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Les capacités des réseaux électriques de distribution

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 166 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 20/10/2022
    • de LOMBA Eric
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Les ménages ayant les moyens d'investir dans une production d'énergie verte tentent de le faire en plaçant par exemple des panneaux photovoltaïques sur leurs habitations. Les délais pour obtenir les panneaux et les placer ne font qu'augmenter vu la forte demande et la pénurie de ceux-ci. Certains citoyens se heurtent à un autre problème notamment en Province de Liège.

    En effet, il nous revient que certains ménages ayant déjà des panneaux ne peuvent les utiliser à leur pleine puissance. C'est l'état du réseau électrique qui est principalement mis en cause.

    Dès lors, lorsqu'on dénombre plusieurs habitations avec des panneaux dans une zone limitée, le réseau ne peut absorber qu'une quantité limitée de l'électricité qui est produite et provoque des arrêts de production. Lorsqu'il fait très ensoleillé et que la production est à son maximum, ce qui n'est pas consommé est envoyé sur le réseau. Cette injection massive à certains moments de la journée et de l'année provoque une surtension du réseau qui, à son tour, entraîne l'arrêt des onduleurs.

    Les onduleurs permettent de transformer le courant continu produit par les panneaux en courant alternatif à usage domestique. Or ils se mettent en sécurité et stoppent la production photovoltaïque.

    Résultat : au moment où le rendement est censé être optimal, les installations ne tournent pas et deviennent inutiles… La solution résiderait en grande partie dans le renforcement du câblage, mais cela nécessite de plus gros investissements. La flexibilité est également citée parmi les solutions, mais les marges sont très faibles.

    Les personnes ayant consenti des frais importants pour placer ces panneaux sont très mécontentes de ne pouvoir disposer de leurs unités de production renouvelable et souhaiteraient un renforcement du réseau afin de rentabiliser leur investissement.

    Quelle analyse Monsieur le Ministre porte-t-il sur cette situation ?

    Qu'en est-il de la position du régulateur wallon quant aux investissements à consentir par les gestionnaires de réseaux afin de régler le problème ?

    Concrètement, qu'est-il prévu dans le Plan de relance wallon afin de renforcer les réseaux aux nouvelles technologies de production électrique ?
  • Réponse du 05/12/2022
    • de HENRY Philippe
    Il n’est en effet pas acceptable que les onduleurs soient déconnectés quand il y a beaucoup de soleil.

    Lorsque cela arrive, il faut en informer directement le gestionnaire de réseau (GRD) car celui-ci n’en prend pas conscience spontanément. Les cabines électriques basse tension ne sont en effet pas encore équipées de systèmes de mesure de tension. Or les onduleurs déclenchent précisément en cas de surtension.

    En demandant l’intervention de son GRD, celui-ci interviendra sur le poste de transformation BT pour diminuer la tension de départ. Il y a toujours au moins trois réglages possibles. Tant qu’il n’y a pas de plainte, le niveau de tension maximal est généralement activé. Si le départ tension est trop élevé, il y a surtension dès que plusieurs installations produisent simultanément sur le même départ. Ce réglage (qui prend quelques minutes, mais nécessite l’envoi d’un technicien à la cabine) résout généralement le problème.

    Si le problème persiste, il est possible de « changer de phase » le raccordement de l’installation de panneaux photovoltaïques (si c’est un raccordement monophasé). Cette solution s’indique si, par le plus grand des hasards, plusieurs installations dans la même rue sont connectées sur une même phase.

    Enfin, la dernière solution consiste à renforcer le réseau (ou la tresse qui raccorde l’habitation). Le GRD a l’obligation de procéder à ce renforcement (sans frais pour le client pour le renforcement du réseau) car le décret électricité exige que le GRD « adapte son réseau pour correspondre aux besoins ». S’il ne le fait pas dans des délais raisonnables, il faut introduire une plainte à la CWaPE. La CWaPE vérifie en effet que l’adaptation du réseau corresponde bien aux nouveaux besoins générés, que ce soit en termes de production ou de consommation.

    Comme l’honorable membre le précise, la flexibilité fait aussi partie de la solution. Les prosumers sont incités à consommer au moment où leur production est importante. Si le prosumer dispose d’un compteur double flux, cette attitude lui permettra d’importantes économies sur sa facture. Mais, dès l’introduction des nouveaux tarifs de distribution, ce sera l’ensemble des consommateurs résidentiels qui pourra bénéficier d’un tarif plus favorable durant les « heures solaires ». Ce faisant, le risque de surtension diminue puisque davantage de consommateurs feront fonctionner leurs équipements électriques aux moments où la production est abondante.

    Il m’interroge également sur le Plan de relance. Nous avons en effet prévu une action (fiche 64 : smartisation des réseaux) qui donne une subvention aux GRD qui accélèrent la modernisation de leur réseau pour répondre aux défis de la transition énergétique. Parmi les investissements éligibles, on compte le monitoring des cabines électriques et le placement de transformateurs autorégulant qui permettront d’adapter automatiquement la tension de départ des cabines basse tension en fonction de l’ensoleillement et éviter ainsi les surtensions sur la ligne.