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La progression de la part du covoiturage et la multimodalité

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 164 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 20/10/2022
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    D'ici peu, les déplacements en voiture pourraient représenter moins d'un trajet sur deux, d'après le baromètre de la mobilité de Vias. Dans le même temps, la part du covoiturage est passée de 7 à 11 %. Par ailleurs, la combinaison de plusieurs modes de transport sur un même trajet est devenue plus fréquente.

    Pour coller aux nouvelles habitudes des citoyens, des habitudes qui semblent s'ancrer au fil du temps, ne faut-il pas prévoir des infrastructures en adéquation avec elles ? Dans un échange précédent, nous évoquions le cas de la Commune de Celles, mais bien d'autres communes wallonnes mériteraient quelques places de stationnement stratégiquement localisées à côté des arrêts de certaines lignes de bus, eux-mêmes équipés d'un espace sécurisé pour accueillir les vélos.

    Des études et/ou diagnostics locaux sont-ils menés actuellement par l'administration de Monsieur le Ministre pour l'instauration de nouveaux PMIC, notamment en milieu rural ?

    Les PMIC tiennent-ils compte du covoiturage dans leur élaboration ?

    Ne faudrait-il pas l'envisager au regard des nouvelles habitudes des citoyens ?

    Les espaces dédiés au covoiturage se limitent souvent à un parking au pied d'une bretelle d'autoroute, mais il est sans doute possible d'être plus créatifs. Si des automobilistes solitaires combinent parfois plusieurs modes de transport, pourquoi conducteurs et passagers ne pourraient-ils pas jouer la carte de la combinaison également ?
  • Réponse du 05/12/2022
    • de HENRY Philippe
    Cette tendance vers plus de covoiturage est la preuve s’il en est qu’il nous faut poursuivre les efforts entrepris pour augmenter la capacité du réseau de parkings de covoiturage. C’est d’ailleurs ce que mon Cabinet et l’Administration s’efforcent de faire afin d’étudier, de planifier et de concrétiser de nouveaux parkings ou de nouveaux partenariats de mise à disposition de places existantes à des fins de covoiturage. Cette dernière option n’est pas à négliger, car elle permet d’augmenter la capacité du réseau à moindres coûts, tant économiques qu’environnementaux, notamment dans les zones rurales où de nouveaux investissements ne sont pas toujours justifiés.

    Pour information, le réseau wallon de parkings de covoiturage compte actuellement plus d’une centaine de parkings pour près de 3 700 places, et cette croissance se poursuit encore. Les données y relatives sont en cours d’actualisation par l’Administration.

    Cela étant, l’honorable membre mentionne également le fait que ces infrastructures pourraient se développer en combinaison avec d’autres modes de transports, publics ou actifs, afin de réduire encore davantage le phénomène de l’autosolisme. Je voudrais dès lors insister sur le fait que cette possibilité, bien que sortant du cadre strict du covoiturage, est bel et bien prise en compte dans les enjeux liés à l’intermodalité. Si la vocation première des parkings de covoiturage est de mutualiser l’usage de la voiture en proposant des emplacements à proximité directe des grands axes routiers (ce qui est de loin le critère le plus important), la combinaison du covoiturage avec d’autres solutions de mobilité est envisagée dans le cadre du développement des mobipôles et mobipoints sur tout le territoire régional.

    C’est d’ailleurs à ce titre que j’ai sollicité la rédaction d’un vade-mecum par le SPW MI et son bureau d’études afin de présenter les grandes lignes de conduite et les règles à suivre avec l’exemple de bonnes ou moins bonnes pratiques.

    Ce vade-mecum sera ensuite destiné aux gestionnaires de projets du SPW et d’autres pouvoirs publics (SOFICO, communes, et cetera) qui sont concernés, de près ou de loin, par la construction d’une ou plusieurs nouvelles aires de covoiturage. Ce vade-mecum fera bien entendu la part belle autres modes de transport en prévoyant, entre autres, des stationnements vélos.

    Le développement de ces mobipôles et mobipoints, tel que défini par la Stratégie régionale de Mobilité, est rendu possible via le droit de tirage PIMACI (Plan d'Investissement Mobilité Active Communal et Intermodalité) dont l’enveloppe globale atteindra 210 millions pour la programmation 2022-2024, dont 30 % dédiés spécifiquement aux aménagements en faveur de l’intermodalité : cheminements cyclables et piétons de et vers les mobipôles/mobipoints et aménagements d’infrastructures à l’endroit même des points d’intermodalité (parkings vélos sécurisés, signalétique, éclairage, points vélo, places de covoiturage ou de Park-and-Ride…). Par ce biais, toute commune wallonne a donc l’opportunité d’être aidée pour développer de nouveaux aménagements, mais c’est à elle d’en faire la demande.

    Le cas de Celles qu’il évoque illustre parfaitement l’opportunité de développer un mobipôle communal à proximité d’un arrêt de transports en commun structurant (ici, une ligne de bus express), en mettant à disposition de la population un éventail de solutions de mobilité, dont le covoiturage.

    L’ambition de la Région est de pouvoir développer rapidement un mobipôle/mobipoint par commune. Les lieux recommandés prioritairement pour leur développement sont les points de connexion sur le réseau de transport public structurant (gares ferroviaires et arrêts de bus des lignes express et principales). C’est dans cette logique que l’Administration conseille les communes pour établir leurs projets PIMACI et analyse leurs dossiers. À ce jour, une centaine de communes wallonnes ont soumis un dossier PIMACI à l’Administration régionale, et de nouvelles demandes continuent à arriver chaque jour.

    En ce qui concerne les Plans (Inter)-Communaux de Mobilité, il faut rappeler que les PCM et PICM sont des études pour lesquelles les communes sont le fonctionnaire dirigeant, en vertu du décret de 2004 sur la mobilité locale. En vertu de la Convention d’assistance technique généralement conclue entre une commune et l’Administration, le SPW prête main-forte, entre autres en fournissant un cahier des charges-type d’étude PCM dans lequel est repris la notion de covoiturage.

    Le SPW ne réalise dès lors aucun prédiagnostic ou étude pour l’instauration de PCM, mais aide financièrement les communes à hauteur de 75 % à le faire. L’Administration fournit alors une assistance technique dans les limites de ce que la commune sollicite comme aide, et ce pour autant que le prédiagnostic montre qu’il y a effectivement besoin de réaliser un PCM, et non un plan plus local ou thématique n’allant pas jusqu’à l’approche globale d’un PCM.

    De plus, il faut préciser que le recours aux PiCM devient exceptionnel : l’expérience montre en effet que, si au moment de l’étude, les communes qui s’associent partagent en général une approche conjointe, la mise en œuvre progressive des actions dans le temps mène toutefois à des trajectoires qui peuvent diverger. C’est ainsi que sur les 30 PCM qui se trouvent à des stades divers d’étude en 2022 (certains sont quasi terminés, d’autres en tout début d’étude), on ne relève seulement qu’un seul PiCM regroupant 3 communes. Par ailleurs, 23 de ces études consistent en une actualisation de PCM antérieurs. L’avenir montrera probablement que si la réflexion à un échelon supracommunal garde tout son intérêt, les solutions à mettre en œuvre devront sans doute être envisagées à l’échelle des bassins de mobilité, qui semble plus appropriée pour garantir la cohérence des mesures.

    Concernant les communes rurales, la toute grande majorité de ces PCM actuels concerne des communes avec des particularités dites rurales.

    Tous ces développements, qu’il s’agisse d’infrastructures, de planification ou d’accompagnement des comportements de mobilité sont au cœur des attentions de mon Cabinet et de l’Administration. Que l’honorable membre soit certain que le travail effectué accompagne et encourage au quotidien l’évolution de la mobilité de nos concitoyens.