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La détresse du secteur agroalimentaire face à la crise énergétique

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 214 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 05/12/2022
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    L'explosion des coûts des matières premières et de l'énergie, exacerbée par l'impact de la guerre en Ukraine, fragilise tout particulièrement l'ensemble du secteur agroalimentaire européen. Notre Région est en cela concernée.

    Comme tant d'autres acteurs économiques, le secteur du chicon est notamment aux aguets dû à la hausse des prix de l'électricité. Déjà très affaibli par la chute des prix de gros l'année dernière, le secteur du chicon belge joue plus que jamais son avenir ! Il est alors question de sauvegarder une main d'œuvre importante !

    Cet écho qui nous vient du secteur du chicon est certainement une inquiétude plus générale partagée par d'autres domaines agricoles en Région wallonne.

    La FWA a notamment déclaré qu'à moyen terme, les soutiens pour les mesures d'économie d'énergie et de production d'énergie renouvelable doivent être poursuivis et renforcés, indiquant le besoin d'une synergie entre Fédéral et Régions, ainsi que la considération du secteur agroalimentaire comme secteur prioritaire.

    Est-ce que les inquiétudes du secteur du chicon, dû à la crise énergétique, sont partagées par d'autres secteurs agroalimentaires ?

    S'agit-il d'un seul domaine de production agricole ou est-ce quelque chose de plus répandu ?

    Est-ce qu'il y a des pistes de réflexion face à cette situation ?

    Quelle est la progression concrète là-dessus en collaboration avec le Ministre de l'Économie ?

    Est-ce que des contacts ont été entrepris avec les entreprises et les fédérations concernées ?

    Est-ce que l'on avance au-delà des annonces ?
  • Réponse du 22/12/2022
    • de BORSUS Willy
    La crise de l’énergie a malheureusement également frappé durement l’ensemble du secteur agroalimentaire.

    Ainsi, afin de permettre l’écoulement progressif des produits sur le marché, le secteur de la production horticole est généralement responsable de la conservation durant plusieurs mois en frigo ou hangar de conservation rafraîchi et ventilé ; sont particulièrement concernés en Wallonie :
    - les arboriculteurs fruitiers (80 producteurs) qui utilisent des frigos de septembre à mai dont le coût de revient est passé de 7 à plus de 20 cents/kg (couplé à un prix du marché de la pomme et de la poire en dessous des coûts de production) ;
    - les maraîchers (150 producteurs) qui utilisent des frigos selon les périodes de stockage plus ou moins longues (par exemple carottes d’octobre à mai). Plus spécifiquement les producteurs de chicon doivent disposer d’une salle de conservation et de forçage ce qui implique un étalement de la conservation et de la mise à feuille durant 8 à 10 mois ;
    - les producteurs de pommes de terre de conservation et pour le marché du frais (plus de 3 000 producteurs) à travers les hangars de stockage ventilé et les frigos ;
    - les producteurs et coopératives de légumes pour la transformation (2000 producteurs) et les usines de transformation surgélation en Wallonie : camions réfrigérés, frigo et process de surgélation

    D’autres filières liées à la production agricole sont touchées directement, mais différemment, notamment les filières viandes et lait dont les coûts énergétiques liés au froid et aux opérations de transformations fragilisent la filière. L’impact énergétique sur le coût des engrais impacte également les grandes cultures.

    Concernant spécifiquement le chicon, on dénombre une dizaine de producteurs en Wallonie. La culture de l’endive s’effectue en trois grandes étapes : la production des racines, le forçage correspondant à la pousse de l’endive proprement dite et la récolte définitive, appelée « cassage ». Au niveau énergétique, les racines sont conservées en chambre froide entre une semaine et dix mois, afin d’étaler la période de production sur toute l’année ; par ailleurs, les racines ne sont plus mises en terre (excepté en bio) mais placées pendant trois semaines dans des bacs où circule une solution nutritive maintenue à 20 °C ; ces bacs sont installés dans des bâtiments isothermes et ne laissant pas entrer la lumière.

    Concernant la réponse du Gouvernement à travers les aides aux entreprises liées à l’énergie dans leur ensemble, celles-ci incluent évidemment le secteur agroalimentaire dans son ensemble.

    L’arrêté que le Gouvernement a adopté récemment à cet égard se base sur l’encadrement temporaire en matière d’aides d’état qui est complexe ; nous avons souhaité anticiper la prise en considération de situations particulières qui pourraient survenir, des contacts ont eu lieu avec les fournisseurs et les comptables pour construire un dispositif solide.

    Mon objectif est bien que la plateforme qui recueillera les demandes d’aides soit accessible pour le mois de janvier.

    Je rappelle également que le Gouvernement a décidé en date du 12 novembre dernier d’adapter le prêt « Ricochet » opérationnel depuis mai 2020, afin de répondre au mieux aux besoins des entrepreneurs et de permettre de continuer à mettre à leur disposition un soutien adapté, rapide et automatique, afin de soulager leur trésorerie. En voici les principaux éléments :
    • un taux de 0 % pour le prêt Sowalfin pour ce qui concerne le besoin en fonds de roulement ;
    • une garantie de max. 75 % du crédit bancaire dans tous les cas (et de max. 37 500 euros).

    Le prêt Ricochet s’articule ainsi avec le dispositif Easy-Green, lequel consiste en une combinaison d’actions qui aujourd’hui, dans un contexte de crise énergétique, sont plus que jamais nécessaires : outre la sensibilisation et l’accompagnement sur les thématiques liées à l’énergie, le dispositif Easy-Green permet le financement essentiellement sous forme de prêt subordonné à des conditions attractives.