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Les nouvelles recommandations européennes sur le dépistage du cancer

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 185 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 16/12/2022
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Les Ministres de la Santé des États membres de l'Union européenne ont adopté, vendredi dernier (9 décembre), de nouvelles recommandations sur le dépistage du cancer.

    La recommandation précédente datait de 2003 et comprenait des recommandations de dépistage du cancer du sein, du col de l'utérus et du cancer colorectal. La nouvelle recommandation qui vient d'être approuvée inclut désormais les cancers du poumon, de la prostate et de l'estomac.

    Le dépistage des nouveaux types de cancer a été ajouté aux recommandations européennes et le nouveau texte suggère également une mise à jour des lignes directrices pour le cancer du sein, le cancer du col de l'utérus et le cancer colorectal.

    Toutefois, Mme Kyriakides, Commissaire européenne à la santé et à la sécurité alimentaire estime qu'il y a encore des « disparités inacceptables » et qu'il faut donc « prendre des mesures pour réduire les écarts ».

    Selon le plan européen pour vaincre le cancer, qui a été présenté par la Commission en 2021, 2,7 millions de cas de cancer ont été diagnostiqués dans l'UE et 1,3 million de personnes sont décédées à cause de cette maladie.

    Bien que l'Europe ne représente qu'un dixième des habitants de la planète, elle compte un quart des cas de cancer au niveau mondial. L'impact économique de la maladie est estimé à plus de 100 milliards d'euros par an.

    Quelle est l'analyse de Madame la Ministre face à ces nouvelles recommandations ?

    Quelles sont les politiques publiques de la Région wallonne qui se concentrent sur l'aspect préventif de ces différentes maladies ?

    Quels sont les défis qui nous attendent à l'aube de 2023 sur cet enjeu majeur de santé publique ?

    Quelle est sa sensibilité à cet égard ? Quel est son agenda à cet égard ?

    A-t-elle un échéancier ?

    Quelles sont les évolutions à espérer de la part de la Région wallonne face à ces développements au niveau de l'UE ?
  • Réponse du 26/01/2023
    • de MORREALE Christie
    Les recommandations du Conseil sur le renforcement de la prévention par la détection précoce (https://data.consilium.europa.eu/doc/document/ST-14770-2022-INIT/fr/pdf) sont une base de travail qui actualise les recommandations de 2003. Elle propose des critères de qualité pour les dépistages actuels et pour étendre les dépistages à d’autres cancers, tout en expliquant que des projets de recherche devront néanmoins encore être menés.

    Afin de mieux appréhender la place du dépistage du cancer, la problématique du cancer doit être vue de façon globale. Selon l’OMS (https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/cancer), le cancer est à l’origine de près de 10 millions de décès en 2020, soit presque un décès sur six, il est l’une des principales causes de mortalité dans le monde. Environ un tiers des décès par cancer sont dus aux 5 principaux facteurs de risque comportementaux et alimentaires : un indice élevé de masse corporelle, une faible consommation de fruits et légumes, le manque d’exercice physique, le tabagisme et la consommation d’alcool.

    À l’heure actuelle, 30 à 50 % des cancers peuvent être prévenus en évitant les facteurs de risque et en appliquant des stratégies préventives reposant sur des données probantes. On peut aussi réduire la charge du cancer grâce à une détection précoce et à un traitement et une prise en charge appropriés des patients. La détection et le traitement rapide des cas permettent de réduire la mortalité liée au cancer. Les buts étant de guérir le patient ou de prolonger considérablement sa vie ainsi qu’améliorer la qualité de vie du patient, ce qui peut être accompli en prodiguant des soins contribuant à son bien-être physique, psychosocial et spirituel, ainsi qu’en offrant des soins palliatifs en phase terminale de cancer.

    Les constats faits sur les facteurs de risques montrent l’importance de travailler en amont dans le cadre des maladies. La Wallonie a donc investi dans une programmation découlant du Plan wallon de promotion de la santé (le WAPPS), qui a été adoptée le 1er septembre, fixant les priorités de la Région dans les matières de la promotion de la santé et prévention. Elle met en avant 5 axes prioritaires guidant les actions des acteurs de terrain œuvrant en promotion et prévention, à savoir :
    - les modes de vie : alimentation, activité physique, sédentarité, lutte contre le tabagisme ;
    - la promotion d’une bonne santé mentale et du bien-être ;
    - la prévention des maladies chroniques ;
    - la prévention des maladies infectieuses y compris la politique de vaccination ;
    - la prévention des traumatismes et la promotion de la santé.

    Cet outil permet d’installer de manière pérenne des priorités de santé publique dans le paysage wallon. L’année 2023 sera la première année d’agrément pour les opérateurs ainsi que les autres centres agréés et devra rédiger leurs programmes d’actions coordonnées.

    L’année 2023 sera caractérisée par d’autres projets :
    - le lancement du projet W.all.in.Health pour l’amélioration de la communication en santé, outil de partage d’information sur les ressources en Wallonie.
    Le projet W.all.in.health consiste à mettre en place un système centralisé et digital de sorte à avoir une vision en temps réel des actions menées et de la situation sanitaire permettant d’aider à l’établissement des stratégies à adopter. Une interface sera réservée au grand public, aux professionnels de la première ligne et chercheurs où l’on retrouverait toutes les activités, un répertoire des opérateurs en promotion et prévention santé, les événements, les campagnes, mais aussi une vue didactique sur les données de santé disponibles en Région wallonne. L’objectif est d’avoir une vision en tout temps des leviers et ressources disponibles en promotion de la santé et de la prévention en Wallonie.
    Bien que la détection précoce et le traitement des cancers relèvent du ressort du fédéral, les données relatives au travail des soignants de la première ligne de soins ainsi que des services hospitaliers de notre Région permettront une meilleure information et sensibilisation des citoyens et des professionnels de santé, notamment par la mise en place progressive du projet W.all.in.Health ;
    - la mise en œuvre des réseaux loco-régionaux, dans le cadre de Proxisanté, visant l’organisation de la première ligne d’accompagnement et de soins incluant la promotion de la santé et la santé mentale en lien avec les réseaux de soins hospitaliers.
    De plus, l’organisation des programmes de dépistage des cancers en Région wallonne fait l’objet de réflexion actuellement. Ce travail permettra de mettre place les Centres d’Opérationnalisation en Médecine préventive comme prévu dans le décret relatif à la promotion de la santé intégré dans le Code ;
    - enfin la mise en place d’un plan e-santé wallon.

    Toutes ces dimensions sont développées grâce au Plan de Relance de la Wallonie et ont un objectif d’amélioration de la santé de nos concitoyens, ce qui constitue une grande première par l’ampleur des dispositifs et des moyens.

    Enfin, la Wallonie a pour ambition de se positionner dans un processus d’amélioration continue de la qualité des dépistages et de la détection précoce des cancers. En effet, il est envisagé d’inclure le Réseau Santé Wallon dans les discussions sur les programmes de dépistage afin de garantir au citoyen un accès à ses données, en suivre l’évolution et que les professionnels de santé puissent partager les informations lorsqu’il y a un lien thérapeutique, en incluant également les résultats des dépistages de diagnostic afin de disposer d’une meilleure connaissance en termes de dépistages des cancers, le dépistage organisé ne donnant pas les résultats escomptés à lui seul.

    Cela aura un impact sur l’organisation du fonctionnement des dépistages menés aujourd’hui par différents acteurs, dans une perspective de synergies de ces acteurs vers l’atteinte d’objectifs partagés, en termes de santé publique.

    Il faut garder une vision holistique de la problématique du cancer et ne pas se focaliser uniquement sur son dépistage. L’importance du continuum de santé est ici essentielle. La place de la promotion de la santé, notamment pour diminuer les facteurs de risque au sein de la population, pour rendre nos environnements de vie plus sains et pour viser une économie du bien-être, est primordiale. Il en est de même pour la place de nos professionnels de santé, qui tout au long de l’année réalisent les diagnostics précoces et font en sorte d’améliorer continuellement la qualité du traitement des cancers. Nous devons mieux partager cette vision avec les citoyens, les décideurs et les professionnels de santé.