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L’impact du changement d’heure sur les coûts et la consommation d’énergie en Wallonie

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 201 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 31/10/2022
    • de DURENNE Véronique
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Chaque année, la fin du mois d'octobre rime avec le passage à l'heure d'hiver. Ce drôle de phénomène, nous sommes nombreux aujourd'hui à y être habitués, pourtant ce décalage horaire est un concept relativement récent.

    C'est en 1977, à la suite du choc pétrolier, que la Belgique instaure le changement d'heure saisonnier. A l'origine, il avait été mis sur pied avec un objectif clair : permettre des économies d'énergie. Dès le départ, l'efficacité de cette mesure sur la consommation d'énergie a pourtant été contestée.

    Dans un rapport consacré à la question du changement d'heure publié récemment, l'EPRS (le service de recherches du Parlement européen) confirme que cette mesure a un effet positif sur la consommation d'énergie, mais que celui-ci est minime. En effet, après analyse d'une quarantaine d'études menée ces dernières décennies dans les pays européens, il apparaît que les économies moyennes réalisées grâce à l'heure d'été s'élèvent à… 0,34 % de la consommation totale d'énergie. Avec une variation selon les pays qui s'explique par leur latitude : l'heure d'été étant plus au sud qu'au nord, avec des gains énergétiques allant jusqu'à 2,5 % de la consommation totale.

    Si à l'époque les économies d'énergie étaient plus intéressantes (jusqu'à 10 %, en raison des ampoules incandescentes extrêmement énergivores), la généralisation des ampoules LED a changé la donne. Que ce soit pour l'éclairage public ou la consommation des ménages, le système de changement d'heure a donc désormais perdu de sa pertinence en matière d'efficacité énergétique. Heure d'été ou heure d'hiver, la différence de consommation ne se fait (quasi) plus ressentir, selon le rapport de l'EPRS. Nombreux sont ceux qui jugent ce système désormais archaïque et plaident son abolition.

    Monsieur le Ministre peut-il me dire si une estimation des coûts énergétiques que ce changement pourrait engendrer a été réalisée en ce qui concerne la Région wallonne ?

    Dans l'affirmative, peut-il me donner un aperçu des résultats y relatifs ?
  • Réponse du 29/12/2022
    • de HENRY Philippe
    Aucune étude n’a été réalisée sur l’impact du changement d’heure sur la consommation énergétique en Belgique ou en Wallonie. Nous ne pouvons que nous référer aux études européennes.

    De nombreuses études ont été réalisées à ce propos, la plus poussée étant celle de l’ADEME de 2010, qui démontre une économie d’énergie facile, bien réelle, mais modeste, « de l’ordre de 400 GWh » en 2009, soit l’équivalent de la consommation annuelle en éclairage d’environ 800 000 ménages français. Mais bien au-delà de cette économie d’énergie, l’intérêt principal portait surtout le soulagement d’un pic de consommation (réduction des besoins en puissance instantanée et donc installée grâce à un plus grand étalement des besoins). Si l’impact estimé à l’époque pour 2030 restait quasiment du même ordre de grandeur, les progrès technologiques réalisés depuis (le LED et la performance énergétique des bâtiments et équipements) réduisent l’impact du dispositif. Les dernières analyses européennes les évaluent entre 0.5 % et 1 % de la consommation finale. Dans le contexte actuel de prix élevés de l’énergie, les mesures prises concernant l’extinction des éclairages routiers et des vitrines commerciales et enseignes publicitaires la nuit auront vraisemblablement un impact supérieur à celui du changement d’heure.

    Les économies potentielles de 0.5 % à 1 %, qui pouvaient sembler dérisoires il y a un encore an seulement, mais surtout la réduction de puissance installée requise, reprennent aujourd’hui tout leur sens dans le contexte de nouvelle crise énergétique : tout kWh économisé est un pas vers davantage d’indépendance énergétique et une réduction du financement de l’énergie fossile importée de pays instables géopolitiquement, ainsi que vers un moindre coût du verdissement de notre parc de production.