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La nécessaire redynamisation du circuit court

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 128 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 04/11/2022
    • de ANTOINE André
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Le Covid a été sans nul doute une opportunité pour les agriculteurs de développer les circuits courts. Néanmoins, il semble que le soufflé est retombé… À l'occasion de la foire de Libramont, l'observatoire de la banque CBC a sondé le secteur agricole.

    Ainsi, dans son sondage réalisé auprès de 300 agriculteurs, la CBC communique un sentiment général : 86 % d'entre eux s'accordent pour constater que « les consommateurs se sont dirigés vers les circuits courts ». L'économiste commente : « Jusque-là, c'est presque idyllique. » D'autant plus que 36 % des sondés estiment que « les consommateurs ont accordé moins d'importance au prix » .

    Mais c'est la suite qui est moins réjouissante. « Les 3/4 considèrent que les comportements ne se sont pas maintenus. On est revenu à la situation d'avant », constate-t-il. Preuve en est dans les magasins en vrac également où celui de Perwez, par exemple, So Vrac, So Good n'a eu d'autre choix que de se transformer en coopérative et que dire des difficultés existentielles des épiceries fonctionnant avec du vrac.

    Combien d'exploitations agricoles se sont-elles lancées dans une valorisation directe de leur production ?

    Quelles sont les mesures à l'étude pour rebooster le choix de produits issus de circuits courts dans le secteur de l'agriculture afin de garantir aux uns des revenus supplémentaires et aux autres une alimentation de qualité ?

    Une campagne de promotion est-elle prévue pour soutenir le circuit court, « de la fourche à la fourchette » ?

    Monsieur le Ministre compte-t-il établir un inventaire dynamique des points de vente circuit court avec, le cas échéant, une labélisation de circonstance ?

    Le recours au Label rouge français est-il toujours d'actualité ? Si oui, sous quelles formes ?
  • Réponse du 28/11/2022
    • de BORSUS Willy
    Je me permets d’abord de rappeler le contexte. Il y a certes eu une évolution décevante entre la période de confinement, qui a donné un élan économique aux circuits courts, et le ralentissement de la pandémie, qui s’est accompagnée d’une certaine défection des consommateurs. Mais le retour à la normale sanitaire a aussi coïncidé avec les premiers impacts de la crise majeure que nous traversons.

    Les études réalisées par l’APAQ-W ont d’ailleurs montré un effet de « down trading », c’est-à-dire une migration des achats alimentaires vers les références les moins chères ou bénéficiant de promotions. Je l’ai déjà souligné, il s’agit du très « classique » phénomène d’élasticité de la demande par rapport aux prix et aux revenus. Ce phénomène touche généralement les produits de première nécessité ou alimentaires.

    Ceci dit, je ne peux que confirmer la vocation du circuit court à renforcer la dynamique économique agricole en Wallonie. Mais nous ne devons pas avoir une vision monolithique de ce mode de distribution. Le circuit court est pluriel. Parlons plutôt des circuits courts : ceux qui impliquent la vente de produits locaux sur le lieu de production, mais ceux aussi qui impliquent d’autres partenaires commerciaux, comme la grande et moyenne distribution. Et je suis extrêmement attentif à ce que l’APAQ-W opérationnalise la valorisation de ces deux dimensions.

    Je souhaite ici rappeler le travail mené par l’Agence à ma demande :
    - la stratégie numérique de l’APAQ-W repose à la fois sur une base de données relative aux producteurs locaux et à leur géolocalisation et sur une application mobile en développement, laquelle facilite l’identification des producteurs locaux par les consommateurs. Cette stratégie numérique a en toile de fond la charte « jecuisinelocal.be » ;
    - les écochèques sont désormais valorisables dans les points de vente à la ferme. Le développement de cette mesure, en cours, est issu d’un accord intrabelge auquel j’ai participé et qui permet à l’APAQ-W de recruter les points de vente éligibles au label « en direct de la ferme » afin que soient acceptés les paiements en écochèques ;
    - dans le cadre d’une collaboration étroite avec le Collège des producteurs, l’APAQ-W joue un rôle d’interface pour permettre aux producteurs locaux de renforcer leur présence dans la grande distribution. En 2022, une cinquantaine de journées de dégustation en grande distribution ont été réparties entre les cinq provinces. Le planning 2023 est en cours d’élaboration. J’ajoute qu’un événement du Business club de l’APAQ-W a été consacré en septembre dernier aux relations entre les producteurs locaux et la distribution.

    Concernant le label rouge, il s’agit d’un outil de promotion des produits français dont le cahier des charges est proche de celui de la qualité différenciée dont le nouveau logo a récemment, à mon initiative, été adopté par le Gouvernement wallon. Il va sans dire que l’étape suivante est de susciter des vocations à la différenciation. C’est là encore un travail de longue haleine que nous menons avec le SPW et l’APAQ-W afin d’encourager des producteurs ou groupes de producteurs à développer des avantages concurrentiels pour se distinguer des productions génériques. J’ai confiance en la capacité de ce système de prendre de l’ampleur dans les prochaines années.