/

La recommandation n°5 du point relatif au logement du rapport de la Commission spéciale chargée d'évaluer la gestion de la crise sanitaire de la Covid-19 par la Wallonie

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 150 (2022-2023) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 05/12/2022
    • de MUGEMANGANGO Germain
    • à COLLIGNON Christophe, Ministre du Logement, des Pouvoirs locaux et de la Ville
    La recommandation n°5 du point relatif au logement du rapport de la Commission spéciale chargée d'évaluer la gestion de la crise sanitaire de la Covid-19 par la Wallonie prévoit d'étudier, notamment en récoltant les informations utiles, l'enjeu de l'adaptabilité du logement, d'une part, au télétravail y compris dans ses aspects de genre et, d'autre part, à la lutte contre la solitude.

    Cette recommandation est-elle en voie d'application ?
    Si oui, comment ?
  • Réponse du 27/01/2023
    • de COLLIGNON Christophe
    L’enjeu de l’adaptabilité du logement n’est pas un défi issu du confinement imposé par la pandémie du Covid-19. Depuis quelques années déjà, l’art de bâtir assimile de façon progressive et systématique les multiples facteurs qui influent sur notre manière d’habiter : l’évolution de la notion de cellule familiale et des modes de vie, le vieillissement de la population, l’émergence du logement comme espace à usage économique, le développement d’un attrait pour la mutualisation et le partage, la valorisation des circuits courts, la généralisation du numérique et des objets connectés.

    Le confinement induit par l’épidémie Covid-19 est cependant venu bousculer cette évolution en remettant au premier plan toute l’importance de disposer d’un cadre de vie agréable, adaptable et sécurisant.

    Mon cabinet s’est effectivement penché sur la question de l’adaptabilité du logement au travers notamment des nombreuses publications en la matière et des retours d’expériences.

    Dans la pratique de l’espace privé, l’expérience de confinement a renforcé des inégalités et tensions préexistantes singulièrement dans les dimensions sociale, territoriale, relationnelle et numérique.

    Les effets spatiaux du confinement ont par ailleurs provoqué un recentrement autour des individus, réduit les espaces de vie et les espaces sociaux, rendu perméables les espaces privés, rompu les liens physiques entre les espaces éloignés en imposant la présence numérique et accentué les inégalités de genre.

    Plusieurs études montrent que le confinement a renforcé les rôles sexués dans la sphère privée et ce indépendamment des catégories sociales. La réappropriation des espaces du logement montre que les hommes et enfants ont été prioritaires dans cette démarche, les femmes se voyant attribuer l’espace résiduel. Cette non-répartition concertée des différents espaces de vie a contribué à imposer une inégale distribution du travail domestique en temps de confinement.

    Relativement à la problématique de la solitude, celle-ci a été ressentie de manière très différenciée non seulement en fonction des espaces disponibles, de la localisation et de la configuration du logement, mais également avant tout en regard des possibilités de contacts humains. Sans pour autant remplacer les contacts physiques, le corps médical souligne à ce propos le rôle salvateur qu’a pu jouer le développement des contacts virtuels dans l’atténuation de cette problématique.

    Sans pour autant permettre de définir clairement des solutions d'avenir, l'expérience du confinement a précisément posé les limites des différents modèles d'habiter et d'habitat actuellement pratiqués.

    Dans le secteur du Logement, et a fortiori, dans la sphère privée, ma compétence est limitée dans le contrôle du respect des normes de salubrité, sécurité et surpeuplement ainsi que des normes prévues dans le décret bail.

    En revanche, au sein du secteur public, la marge de manœuvre est plus importante.

    Techniquement parlant, les différents programmes de création et de rénovation de logements lancés pendant et après la crise Covid ont été élaborés en tenant compte des enseignements disponibles des effets sur note manière d'habiter.

    Je pense notamment au « programme de sécurisation et d'embellissement des logements publics » qui a été spécifiquement élaboré en regard des effets du confinement et ciblé sur le bien-être des occupants.

    Le programme de création de 801 logements en éco-construction a également été élaboré en tenant compte de critères d'adaptabilité et de flexibilité des espaces de vie.

    D'un point de vue social, j’ai pu relever qu'en règle générale, les acteurs du logement d'utilité publique ont pris nombre de dispositions nécessaires pour assurer la continuité de l’action publique en matière de logement et en matière d’accompagnement au profit des usagers tout en assurant la protection maximale.

    Ces acteurs se sont adaptés pour renforcer l’aide auprès du public à risques et auprès du public isolé pour les orienter au mieux en fonction des besoins avec l’appui des partenaires sociaux locaux. Cet accompagnement se poursuit aujourd’hui avec le soutien du Gouvernement wallon.

    Indépendamment de la perspective d’une éventuelle pandémie, les différents acteurs publics avec lesquels je collabore mettent tout en œuvre pour que les constats et objectifs relevés dans les situations de crise sanitaire imprègnent désormais aussi toute la démarche de conception et de réalisation de l’habitat de demain.