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La rencontre triennale de l’European Space Agency (ESA)

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 184 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 24/11/2022
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    La conquête spatiale, tout comme le numérique, est aujourd'hui un facteur d'avenir. Il suffit pour s'en convaincre de voir la course à laquelle la Chine, les USA, mais aussi des acteurs privés comme Elon Musk, se livrent pour conquérir l'espace. L'Europe, elle aussi autrefois, innovante dans ce domaine entend ne pas se laisser distancer et c'est à ce titre que les 22 ministres des pays membres de l'ESA se sont réunis à Paris du 21 au 23 novembre 2022.

    Ce rendez-vous triennal vise à fixer le budget de l'institution pour les trois prochaines années et à le répartir entre les différents programmes. Pour la période 2023-2025, l'ESA demande à ses membres 18,5 milliards d'euros, soit une hausse de 25 % par rapport à la période 2020-2022. Du jamais vu. « C'est nécessaire pour rester dans la course avec les Américains et les Chinois, dont les moyens augmentent à ce rythme, comme l'assure son directeur général, Josef Aschbacher.

    Exploration spatiale, système de géolocalisation, ou encore souveraineté en télécommunication, les enjeux et les secteurs ne manquent pas et surtout sont autant de sources et de leviers de développement économique à côté desquels nous ne pouvons passer. La Wallonie a d'ailleurs dans certains domaines pu démontrer ses qualités comme notamment dans le cadre du programme Galileo en fournissant des nanosatellites.

    Monsieur le Ministre a-t-il été consulté dans le cadre de cette rencontre par son homologue du Fédéral ?

    Par ailleurs, comment la Wallonie compte-t-elle s'inscrire dans ces programmes ?

    Des moyens spécifiques sont-ils dégagés et si oui, comment ceux-ci se concrétiseront-ils en actions ?
  • Réponse du 15/12/2022
    • de BORSUS Willy
    La réunion ministérielle de l’ESA a, comme l’honorable membre le précise, permis de concrétiser les engagements budgétaires des 22 États membres de l’agence et des 5 états associés ou coopérants pour les années à venir. Ce budget, de 16,9 milliards d’euros, est en hausse de 17 % par rapport à celui de la session du Conseil au niveau ministériel de 2019 à Séville.

    Au niveau belge, cette réunion constitue un réel succès, et ce à deux titres. D’une part, parce qu’un nouvel accroissement significatif de la contribution belge, 50 millions d’euros par an, a été acté. Celui-ci permet de confirmer la position de la Belgique comme 5e contributeur de l’ESA avec une contribution de l’ordre de 305 M€ par an à l’ESA.

    En outre, parce qu’un Belge, wallon de surcroît, rejoindra l’école des astronautes de l’ESA, et ce parmi les cinq astronautes titulaires. En termes de renommée et d’image, c’est évidemment une très bonne chose pour la Belgique, et pour le secteur wallon en particulier. Cela devrait en effet permettre de générer un nouvel engouement pour le secteur spatial et, nous l’espérons tous, un intérêt réel de nos jeunes envers les études techniques et scientifiques. Comme il le sait, nos entreprises souffrent actuellement en effet cruellement de la pénurie d’ingénieurs.

    Les budgets belges à l’ESA sur les programmes optionnels sont ventilés en résumé de la manière suivante :
    - exploration : 132 M€ ;
    - Observation de la terre : 80,5 M€ ;
    - ARTES (Advanced research in telecommunication system) : 160 M€ ;
    - navigation : 29,5 M€ ;
    - Space Safety : 51 M€ ;
    - Space Transportation : 104,43 M€ ;
    - Technology : 131,5 M€ ;
    - ScaleUp : 15 M€ ;
    - PRODEX : 78 M€.

    Cette ventilation est très satisfaisante pour nos acteurs wallons, notamment grâce à une contribution forte sur tous les programmes technologiques (ARTES, Technology et PRODEX). Ces programmes permettent en effet à nos industriels de développer les produits et les technologies leur permettant d’être compétitifs sur les marchés commercial et institutionnel. En particulier, l’accent a été mis sur les aspects de sécurité avec les projets en cybersecurité (REDU) et en « secure connectivity », où la Wallonie se positionne de manière très volontariste. PRODEX pour les Universités est toujours maintenu avec une contribution importante.

    En outre, les montants dégagés sont toujours importants en observation de la terre, de qui constitue une spécialité wallonne. Ces moyens permettront donc à nos acteurs de pouvoir tenir leur position concurrentielle.

    De plus, les lanceurs ne sont pas oubliés, ce qui devrait permettre aux entreprises wallonnes de préserver également leur position sur les lanceurs européens et de participer au développement des technologies pour les futurs lanceurs.

    Enfin, un accent particulier a été mis cette fois sur :
    - le programme ScaleUP : qui a pour but de promouvoir les startUp (ex AeroSpacelab) ;
    - le programme d’exploration de la lune et de mars : les budgets alloués devraient permettre aux entreprises et Universités de se positionner sur ce qui sera le grand chantier de la prochaine décennie spatiale ;
    - le programme Space safety, avec les projets HERA et Cosmic sur lesquels de nombreux acteurs wallons sont positionnés.

    Dans le contexte mondial actuel, il est crucial pour l’Europe de pouvoir développer son autonomie : la récente invasion de la Russie en Ukraine a en effet notamment mis en lumière la fragilité de l’accès autonome de l’Europe à l’espace (sans lanceur Soyouz et avec la dépendance du lanceur VEGA-C au moteur ukrainien pour son étage supérieur). Or, de plus en plus de technologies sont dépendantes de l’espace que ce soit pour la navigation par GPS, les services nécessaires au fonctionnement de nombreuses infrastructures critiques (bancaires, électricité, communication, etc.) ou encore pour les voitures autonomes.

    Rappelons en outre que les compétences de nos acteurs belges, et tout particulièrement wallons, sont internationalement reconnues et que l’effet multiplicateur sur l’investissement public dans le domaine spatial est très élevé.

    Fort de ces constats, le Gouvernement wallon, sous mon impulsion, a dégagé des moyens très importants pour le déploiement d’une stratégie wallonne spatiale forte : financement d’un ambitieux projet de recherche de coopération entre Universités et centres de recherche Win4Excellence et lancement d’un appel à projets de coopération entre entreprises dans les domaines des lanceurs et de l’observation de la terre, et cetera. Ces financements vont permettre à court terme à nos acteurs wallons d’acquérir les compétences amont nécessaires pour conforter leur positionnement international, voire encore de l’améliorer, et viennent donc clairement en complément des moyens que le Fédéral investit dans les programmes ESA.

    C’est pourquoi j’ai soutenu auprès du Secrétaire d’État, Thomas Dermine, chargé de la Politique scientifique, les besoins que les membres de Wallonie Espace, l’association rassemblant 31 industriels et Universités wallons en lien avec le spatial, ont relayés auprès de ses services dans une position paper et j’ai plaidé clairement pour que le Fédéral dégage les budgets à la hauteur des ambitions de nos acteurs du spatial, mais aussi des moyens conséquents que la Région wallonne a dégagés pour maximiser les opportunités de retour sur investissement en Belgique dans le domaine spatial.

    Je me réjouis donc de constater que le Fédéral, sous l’impulsion du Secrétaire d’État, Thomas Dermine, a encore une fois pris la mesure de l’importance du spatial en tant que levier de développement irriguant toute l’économie belge.