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Le coût des salles de consommation à moindre risque

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 98 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 04/11/2022
    • de TZANETATOS Nicolas
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    On le sait, la Ville de Liège a mis en place une salle de consommation à moindre risque, plus communément appelée « Salle de shoot », afin de tenter d'apporter une solution face à la problématique de la toxicomanie très présente à Liège.

    Budgétairement depuis 2018, cette salle a coûté près de 4 millions d'euros aux pouvoirs publics. La Ville de Liège a également mis à disposition un bâtiment pour le projet. Pour les prochaines années, la subvention de la Région s'élèvera à hauteur de 1 million d'euros et 100 000 euros annuels sont prévus par la Ville de Liège à condition que la fondation fournisse un rapport d'activité annuel au plus tard le 31 mars de chaque année.

    Or, cette salle consommation à moindre risque n'a pas démontré réduire l'usage de drogues dans l'espace public et les nuisances associées ainsi que de prévenir la criminalité dans et aux abords des locaux de consommation.

    Les résultats de la SCMR ne sont pas objectivés par une évaluation externe, mais l'efficacité est contestée.

    Quel regard Madame la Ministre porte-t-elle sur le coût budgétaire d'un tel projet au regard de ses résultats ? Un projet similaire est sur les rails à Charleroi. Quel montant sera affecté au projet carolo ? Le projet carolo actuellement étudié a-t-il défini sa feuille de route (objectifs) ?
  • Réponse du 16/12/2022
    • de MORREALE Christie
    Ouverte depuis maintenant quatre ans, la salle de consommation à moindre risque de Liège est naturellement un sujet controversé. Il y a eu au début des critiques sur les risques que cela allait engendrer sur la sécurité dans le quartier, des réticences à l’idée de ce qu’on appelait trop facilement à l’époque « une salle de shoot ».

    Le dispositif n’est probablement pas parfait. Mais il a le mérite d’exister et d’aller dans le sens d’une politique moderne, à la page de la prise en charge des assuétudes en Wallonie.

    En effet, par les expériences à l’étranger, on sait que ces salles de consommations apportent plus d’avantages que d’inconvénients. C’est d’ailleurs ce que rappelle l’étude de BELSPO sur le sujet : « Des preuves scientifiques substantielles ont été obtenues au cours des trente dernières années à propos de l'efficacité des SCMR. Malgré des différences opérationnelles, on a montré des effets positifs des SCMR tant pour les utilisateurs de drogues en intraveineuse (UDI) que pour la population générale, en particulier lorsqu'elles sont intégrées dans le tissu des autres services d'assistance locale. En outre, la fréquentation et l'utilisation des SMCR ont été associées à une réduction significative des accidents par overdose et des problèmes liés à l'échange de seringues usagées, des blessures par injection, sans pour autant engendrer une augmentation du nombre d'UDI et sans affecter les taux de rechute. ».

    Pour rappel, en 2017, l'Europe compte 90 SCMR officielles dans huit pays : au Danemark, en Norvège, en Espagne, en Suisse, et dans les quatre pays voisins de la Belgique : en France, en Allemagne, au Luxembourg et aux Pays-Bas.

    Ma position sur le projet TADAM ne va pas changer selon l’une ou l’autre critique. J’ai tenu à prolonger le projet tout en ayant la volonté d’évaluer ce qui est encore un projet pilote. Cette évaluation complètera l’évaluation annuelle qui est réalisée par le comité d’accompagnement du projet, composé de membres représentant la fondation TADAM, de représentants de l’AViQ – la Direction des soins de santé mentale et la Direction transversale du financement – et de mon Cabinet. Ces évaluations tiendront compte des critiques actuelles du projet.

    En 2021, la SCMR a enregistré 20 783 passages au total, dont 15 734 (76 %) pour consommation de stupéfiants. Le reste des passages, dont la part est en hausse depuis la pandémie, concerne l’enregistrement de l’offre d’autres services (médicaux, infirmiers, de réduction des risques, de bien-être, sociaux…). La moyenne des passages journaliers est de 58 en 2021.

    Concernant Charleroi, un appel à opérateur a été lancé à ma connaissance par le CPAS de Charleroi pour mettre en œuvre une salle mobile de consommation à moindre risque sur le territoire.
    Ce projet est soutenu par les autorités de la Ville et du CPAS. Il a reçu l’aval du Parquet et de la Zone de Police. Je ne dispose pas à l’heure d’écrire ces lignes du dépôt d’un projet au sein de mon cabinet.