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La place des femmes dans la vie publique

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 177 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 07/12/2022
    • de AHALLOUCH Fatima
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Les progrès pour combler les inégalités entre les femmes et les hommes sont indéniables. Des législations, des actions politiques et de sensibilisation ont été menées par ou avec le soutien des pouvoirs publics. Premier pas d'un mouvement #MeTooPolitique belge, plus de 120 élues et collaboratrices dénoncent, dans une tribune ouverte publiée dans Le Soir et De Standaard, les violences sexistes, sexuelles et psychologiques dans les milieux politiques.

    Selon les signataires, « le temps est venu d'un #MeTooPolitique en Belgique et d'une libération indispensable de l'écoute de la parole des victimes » : « Nous demandons une prise de conscience collective et une réponse politique structurelle à l'encontre de ce tabou et de l'omerta qui l'accompagne ». Nous estimons qu'il y a « une réflexion à mener dans le monde politique, comme elle se mène dans la culture et le milieu académique, pour renforcer la participation des femmes ».

    Les élues demandent de revoir les procédures et le statut des mandataires pour permettre une «protection effective des élus victimes d'une agression présumée, à l'instar de ce qui existe pour les travailleuses et travailleurs ». Les signataires appellent le monde politique à l'exemplarité, souhaitant l'adoption de mesures concrètes au niveau des structures politiques. Parmi les pistes de réflexion, les initiatrices ont la volonté d'avancer pour proposer prochainement « des éléments plus concrets », à l'instar de l'Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique, association créée en France en 2022.

    Quel est l'avis de Madame la Ministre sur ces propositions ?

    A-t-elle soutenu ou proposé des avancées pour les droits des femmes ces dernières années en termes de politiques publiques ?

    Est-ce un sujet abordé à la CIM droit des femmes avec ses collègues ?

    Existe-t-il une analyse sur le sujet ? A-t-elle un plan d'action visant à promouvoir la place des femmes dans la vie publique ?
  • Réponse du 26/01/2023
    • de MORREALE Christie
    Je suis consciente du sexisme ambiant qui persiste dans les différentes sphères de la société. Comme le souligne le Conseil de l’Europe, le sexisme touche sans conteste les femmes de façon disproportionnée, et ce, dans tous les domaines, en ce compris dans la vie publique.

    Ainsi, les femmes politiques évoluent généralement dans un environnement hostile : elles sont victimes d’interruptions lors de prises de parole, d’attitudes paternalistes, de blagues ou de remarques sexistes tant dans la vie réelle qu’en ligne, tentant de les exclure des espaces de discussions.

    Le caractère transversal du sexisme impose de le combattre de manière collégiale et d’envisager la lutte contre ces violences de manière large et transversale.

    C’est pourquoi, dans le cadre de la Conférence interministérielle pour les Droits des femmes, en tant que co-présidente, j’ai souhaité travailler sur la lutte contre le sexisme dans l’espace public et le cybersexisme. Ainsi, en date du 11 juin 2021, 33 mesures ont été dégagées, qui visaient à adopter des stratégies en vue de coordonner les actions des différentes entités, que ce soit en matière de prévention, de protection des victimes ou de répression des auteurs. Plusieurs de ces mesures ont été reprises dans le plan d’action national de lutte contre les violences basées sur le genre 2021-2025, telle que notamment le développement d’une une plateforme d’information sur le cybersexisme ou encore l’évaluation de la loi du 3 août 2014 sur le sexisme dans l’espace public. C’est dans ce cadre que j’ai débloqué en 2021 un budget de près de 200 000 euros pour lancer un appel à projets sur la lutte contre le sexisme dans l’espace public et la cyberviolence sexiste.

    Le sexisme contre lequel nous luttons est, comme nous le constatons, malheureusement présent dans toutes les sphères de la société. En Wallonie, la dimension de genre est d’ailleurs progressivement intégrée dans chaque domaine politique afin que les inégalités existantes soient éliminées et que les politiques publiques ne créent ni ne renforcent les inégalités entre les femmes et les hommes. L’application du « gender mainstreaming » et du « gender budgeting » ainsi qu’une approche intersectionnelle des problématiques d’inégalités sont donc renforcées, notamment à travers les 44 mesures du Plan Genre 2020-2024 qui a été adopté le 4 mars 2021 par le Gouvernement wallon. Bien que la question de la place des femmes dans la vie publique ne soit pas en tant que telle abordée dans ce plan, certaines des thématiques principales, telles que l’encouragement de la participation des femmes au sein de secteurs d’activités professionnelles où elles sont sous-représentées, la promotion de l’entrepreneuriat féminin, ou la sensibilisation des pouvoirs locaux aux questions de genre, sont des points d’attention qui touchent de près ou de loin à la place des femmes dans la vie publique. En effet, ces mesures favorisent l’intégration des femmes sur le marché de l’emploi et leur présence accrue dans la sphère publique.

    Je tiens également à rappeler l’application du décret du 6 novembre 2008 relatif à la lutte contre certaines formes de discrimination. Ce décret instaure un cadre légal très précis permettant de lutter contre toutes les discriminations (âge, état civil, composition de ménage, origine …) et notamment les discriminations fondées sur le sexe, l’identité de genre et l’expression de genre. Ce décret interdit les discriminations dans tous les domaines de compétences de la Wallonie.

    Enfin, la loi fédérale du 22 mai 2014 vise à lutter contre le sexisme dans l’espace public. L’organisme chargé du traitement des signalements dans le cadre de cette loi est l’Institut pour l’Égalité des Femmes et des Hommes (IEFH). Chaque personne qui s’estime victime de discrimination, en ce compris le harcèlement et les violences sexistes, peut également signaler celle-ci dans un des 11 « Espaces Wallonie ». Une plainte à la police peut aussi être déposée en de pareilles circonstances.