/

La lutte contre les frelons asiatiques en Wallonie

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 262 (2022-2023) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 21/12/2022
    • de WITSEL Thierry
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    En 2016, le tout premier nid de frelons asiatiques a été recensé en Wallonie, près de Tournai. Depuis lors, les frelons se sont multipliés. Ils sont invasifs et représentent une réelle menace pour les abeilles. Les conséquences de leur présence sont désastreuses pour la biodiversité.

    En 2022, c'est quelque 250 000 euros qui ont été dépensés afin de tenter de stopper cette invasion. Rien que cette année, 1850 nids ont été neutralisés gratuitement en tant que service rendu à la population. Le système wallon, comme me l'a précisé Madame la Ministre lors de ma dernière intervention à ce sujet, permet d'assurer un suivi des opérations de neutralisation des nids compte tenu des obligations de rapportage de cette espèce au niveau européen : le frelon asiatique étant en effet inscrit sur la liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l'Union.

    On attend jusqu'à 5 000 nids en 2023, le nombre de nids triplant annuellement. Si la gratuité reste d'application, le budget va fortement augmenter, à charge de la Wallonie.

    Le délai d'attente du service wallon pouvant être long, certains citoyens se sont dirigés vers les pompiers ou vers des opérateurs privés compétents en la matière, et ce, à leurs frais.

    Elle a annoncé réfléchir à un nouveau système permettant d'éliminer les nids, mais aussi d'agir sur les enjeux de sécurité publique, ainsi que sur les problématiques spécifiques liées aux apiculteurs.

    Elle avait mentionné précédemment assurer un suivi tout particulier de cette problématique au niveau régional. Quels sont dès lors ses projets et objectifs concernant l'éradication de cette espèce ?

    Compte-t-elle garder ce principe de gratuité pour 2023 ? Un budget est-il dédié à cet effet ?

    Peut-elle développer son projet en réflexion concernant les enjeux de sécurité publique ?

    Que va-t-il être mis en place concernant les apiculteurs? A-t-elle eu l'occasion de s'entretenir avec eux et quels sont leurs besoins les plus urgents ?

    Comment va-t-elle décrire les lieux prioritaires pour éliminer les nids si un choix doit être fait ?
  • Réponse du 11/05/2023
    • de TELLIER Céline
    Je comprends bien l’inquiétude suscitée par le frelon asiatique qui est régulièrement pointé du doigt, notamment pour son agressivité vis-à-vis des abeilles. À son arrivée sur notre territoire en 2016, la Région wallonne a mis en place des actions pour tenter de freiner sa progression, et notamment la neutralisation systématique des nids. Cette technique n’a malheureusement pas donné les résultats espérés, puisque le nombre de nids détruits est en constante augmentation, comme l’honorable membre le souligne. Nous sommes passés de 204 en 2021, à 1 850 en 2022, pour un budget de 250 000 euros.

    Malgré sa réputation sulfureuse et sa taille impressionnante, cette espèce n’a cependant qu’un faible impact sur la biodiversité. En effet, la pression qu’il exerce sur l’entomofaune est bien documentée. Si son régime alimentaire est constitué en majorité d’abeilles domestiques, il chasse également des guêpes sociales et des diptères. Actuellement, aucune des études n’a montré un impact négatif significatif du frelon asiatique sur les populations d’insectes indigènes sauvages. Par ailleurs, par rapport à la santé humaine, cette espèce ne pose qu’une faible menace supplémentaire par rapport à nos insectes indigènes. Dès lors, les impacts du frelon asiatique sont majoritairement d’ordre apicole.

    Face à l’échec de la destruction systématique des nids, la stratégie actuelle de lutte contre cette espèce doit être adaptée au niveau régional.

    Il s’agit bien de basculer d’un système visant une neutralisation exhaustive des nids, coûteuse et inefficace pour arrêter ou même freiner l’invasion, vers une stratégie de gestion raisonnée, où les opérations sont justifiées et encadrées. Cette stratégie est plus cohérente dans la mesure où nous allons devoir apprendre à cohabiter avec cette espèce, devenue désormais largement répandue en Europe occidentale et impossible à éradiquer, comme malheureusement d’autres espèces exotiques envahissantes.

    Néanmoins, nous ne laisserons pas les citoyens démunis : un meilleur encadrement de la lutte par les acteurs privés sera développé.

    Lorsqu’un nid sera découvert, il appartiendra au gestionnaire, qu’il soit un particulier, une commune, une province ou la Région, de décider si la présence du nid pose un problème.

    Afin de permettre aux gestionnaires de rapidement trouver un bon désinsectiseur travaillant avec des prix raisonnables, j’ai chargé mes services de mettre en place un système de charte de bonnes pratiques. La liste des opérateurs répondant à cette charte sera publiée sur le site de la Région, permettant ainsi une intervention rapide et efficace lorsqu’un nid problématique sera détecté.

    En parallèle, le CRA-W continue de donner des formations pour que différents opérateurs soient capables de neutraliser les nids en toute sécurité. De plus, dans le cadre de la nouvelle convention Bee Wallonie, différents tests seront réalisés sur des pièges. L’objectif sera de capturer les fondatrices et d’évaluer différentes techniques de protection des ruchers, afin de réduire la prédation et le stress occasionné par le frelon asiatique.

    Pour plus de détails concernant les mesures de soutien au bénéfice du secteur apicole, je l’invite à questionner mon collègue Willy Borsus, en charge de la compétence.

    Enfin, une campagne de communication pour expliquer ce changement de stratégie est en cours d’élaboration par mes services. Elle s’adressera aux communes, aux différents acteurs apicoles, aux zones de secours, ainsi qu’aux désinsectiseurs. Je suis convaincue que l’évolution de notre manière de cohabiter avec cette espèce passera par la sensibilisation et l’évolution des perceptions.

    Un courrier dans ce sens sera d’ailleurs adressé prochainement à l’ensemble des communes.

    De manière générale, je suis convaincue qu’il est préférable d’utiliser l’argent public de la manière la plus rationnelle et efficiente possible. L’arrêt de ce système de neutralisation coûteux et inefficace permettra donc de consacrer des montants supplémentaires à la lutte face à des espèces émergentes qui peuvent encore être éradiquées de notre territoire. D’autres actions, comme la subvention BiodiverCité, permettent également de soutenir les actions des communes en faveur des pollinisateurs.