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Le développement de la production de fleurs coupées bios en Wallonie

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 250 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 20/12/2022
    • de RYCKMANS Hélène
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Récemment, le podcast de la RTBF « Après nous, les mouches » (re)mettait en lumière les dérives du marché actuel des fleurs coupées : pollution exacerbée par les kilomètres parcourus, travail mal rémunéré au Kenya et en Éthiopie, véritable question de santé environnementale à cause des produits phytosanitaires utilisés…

    Nous en avions déjà discuté au début de la législature et Monsieur le Ministre nous avait expliqué que ce marché en particulier, je parle donc des fleurs coupées et non de la floriculture au sens large, n'était pas une priorité du Plan de développement stratégique. Il laissait néanmoins la porte ouverte en souhaitant « poursuivre la réflexion ».

    Je voulais donc savoir où il en était deux ans plus tard. Une stratégie de développement de production locale wallonne a-t-elle vu le jour ? Si non, qu'a-t-il prévu pour favoriser l'émergence d'une filière plus locale et durable de ce secteur en Wallonie ?

    Tant au niveau du soutien financier que de la recherche et de la réglementation des produits utilisés, la nouvelle stratégie wallonne pour la PAC peut-elle intervenir ?

    En matière de recherche et d'essais pour limiter le recours à ces produits phytosanitaires, c'est surtout le Centre pilote CEHW qui encadre les horticulteurs par des essais d'alternatives et un système d'avertissements en termes de lutte intégrée. Des résultats sont-ils apparus depuis 2020 ?

    C'est donc non seulement une question d'intérêt économique pour développer une filière locale wallonne, mais aussi une manière de protéger nos fleuristes contre des substances parfois interdites en Europe.
  • Réponse du 05/01/2023
    • de BORSUS Willy
    Les plans stratégiques de développement des filières font l’objet d’une mise à jour fin 2022. Dans le plan, on observe 2 nouvelles tendances en matière de fleurs coupées.

    Concernant tout d’abord les fleurs à couper soi-même au champ, ces initiatives ont pris de l’ampleur ces dernières années et on dénombre 5 opérateurs pour près de 60 champs (pour 18 en 2018). La superficie globale utilisée en Wallonie est estimée à +/- 30 ha (pour 9ha en 2018). Il s’agit d’une diversification agricole.

    Il me faut également évoquer le mouvement « Slow Flower Belgium » : cela concerne la production de fleurs coupées locales et de saison dans « le respect de la nature ». Sur le site https://belgiumslowflowers.be, on dénombre toujours actuellement 12 projets « Bouquets de fleurs locales » en Wallonie (inexistant en 2018).

    Malgré cela, la production de fleurs coupées en Wallonie reste relativement anecdotique, car l’activité est saisonnière (de mai à septembre). Elle doit donc se faire en complément ou en combinaison avec une autre activité, car la rentabilité est faible ou aléatoire.

    Cette activité se fait aussi uniquement par la vente directe. Il est à ce stade peu envisageable d’avoir une production wallonne de fleurs coupées qui alimenteraient les fleuristes. La consommation de fleurs coupées intervient avec des pics importants lors de fête de fin d’année, de la Saint-Valentin et de la fête des mères.

    Une production wallonne ne pourrait pas répondre à cette demande, car produire des fleurs coupées chez nous entre octobre et mai nécessite de devoir chauffer les serres à 18-20°C voire plus, de devoir apporter de l’éclairage artificiel très énergivore également, pour compenser le manque d’heures d’ensoleillement sous nos latitudes, et parfois aussi, de devoir apporter une fumure carbonée (CO²) dans la serre.

    Pour diverses raisons, très peu de producteurs wallons en horticulture ornementale disposent actuellement des aides PAC. En effet, dans le plan stratégique 2023-2027, il y a bien les indemnités pour les agriculteurs (dont les horticulteurs) qui se convertissent ou qui maintiennent l’agriculture bio, mais il n’y a pas de dispositif spécifique pour les fleurs (au contraire des petits maraîchers bio diversifiés).

    Et effectivement, le Centre d’essais horticoles de Wallonne (CEHW) encadre les horticulteurs (producteurs de plantes fleuries en pots) et les pépiniéristes (producteurs d’arbres et arbustes), notamment au travers des expérimentations de terrain, du conseil technique chez les producteurs, des formations (formations continues pour le renouvellement de la phytolicence notamment), l’envoi d’avertissements. Cela se traduit sur le terrain par une réduction de l’utilisation des pesticides.

    Le CEHW ne mène pas d’action dans le secteur de la fleur coupée et il n’a pas l’intention de mener des essais spécifiques pour ce type de production pour les raisons évoquées plus haut.

    Cependant, dans le cadre du plan de relance de la Wallonie (PRW) et de la mise en œuvre des plans de développement de filières horticulture du Collège des Producteurs, une subvention vient d’être accordée pour soutenir l’installation de jeunes producteurs dans le secteur global de l’horticulture ornementale.

    Le projet d’une durée d’un an est mené en partenariat entre SOCOPRO et le CEHW. Les porteurs de projets de production « Fleurs coupées » peuvent évidemment se porter candidats pour se faire accompagner dans l’ensemble des démarches liées au démarrage de leur activité.