/

La recommandation n°1 du point relatif à l'environnement du rapport de la Commission spéciale chargée d'évaluer la gestion de la crise sanitaire de la Covid-19 par la Wallonie

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 204 (2022-2023) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 05/12/2022
    • de MUGEMANGANGO Germain
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    La recommandation n°1 du point relatif à l'environnement du rapport de la Commission spéciale chargée d'évaluer la gestion de la crise sanitaire de la Covid-19 par la Wallonie prévoit d'étudier l'intégration du concept de « One Health » dans l'ensemble des politiques publiques afin de prévenir les risques d'épidémies liées notamment à des zoonoses.

    Cette recommandation est-elle en voie d'application ?
    Si oui, comment ?
  • Réponse du 24/03/2023
    • de TELLIER Céline
    L’intégration du concept de « One Health » dans l’ensemble des politiques publiques est en effet l’un des outils plébiscités pour prévenir les risques d’épidémies liées à des zoonoses.

    Ce concept a été approuvé en 2008 par de nombreuses organisations internationales, dont l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), le programme des Nations unies pour l’environnement (UNEP) et la Banque mondiale.

    Élargi à l’ensemble des politiques de santé, le concept « One Health » encourage la mise en place d’une approche intégrée de la santé, centrée sur les interactions entre les animaux, les végétaux, les humains et leurs environnements. Elle synthétise en quelques mots une notion connue depuis plus d’un siècle : la santé humaine, la santé animale et la santé des plantes sont interdépendantes et liées à la santé des écosystèmes dans lesquels elles coexistent.

    Une politique sanitaire ne peut donc plus se résumer à une approche strictement biomédicale, mais doit inclure l’ensemble des déterminants de la santé ainsi que les interactions entre ces différents déterminants.

    Dans ce sens, une stratégie de lutte contre les pandémies ne doit pas se focaliser uniquement sur des mesures biomédicales préventives, comme la désinfection, et curatives, comme les vaccins, mais doit aussi s’attaquer aux facteurs menant à la propagation de maladies animales à l’homme et à leurs disséminations.

    Une stratégie « One Health » implique donc une approche intégrative faisant intervenir différents niveaux de pouvoir et différentes compétences qui avaient parfois l’habitude de fonctionner sans liens entre elles. Ainsi, la régulation des échanges internationaux permet de contrôler la dissémination des agents infectieux. En Belgique, il s’agit d’une compétence fédérale. Sciensano est, dans ce cadre, une institution qui dispose d’une expertise unique en matière de santé publique, de santé animale et environnementale. Sciensano coordonne notamment la surveillance de la résistance antimicrobienne et des centres de référence nationaux (CRN) pour les maladies infectieuses humaines. Sciensano est également le port d’attache des laboratoires nationaux de référence (LNR) pour les infections d’origine alimentaire et de la plupart des LNR pour les maladies animales infectieuses. Sciensano coordonne aussi le diagnostic vétérinaire et encadre les programmes de contrôle et de surveillance pour les animaux agricoles pour l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (AFSCA). Par ailleurs, Sciensano mène des enquêtes spécialisées, telles que l’enquête nationale de santé et l’enquête de consommation alimentaire, afin de déterminer l’état de santé, les influences environnementales et les facteurs de risque.

    Pour étudier l’interaction entre l’environnement et la santé selon l’approche One Health, Sciensano collabore avec les régions et les centres d’expertise : Institut flamand pour la recherche technologique (VITO), Institut de recherche sur l’agriculture, la pêche et l’alimentation (ILVO), Agence flamande de l’environnement (VMM), Institut scientifique de service public (ISSEP), Centre wallon de recherche agronomique (CRA-W) et Bruxelles Environnement.

    Sciensano coordonne également le Belgian One Health Network (BEOH), renforçant ainsi la coopération avec les organismes régionaux en charge de l’environnement.

    Je rappelle également que l’approche One Health a été intégrée dans le Plan national Environnement Santé.

    Par ailleurs, il est également primordial de lutter contre la destruction des habitats naturels. Elle peut en effet potentiellement augmenter les contacts entre l’humain et la faune sauvage. Je ne manque pas d’activer tous les leviers en ma possession pour protéger au mieux la nature, que ce soit sur le territoire de la Région wallonne, avec par exemple la reconnaissance de 1 000 hectares de réserve naturelle chaque année. Je rappelle aussi qu’à travers le Plan de relance pour la Wallonie, des moyens conséquents ont été dégagés afin d’assurer la protection, la gestion et la valorisation d’espaces naturels, mais également pour y développer la biodiversité et y restaurer les habitats. Les actions mises en place pour une forêt résiliente, la création de parcs nationaux ou encore le programme « Yes We Plant » permettent également d’améliorer la qualité des habitats naturels wallons.

    J’agis également au niveau mondial, pour tenter d’exercer une influence positive sur la préservation des habitats à l’étranger, par exemple lors de la COP Biodiversité l’année dernière ou dans le dossier de déforestation importée, où la Belgique a soutenu une position ambitieuse et pragmatique.

    Le concept « One Health » encourage les collaborations, les synergies et l’enrichissement mutuel de l’ensemble des acteurs dont les activités peuvent avoir un impact sur la santé. Il est important de diffuser au maximum cette logique systémique, afin qu’elle soit appropriée par toutes les parties prenantes. Ainsi, je soutiens plusieurs projets en ce sens, comme le Certificat vétérinaires urgentistes secours et catastrophe (Faculté vétérinaire de l’Université de Liège) qui inclut pleinement cette dimension dans la formation qui est dispensée. Je soutiens également le développement d’animations et de formations à destination des professionnels de l’éducation et de la communication des secteurs de l’Éducation relative à l’Environnement, de la nature et du bien-être animal afin qu’ils déclinent et opérationnalisent l’approche One Health dans leurs activités (ULiège-CARE ESPRIst).

    Comme je le dis souvent, la biodiversité est notre assurance-vie. C’est ce que l'on mange, ce que l'on boit, c'est l'air qu'on respire. Le concept « One Health », qui lie la santé humaine avec la santé des animaux et des écosystèmes, notamment dans un contexte de pandémie, permet d’insister sur l’importance de la préservation de la nature et du vivant qui nous entoure.