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Développement de la filière bois pour la construction en Région wallonne.

  • Session : 2006-2007
  • Année : 2006
  • N° : 19 (2006-2007) 1

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  • Question écrite du 23/11/2006
    • de TILLIEUX Eliane
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Emploi et du Commerce extérieur

    Monsieur le Ministre a eu l'occasion, tout récemment, d'effectuer une mission économique au Canada. Là-bas, il a notamment visité une entreprise spécialisée dans la construction de maisons en bois. Il s'est d'ailleurs dit « impressionné par la qualité du produit ».

    Ce type de construction présente en effet plusieurs avantages. D'abord, la rapidité de la construction. Entre le moment de la commande et l'entrée dans la maison, un client n'attend pas plus de deux mois. Ensuite, son coût, très variable (à partir de 35.000 euros). Ces maisons sont livrées en modules ou en kit pour les clients plus habiles de leurs mains et souhaitant faire l'économie de l'assemblage. Enfin, sa consommation énergétique, très avantageuse semble-t-il par rapport à d'autres types de constructions.

    Avec ses 530.000 hectares de forêts, soit environ 30% de son territoire, la Wallonie dispose d'un potentiel dont il faut tenir compte pour le développement économique de la Région. Il faut cependant préciser que la production de bois ne permet pas en Wallonie de satisfaire toute la consommation, raison pour laquelle l'importation de grandes quantités de bois s'avère nécessaire.

    Il serait à mon sens très utile pour notre Région d'étudier en profondeur la possibilité de développer la filière bois pour la construction. Car si la Wallonie compte aujourd'hui environ 22.000 travailleurs du bois, la filière pourrait probablement être dopée et créer davantage d'emplois.

    Il semble pour cela que plusieurs obstacles doivent être levés. Le plus important d'entre eux est probablement d'ordre « culturel ». Les Wallons sont en effet habitués aux maisons en pierre et en brique. Les constructions en bois ne représentent encore aujourd'hui que quelques pourcents du total du marché.

    Je souhaite premièrement connaître les enseignements que Monsieur le Ministre tire à ce sujet de sa mission économique au Canada. A-t-il l'intention d'étudier le potentiel de développement de la filière bois dans le domaine de la construction en Wallonie ? Peut-il nous dire quels sont les obstacles actuels au développement de cette filière et comment la Région wallonne peut doper ce secteur ?

    Il semble en effet que le secteur de la construction de maisons en bois demeure fragile et composé de petites sociétés. Par ailleurs, il me revient que toutes les communes wallonnes n'acceptent pas ce type de construction. Il conviendrait de palier ce problème et d'offrir à tous les Wallons, quelle que soit la commune dans laquelle ils résident, la possibilité de construire une maison en bois. Ce serait un premier pas important pour la promotion de ce type de construction.

    Si le développement de cette filière doit impérativement continuer à s'accompagner d'une gestion soignée et durable de nos forêts, il semble, a priori, que les avantages soient nombreux. Que ce soit du point de vue du coût, de la création d'emplois, mais aussi de la consommation énergétique. Trois avantages essentiels, dans un contexte caractérisé par une hausse des prix immobiliers et un environnement économique difficile et dans lequel la performance énergétique des bâtiments représente un enjeu crucial pour l'avenir.
  • Réponse du 11/12/2006
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Le « secteur du bois » a toujours été présent en Wallonie et a eu tendance à mieux s'affirmer depuis la régionalisation du pays par le fait d'une meilleure prise de conscience du potentiel forestier et corrélativement d'investissements consentis dans de grosses entreprises génératrices d'emplois. Ce secteur est aussi perçu comme élément contribuant de façon équilibrée à l'emploi en monde rural, à l'aménagement du territoire et à la protection de l'environnement du fait du maintien d'activités permettant un tissu socio-économique adapté à des espaces moins densément peuplés et soucieux de préserver un cadre de vie de qualité.

    L'heure est à l'analyse de toutes les problématiques en jeu de nature à donner une nouvelle impulsion à ce secteur, à veiller à respecter un équilibre satisfaisant entre gabarits d'entreprises, à identifier et à faire vivre des « niches » peu, mal ou pas assez explorées.

    Le Contrat d'Avenir Renouvelé adopté par le Gouvernement wallon le 20 janvier 2005 identifie clairement le rôle économique de la forêt : « La forêt couvre un tiers du territoire wallon et, au même titre que l'agriculture, est essentielle à notre vie socio-économique. La forêt et la filière bois constituent un gisement considérable d'emplois directs et indirects durables et de qualité » (Contrat d'Avenir Renouvelé, point 1.2.7 « En valorisant notre richesse forestière et en redynamisant une véritable filière bois en Wallonie »).

    Le Contrat d'Avenir Renouvelé précise également que « Cet atout est aujourd'hui sous-exploité. L'économie wallonne du bois se limite principalement à la production, la récolte et la première transformation. Notre matière première est exportée telle quelle ou en produits semi-finis. Dans le respect d'un développement durable de nos forêts, la Région développera une véritable politique économique du secteur bois visant à redynamiser le secteur sur l'ensemble du processus de création de richesse, notamment la seconde transformation et la production de produits finis ».

    Le Contrat d'Avenir Renouvelé prévoit plusieurs plans stratégiques permettant de mettre en œuvre les engagements du Gouvernement wallon. Le Plan stratégique « Création d'activités et d'emplois » a été définitivement adopté lors de l'élaboration du Plan Marshall le 30 août 2005 et en constitue une des annexes.

    Le plan stratégique « Création d'activités et d'emplois » précise que « La forêt et le bois représentent en Wallonie une économie fondamentale mais diffuse. Elle couvre une série de secteurs du commerce et de la transformation qui vont de la matière première aux produits de consommation. De la pépinière aux commerces de détail et au recyclage, l'on trouve une multitude de métiers structurés en T.P.E., P.M.E. et industries lourdes. Ce réseau capillaire est essentiel pour le développement économique de la Wallonie. Sur la base du CD-Rom SIGMA de la TVA, il compte actuellement 2.750 entreprises en société et 5.550 entreprises en affaires personnelles pour un total de plus ou moins 19.000 emplois (travailleurs, indépendants inclus) (il est à noter que, selon cette méthodologie, certaines activités de la filière bois ne sont pas comptabilisées (par ex. les menuisiers dans le secteur de la construction). Le nombre d'emplois liés à la filière bois est donc bien plus important). Le chiffre d'affaires annuel total de ce réseau avoisine 4,5 milliards d'euros. Ce secteur peut encore évoluer dans la mesure où il est très traditionnel et où la deuxième transformation peut jouer un rôle essentiel de développement. Les entreprises sont les vecteurs principaux de l'évolution économique et de l'emploi de la filière. Elles ont une opportunité extraordinaire de pouvoir évoluer dans ce milieu ouvert à la créativité et à l'innovation. Mais le secteur est aujourd'hui soumis à d'énormes difficultés et le soutien des pouvoirs publics paraît dispersé voire méconnu du secteur. Le Gouvernement mettra en place un véritable outil économique de développement de l'industrie du bois en Région wallonne. Il s'agira de structurer dans une institution bien définie l'ensemble des actions menées et financées par la Région et de mettre à la disposition du secteur les outils publics indispensables à son développement en matière économique, financière, de formation ou de recherche ».

    Pour répondre à ces constats, une réflexion en profondeur a été mise en œuvre, avec les acteurs, visant à structurer une véritable politique économique dans le secteur du bois.

    Pour dresser un état de lieux correct du secteur et identifier ses demandes concrètes, une enquête de terrain a été réalisée. Les principales conclusions de l'enquête sont :

    1. les entreprises du secteur sont soumises aux contraintes internationales d'un marché mondialisé ;
    2. les entreprises mettent en exergue qu'elles sont soumises à des contraintes locales et de réglementations régionales dont la mise en œuvre ne permet pas d'économie d'échelle ;
    3. les entreprises du secteur mettent en évidence une méconnaissance des aides publiques ;
    4. les acteurs du secteur constatent une diversité et une efficacité très "relative" des organismes subventionnés par la Région pour aider les entreprises du secteur, si ce n'est dans des domaines de la promotion ;
    5. les entreprises soulignent le souhait de disposer en Wallonie d'un guichet unique capable de répondre rapidement à leurs interrogations ;
    6. les acteurs du secteur ont mis en évidence le besoin d'avoir un organe qui émette des avis sur les décisions, prises par le Gouvernement wallon et/ou par ses administrations, ayant un impact sur le développement de la création d'activités et d'emplois.

    Dans la mise en œuvre d'une véritable politique économique du secteur bois, une première étape a été franchie en juin 2006 en créant la Financière du Bois. Il s'agit d'une association entre la Région wallonne et Investsud pour créer un fonds de capital à risque doté de 3 millions € de moyens financiers nouveaux. La Financière du Bois a pour mission spécifique de fournir des moyens financiers aux entreprises de la filière bois pour leur permettre d'investir, d'innover et se développer sereinement.

    Tel que prévu dans le Plan stratégique « Création d'activités et d'emplois », les réflexions sur la création d'un acteur fédérateur qui sera amené à développer une stratégie transversale de développement de l'industrie du bois de l'amont vers l'aval sont poursuivies en concertation avec les acteurs. Son objectif serait de mettre à la disposition du secteur les outils publics indispensables à son développement, en matière économique, financière, de formation ou de recherche.

    Cet acteur fédérateur aurait pour mission la mise en place d'une politique de développement économique du secteur du bois en Wallonie. Il s'agirait précisément de soutenir le développement des activités existantes et la création d'entreprises dans le secteur du bois dans la première mais surtout dans la deuxième transformation, de proposer au Gouvernement des mesures structurantes de politique économique et d'émettre des avis à la demande du Gouvernement sur les décisions ayant des conséquences directes ou indirectes sur le développement micro et macroéconomique du secteur. C'est par la coordination et l'harmonisation des actions spécifiques dans le secteur du bois que le Gouvernement entend concentrer et optimaliser l'ensemble des ressources humaines et financières.

    Lors de la mission économique au Canada, des possibilités de développement de nouvelles activités dans le secteur du bois ont été analysées. L'exemple de la construction de maisons en bois (et pas seulement en ossature bois) était intéressant à plus d'un égard. Primo, une telle activité pourrait être développée en Région wallonne et permettrait d'initier une nouvelle activité à haute valeur ajoutée dans le secteur du bois. Secundo, étant donné les nombreuses opportunités liées à la construction d'un tel logement, la maison en bois constituerait une alternative intéressante pour de nombreux ménages désirant disposer de leur propre logement. Tertio, la construction d'une telle maison peut facilement être adaptée au budget des candidats propriétaires. Enfin, une réflexion pourrait être menée sur la possibilité de développer ce type d'habitat dans la politique des logements sociaux. Une autre réflexion devrait également être menée pour adapter nos règles urbanistiques à la possibilité d'intégrer ce type de logements dans notre habitat.
    Les maisons en bois ne sont qu'un aspect des activités qui pourraient être initiées en Région wallonne. L'objectif aujourd'hui poursuivi est de proposer une véritable politique économique en concertation avec le secteur du bois pour développer de nouvelles activités économiques et des créations d'emplois non seulement liées directement à l'exploitation du bois indigène mais aussi dans des activités à plus haute valeur ajoutée liées à la transformation du bois indigène et d'autres origines. Une telle politique s'intègre parfaitement dans une démarche de développement durable associant le développement économique, le développement social et le respect de l'environnement.