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La situation des nappes phréatiques

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 161 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 17/11/2022
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    J'ai interrogé Madame la Ministre plusieurs fois ces derniers mois concernant les réserves en eau potable en Wallonie. Dans sa réponse du 11 octobre 2022, après avoir cité 23 communes qui ont connu des restrictions à la fin de l'été, elle disait que « la situation n'est jamais apparue préoccupante sur le territoire wallon, les ressources étant toujours à des niveaux suffisants pour répondre à la demande. »

    Qu'en sera-t-il de l'avenir. Des scientifiques ont exprimé leurs craintes dans la presse en amont de la COP27. La tension entre pluies hivernales et canicules estivales sera complexe, souligne notamment un climatologue de l'ULiège, rappelant que, lors des épisodes de chaleur, les arbres pompent beaucoup plus dans le sol pour assurer l'évapotranspiration. Au même moment, les besoins en eau pour la consommation et l'agriculture sont plus importants. En parallèle, la période hivernale durant laquelle les nappes se régénèrent sera plus courte.

    Comment prépare-t-elle l'avenir, un avenir de plus en plus proche à voir l'accélération du changement climatique en Wallonie ?

    Toujours dans sa réponse du 11 octobre dernier, elle parlait de son intention de déposer un projet de modification du Code de l'Eau : priorisation des usages, mise en place des zones d'alerte, seuils d'alerte, mode de déclenchement et de levée des mesures. Quel est son calendrier à ce propos ?

    Mais est-ce vraiment en imposant des restrictions que l'on résout le problème ? N'y a-t-il pas des mesures à prendre en amont de la consommation, dans la récupération et/ou la réutilisation des eaux ?

    Des projets en la matière sont-ils à l'étude ou en phase de test ?

    Elle m'en a déjà donné quelques-uns lors de précédents échanges.

    Le climatologue que je citais plus tôt évoque la piste de la désimperméabilisation des cuves d'eau de pluie sous les autoroutes permettant un retour progressif des eaux pluviales aux nappes. Il pourrait en être de même pour de nombreux bassins d'orage. A-t-on investigué cette piste ?
  • Réponse du 21/02/2023
    • de TELLIER Céline
    Avec les changements climatiques, les épisodes de sécheresse risquent d’être plus fréquents, que ce soit en été mais aussi en hiver, même si les scénarios climatiques prévoient davantage de pluies hivernales dans les décennies à venir.

    Or, c’est durant cette saison que la recharge des nappes aquifères est en général la plus efficace (pas de consommation par la végétation, pas d’évapotranspiration). Les sécheresses estivales ont relativement peu d’impact sur les niveaux des nappes. Même lors d’étés dits « normaux », il n’y a aucune recharge des nappes. Exception faite bien évidemment de l’été 2021 qui a été exceptionnellement pluvieux avec les conséquences dramatiques qu’on a connues.

    Toutefois, il sera difficile pour les gestionnaires des ressources en eau souterraine de prévoir le comportement des niveaux des nappes (appelés piézométriques), si le climat se complexifie.

    La modélisation peut aider à anticiper l’évolution des niveaux piézométriques, en simulant des années avec un taux de recharge normal, sec ou très sec. Les universités de Liège et de Mons ont la charge de ces études de modélisations, pour les masses d’eau souterraine les plus importantes.

    La masse d’eau souterraine (MESo) des Craies du Bassin du Geer (RWM040) avait déjà fait l’objet d’un modèle numérique hydrogéologique par l’ULiège. Celui-ci doit être mis à jour, adapté et recalibré. Le modèle pour cette masse d’eau devrait être finalisé prochainement.

    L’UMons a établi, en collaboration avec le BRGM (France) dans le cadre de la convention Scaldwin, un modèle numérique d’écoulement dans l’aquifère des calcaires carbonifères du Tournaisis (RWE060 en Wallonie, le modèle s’étendant au-delà des frontières, en Flandre et en France) ainsi qu’une petite partie des Calcaires de Péruwelz-Ath-Soignies (RWE013). Ce modèle a été réutilisé dans le cas de la présente étude et testé avec différents scénarii (« moyen », « sec » et « sec puis humide ») simulant différents degrés de recharge de la masse d’eau souterraine.

    Les deux universités vont poursuivre leur travail de modélisation sur d’autres masses d’eau souterraine : Bassin Soignies-Ecaussinnes (dans la MESo des Calcaires de Péruwelz-Ath-Soignies, RWE013), Calcaires et grès du Condroz (RWM021), Calcaires du Bassin de la Meuse bords sud et nord (RWM012 et RWM011).

    La Stratégie intégrale sécheresse que j’ai mise en place avec l’ensemble du Gouvernement comporte des mesures qui visent non seulement à protéger la ressource mais aussi à favoriser sa reconstitution notamment par le biais d’une meilleure efficience en termes de gestion des eaux pluviales, de la mise en œuvre de ressources alternatives, et cetera. pour lesquelles plusieurs projets du plan de relance constituent une application concrète notamment les projets 103 à 106. Pour le détail des mesures de cette stratégie, je renvoie Monsieur le Député aux présentations et comptes-rendus des auditions qui se sont tenues en septembre et octobre 2022 au sein de la Commission environnement du Parlement.

    En ce qui concerne les modifications du Code de l’Eau pour habiliter le Gouvernement à prendre des mesures de priorisation des usages, un texte est en cours d’analyse au sein de mon cabinet.

    En ce qui concerne la désimperméabilisation des cuves d’eau de pluie et bassins d’orage le long des autoroutes, ces ouvrages ne relèvent pas de ma compétence et il m’est difficile de répondre sur ce point précis. J’invite l’honorable membre à interroger mon collègue en charge des infrastructures et de la mobilité, Monsieur le Ministre Henry.

    Néanmoins, pour ce qui concerne les zones d’immersion temporaires qui relèvent de la compétence de mon administration, ces zones ne sont jamais imperméabilisées, sauf lorsqu’elles sont situées dans les zones de protection de captage d’eau pour limiter les risques de pollution des nappes phréatiques. Elles sont en outre souvent dotées d’une petite réserve d’eau permanente pour favoriser la biodiversité.

    L’objectif premier de ces zones étant de réduire les pics de crue et, étant donné les faibles vitesses d’infiltration de nos sols, il est important que ces zones soient rapidement vidées pour pouvoir accueillir la crue suivante. Dès lors le volume stocké temporairement est aussi évacué à débit réduit vers le réseau hydrographique.