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La prévention en matière de protection des jeunes sur la consommation de "snus sans tabac"

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 111 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 10/11/2022
    • de GALANT Jacqueline
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Les « nicotine pouches » ou « snus sans tabac » deviennent doucement LE nouveau mode de consommation d'une substance pourtant illicite et dangereuse. À Liège, le service de tabacologie de l'hôpital de la Citadelle tire la sonnette d'alarme et veut sensibiliser sur ce nouveau phénomène de mode qui investit progressivement notre territoire et peut se révéler très nocif.

    Il faut savoir que dans les pays scandinaves, ce qu'on appelle les « snus » sont des petits sachets de poudre de tabac que les gens placent entre la gencive et la lèvre, souvent supérieure. C'est donc une façon de consommer le tabac, sans le fumer, mais via, au bout d'une petite vingtaine de minutes, pénétration de la substance dans les vaisseaux sanguins de la cavité buccale.

    Ici, il s'agit d'une nouveauté. Le « snus » est sans tabac, mais il contient bel et bien de la nicotine ajoutée à de la cellulose végétale. La réglementation européenne anti-tabac est ainsi contournée. Mais le risque de dépendance à la substance est grand.

    Madame la Ministre a-t-elle pris connaissance de ce phénomène et qu'en pense-t-elle ?

    Que fait la Région wallonne pour sensibiliser les jeunes aux dangers que peuvent représenter les « snus sans tabac » ?

    A-t-elle abordé la question en CIM Santé ?

    Envisage-t-elle de relayer la problématique au niveau européen afin de légiférer en la matière ?
  • Réponse du 22/12/2022
    • de MORREALE Christie
    Nous avons connaissance de ce nouveau phénomène qui nous est relayé par les professionnels de terrain en contact avec les jeunes. La consommation de cigarettes ne cesse de baisser dans le monde. Aussi, l’industrie du tabac cherche des alternatives en s’adaptant pour rester bien présente sur le marché.

    Les « nicotine pouches » sont de petits sachets de nicotine, aussi appelés « Snus sans tabac », présentés comme des produits moins dangereux que le tabac fumé et largement vantés sur les réseaux sociaux, qui touchent plus particulièrement les jeunes avec un packaging coloré, attractif et des prix très démocratiques. Au sens de la Loi, les « nicotines pouches » (sans tabac) sont considérées comme des "produits similaires au tabac" qui bien qu’autorisés à la vente en général, sont interdits aux mineurs de moins de 18 ans. Ces produits sont principalement proposés par l’industrie du tabac et sont présentés comme étant « plus responsables, à risque réduit et destinés aux fumeurs ». Or, le marketing traduit l’inverse et semble clairement viser un public jeune, pas nécessairement fumeur, avec une gamme diversifiée de saveurs attrayantes : fruitées, boissons cola, arômes bonbons, crème glacée.

    Nous sommes conscients que ces sachets contiennent soit de la « nicotine libre », soit des « sels de nicotine » et que l’on peut trouver des dosages très élevés de nicotine sur internet (jusque 65mg/gr, soit l’équivalent de plus de 25 cigarettes !). Plus un cerveau jeune est exposé à la nicotine, plus le risque de dépendance est accru sans compter les effets néfastes sur un cerveau en développement. De plus, de nombreuses études établissent un lien entre la variété des arômes proposés et le risque accru d’incitation et d’adhésion chez les jeunes. Enfin, les sachets fortement dosés en nicotine peuvent contenir une dose létale en cas, par exemple, d’ingestion par des enfants. Sachez qu’à la demande du Ministre Vandenbroucke, un Arrêté royal est en préparation en vue d’interdire « les pouches de nicotine » à la vente et la publicité.

    Les « pouches de nicotine » sont souvent confondus avec le Snus traditionnel qui contient une poudre de tabac contenant de la nicotine et qui est bien interdit à la vente et à la publicité en Europe (Directive 2014/40/UE), depuis 1992, exception faite de la Suède qui a soumis son entrée dans l'UE en 1995 à la condition de conserver la possibilité de vendre le snus. Ils se consomment de la même façon et peuvent être utilisés de manière discrète, dans des espaces où fumer est interdit, d’autant qu’il s’agit d’un petit sachet à glisser entre la gencive et la lèvre supérieure et qui, en s’imprégnant de salive, libère de la nicotine résorbée par la muqueuse buccale.

    Ces nouveaux usages sont repris dans les actions de prévention développées par le FARES au sein du Plan wallon sans tabac. En effet, il est recommandé de renforcer la capacité des personnes à prendre des décisions favorables à leur bien-être, en permettant à tout un chacun de questionner la consommation de produits du tabac, ou considéré comme similaire, sans jugement ou parti pris. Il s’agit de questionner ces consommations et de permettre à chacune et à chacun, à chances égales, de disposer de toutes les ressources nécessaires afin de choisir en connaissance de cause, de s’en émanciper, et dès lors de contribuer davantage à son propre bien-être ainsi qu’à celui des autres.

    Les nouveaux produits du tabac ou considérés comme similaires ont été abordés au sein du groupe de travail « tabac », dans le cadre de la CIM Santé. Ils sont pris en compte dans les actions concertées en perspective d’un plan tabac ambitieux et cohérent réunissant l’ensemble des entités fédérées.

    Cette problématique est débattue en CIM et partagée avec le SPF Santé publique qui se charge de faire remonter ceci au niveau européen comme c’est déjà le cas pour les PUFF.