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Le traitement alternatif de l’amiante

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 183 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 22/11/2022
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Les poussières d'amiante sont mortelles et la production de la matière est, à juste titre, interdite en Europe, mais malheureusement pas dans d'autres parties du monde !

    L'amiante continue à se retrouver dans de nombreux endroits et termine généralement dans des décharges suite à un enfouissement. Cette solution n'est pas sans risques et des scientifiques alertent régulièrement les autorités sur la dangerosité du procédé.

    Un traitement alternatif à l'enfouissement, certes plus coûteux, existe sous la forme d'un procédé industriel de vitrification développé dans le sud de la France par l'entreprise Inertam qui a l'ambition de traiter 15 000 T/an.

    Madame la Ministre a-t-elle connaissance de ce traitement alternatif ?

    Quel est son point de vue sur le procédé et la démarche ?

    Pourquoi ce procédé sans risque et qui permet une réutilisation du produit fini n'est-il pas imposé plus largement ?

    N'est-il pas temps de faire tomber les masques et de mettre fin au risque de l'enfouissement ?

    Est-il exact que seule une décharge, dans la Province du Luxembourg, accueille encore les déchets d'amiante en Wallonie ? Quelle est-elle ? Suffit-elle à traiter la montagne de déchets d'amiante du territoire ?
  • Réponse du 22/02/2023
    • de TELLIER Céline
    Actuellement, le seul mode de gestion des déchets d’amiante utilisé en Belgique est l’enfouissement en centres d’enfouissement technique (CET) : CET de classe 2 pour les déchets d’amiante liée et CET de classe 1 pour les déchets d’amiante libre. Deux CET de classe 2, situés respectivement à Hallembaye (géré par Intradel) et à Habay-la-Neuve (géré par Idelux), sont autorisés sur le territoire wallon à accepter les déchets d’amiante-ciment. Le permis d’environnement du CET du champ de Beaumont situé à Monceau-sur-Sambre autorise, quant à lui, uniquement l’enfouissement de terres amiantées. À ce stade, les capacités de ces CET permettent d’absorber l’essentiel des déchets d’amiante liée, dont le gisement est estimé à environ 30 000 tonnes/an.

    Aucun CET de classe 1 n’est présent sur le territoire wallon. Par conséquent, les déchets d’amiante libre (dont le gisement est estimé à ± 4 000 tonnes/an) doivent être gérés en dehors du territoire régional, essentiellement en Flandre (Indaver), en France et en Allemagne.

    À l’avenir, l’enfouissement des déchets amiantés n’est pas une solution à privilégier. À l’heure de l’économie circulaire, il importe de soutenir les recherches et les projets de développement de techniques alternatives qui permettent de valoriser les déchets amiantés. Ces alternatives de traitement existent ou sont en phase d’étude ou de test dans divers pays, y compris outre-Atlantique. C’est également le cas en Wallonie. La gestion du risque dans le processus de traitement, l’absence de fibres d’amiante dans les résultats de traitement, la faisabilité financière et la soutenabilité énergétique sont des éléments clés à prendre en considération dans le développement d’une filière de traitement des déchets d’amiante.

    Ces différents critères de développement ont été abordés avec les représentants de la société INERTAM, qui étaient venus présenter leur projet à mon Cabinet, lors d’une rencontre organisée par l’Awex en février 2022.

    En France, INERTAM applique la technique de la vitrification par torche à plasma, ce qui permet de valoriser les déchets amiantés sous la forme de granulats inertes et non dangereux. À ce jour, ce procédé est encore extrêmement coûteux. Il nécessite des installations équipées de torches à plasma capables d’atteindre des températures très élevées (1 500°C à 3 500°C en fonction du type de déchets amiantés à traiter). Avant la crise énergétique, le coût de traitement estimé variait entre 1 000 et 2 500 euros la tonne de déchets traités. L’opération de valorisation permet de produire un matériau de substitution qui trouve notamment des applications en construction routière, mais la vente de ces matériaux compense très peu les coûts élevés de production.

    L’entreprise française VALAME, quant à elle, a axé son procédé de traitement physico-chimique sur un type d’amiante particulier (chrysotile) et elle ambitionne de développer des unités mobiles et une unité fixe de traitement. Les résultats du traitement seraient également destinés à diverses applications dans le domaine de la construction. Avant la crise, le coût de traitement de l’installation mobile était estimé à 1 900 euros la tonne.

    Le recours aux procédés développés par INERTAM ou VALAME, qui sont largement liés aux coûts de l’énergie, demeure bien plus coûteux que l’enfouissement en CET, ce qui constitue le principal frein à une utilisation généralisée de ce type de traitement. Si telle est la volonté, des mécanismes de soutien directs et indirects devront être mis en place progressivement (subsidiation, augmentation de la taxe sur l’enfouissement, interdiction de mise en CET, p.ex.).

    D’autres techniques de traitement aussi prometteuses (autres traitements thermiques, traitements chimiques, traitements physico-chimiques, traitement mécanique…), mais moins énergivores ont prouvé leur efficacité à l’échelle du laboratoire, mais la plupart n’ont pas encore été transposées à l’échelle industrielle.

    Pareil procédé a été mis spécifiquement au point en Wallonie, à un coût énergétique et économique acceptable, en vue de développer une unité de traitement à l’échelon industriel. Il m’est impossible de détailler plus avant le procédé de traitement mis au point et le business plan envisagé, pour des raisons évidentes de confidentialité.