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Le projet de télescope Einstein

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 123 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 04/11/2022
    • de DODRIMONT Philippe
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    L'implantation d'éoliennes va-t-elle empêcher la Belgique d'accueillir le plus grand télescope gravitationnel du monde ? C'est la question que posait La Libre Belgique le 26 octobre dernier.

    Deux régions sont pressenties pour l'implantation de ce télescope : la Sardaigne et la région frontalière des Pays-Bas, de la Belgique et de l'Allemagne, autrement dit, l'Euregio Meuse-Rhin au carrefour de Liège-Maastricht et Aachen.

    Côté belge, plusieurs projets éoliens convoitent la même zone. Et si aucune solution n'est trouvée, la construction du télescope sur notre sol pourrait être compromise.

    Le télescope Einstein a la forme d'un triangle de 10 kilomètres de côté. Il sera enterré entre 250 et 300 mètres de profondeur entre la Belgique (provinces de Liège et du Limbourg), les Pays-Bas et l'Allemagne. La profondeur va permettre de détecter avec une précision inégalée les ondes gravitationnelles prédites par Einstein, ce qui peut aider à une meilleure compréhension de la théorie du Big Bang et de l'histoire de l'univers.

    Or, les éoliennes émettent un bruit sismique issu du mouvement des pales et des turbines qui descend le long du mât jusqu'au sol, et pénètre le sous-sol grâce aux pieux d'ancrage de l'éolienne.

    Monsieur le Ministre a constitué, avec le Ministre-Président, une « task force » afin de trouver un compromis entre Engie, porteur des projets éoliens, et l'ULiège, en charge de la coordination du projet Einstein. Les porte-paroles des pôles de compétitivité Skywin et Mecatech en sont également membres. Quels sont les résultats de cette « task force » ? Travaille-t-il à un compromis ?

    En cas d'impossibilité de trouver un terrain d'entente, que privilégiera la Wallonie sachant que ce projet pourrait avoir des retombées économiques non négligeables ?

    La Ministre Tellier a également mis en place une « task force » sur le sujet. Monsieur le Ministre travaille-t-il de concert à la recherche d'une solution ?
  • Réponse du 29/11/2022
    • de BORSUS Willy
    Le télescope Einstein est un projet d’observatoire des ondes gravitationnelles dont, cependant, l’implantation n’a pas encore été arrêtée. C’est un projet d’importance paneuropéenne. Deux sites sont effectivement en compétition : un site est situé en Sardaigne, et l’autre dans la région frontalière des Pays-Bas, de la Belgique et de l'Allemagne.

    Le 16 juillet 2020, le Gouvernement wallon a décidé d’apporter son soutien politique à la candidature du télescope Einstein dans le cadre de l’appel en cours du Forum stratégique européen sur les infrastructures de recherche (ESFRI), qui rassemble les gouvernements nationaux, la communauté scientifique et la Commission européenne. Le projet de télescope a été repris dans la feuille de route européenne ESFRI 2021.

    Selon plusieurs études fournies par l’Université de Liège, les éoliennes perturberaient les observations de ce futur télescope. Par ailleurs, plusieurs projets éoliens sont envisagés dans la zone de protection que les porteurs du projet aimeraient voir établir dans lequel des études sont en cours pour déterminer la meilleure implantation possible.

    À cet égard, les Pays-Bas ont effectué la démarche d’imposer un moratoire sur les éoliennes quant à la zone concernée.

    J’ai pu notamment marquer mon opposition à l’un de ces projets éoliens, le projet de 6 éoliennes de Dalhem, pour des raisons liées à l’aménagement du territoire et à l’urbanisme ; aucune décision n’a pu prendre place cependant faute d’accord avec Madame la Ministre Tellier. Un recours en annulation devant le Conseil d’État a été introduit. Selon mon analyse, au vu des lacunes du dossier, il est fort probable que le Conseil d’État annule cette décision.

    Enfin, Madame la Ministre de l’Environnement et moi-même avons décidé, en accord avec Monsieur le Ministre-Président, de mettre sur pied un groupe de travail gouvernemental et interdisciplinaire pour :
    - examiner la compatibilité technique entre des projets éoliens situés dans la zone de réservation proposée, qui sera validée sur la base de critères et d’une méthodologie commune, compte tenu des contraintes du projet Einstein et des évolutions technologiques des éoliennes ;
    - établir une procédure permettant d’envisager la compatibilité technique entre des projets de mines, carrières et de géothermie profonde et tout autre projet susceptible d’émettre des ondes qui peuvent interférer avec le projet Einstein situé dans la zone de réservation proposée ;
    - examiner les pistes juridiques pour garantir qu’aucun projet incompatible avec le programme Einstein ne soit développé et/ou réalisé pendant la phase d’études, jusqu’à la soumission des candidatures.

    Une première réunion a été tenue le 13 octobre 2022, les travaux sont actuellement en cours.