rapport publié le 30 juin 2022 par l'EFSA (European Food Safety Authority), avec 5 300 détections du virus d’IAHP dans les populations de volailles, d'oiseaux captifs et sauvages, la saison épidémique 2021-2022 a été la plus importante jamais enregistrée en Europe affectant 36 pays européens. La persistance du virus IAHP (H5) chez les oiseaux sauvages indique qu'il serait devenu endémique (c’est-à-dire constamment présent) dans les populations d'oiseaux sauvages en Europe. Ceci implique que le risque sanitaire de l'IAHP (H5) pour les volailles, les humains et l’avifaune en Europe reste présent toute l'année, avec un risque plus élevé pendant les mois d'automne et d'hiver.

    La législation de l'Union européenne établit des règles en matière de surveillance, de contrôle et d'éradication de la grippe aviaire. L'IAHP est répertoriée comme maladie de catégorie A dans le « Règlement sur la santé animale » - Règlement (UE) 2016/429 du Parlement européen et du Conseil du 9 mars 2016 concernant les maladies animales transmissibles et modifiant et abrogeant certains actes dans le domaine de la santé animale. Conformément à ce règlement européen complété par l’acte délégué 2020/687, tous les oiseaux détenus dans les exploitations touchées doivent être abattus afin d'empêcher la propagation du virus.

    Les autorités fédérales (AFSCA) sont compétentes pour la mise en œuvre de la surveillance et des mesures de contrôle pour les oiseaux en captivité. Les autorités wallonnes (SPW-ARNE - Département de la nature et des forêts et Département de l'étude du milieu naturel et agricole) sont compétentes pour la surveillance et les mesures appliquées pour les oiseaux sauvages. Une surveillance de la grippe aviaire en avifaune wallonne est ainsi maintenue par le SPW-DNF-DEMNA, et elle est renforcée par le réseau des bagueurs de l’Institut royal des sciences naturelles de Belgique et le Service de la Santé et des Pathologies de la faune sauvage de l’Université de Liège sous convention avec le SPW.

    En cas de détection d’un foyer dans un élevage commercial ou chez un détenteur particulier, l’AFSCA prend les mesures suivantes :
    - pour les exploitations infectées : abattage des animaux, enquête épidémiologique pour identifier les exploitations de contact, assainissement continu, nettoyage et désinfection, protocole pour repeupler avec un vide sanitaire de trois semaines ;
    - autour des exploitations infectées, pour empêcher la dispersion de la maladie : délimitation d’une zone de protection de trois kilomètres et délimitation d’une zone de surveillance de 10 kilomètres.

    Dans ces zones, des mesures supplémentaires sont prises telles que le recensement de toutes les volailles, des examens cliniques supplémentaires dans les élevages, une biosécurité renforcée, des interdictions de transport. La zone de protection ne peut être levée avant 21 jours et la zone de surveillance ne peut être levée avant 30 jours sur la base d’un monitoring final favorable.

    L’AFSCA dispose d’un budget pour dédommager les élevages dépeuplés et pour procéder aux analyses de suivi permettant la levée des zones.

    Depuis le mois de septembre 2022, ces mesures ont été appliquées :
    - dans et autour de 6 élevages infectés de Flandre (301.000 volailles abattues) ;
    - dans et autour de 4 élevages de particuliers ou de négociants en oiseaux d’ornement, dont un négociant à Theux.

    En parallèle, l’AFSCA a notifié l’obligation de protection des volailles depuis le 5 octobre 2022 dans toutes les exploitations avicoles enregistrées (confinement). L’Agence a également informé le secteur de la perte du statut indemne auprès de l’Organisation mondiale de la Santé animale au 21 septembre 2022.

    Depuis le mois de septembre 2022, des oiseaux sauvages infectés par le virus ont continué d’être découverts. Dans ce cas, la prise en charge et le suivi sont gérés par les autorités régionales. En Wallonie, les foyers les plus critiques ont été découverts à Clavier en septembre 2022 et à Frasnes-les-Anvaing en octobre 2022.

    Les particuliers sont invités à suivre les recommandations de protection de leurs volailles avec, notamment, le conseil de les alimenter et de les abreuver à l’abri.

    Des études scientifiques sont en cours à Sciensano pour caractériser la souche du virus de la grippe aviaire hautement pathogène circulant actuellement.