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La petite hydroélectricité

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 419 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 23/12/2022
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Dans un mix énergétique, le développement de l'électromobilité est un des vecteurs sur lequel il faut miser ! Les technologies actuelles permettent de transformer l'énergie des cours d'eau en électricité à moindre coût, 100 % verte, selon le principe de la vis d'Archimède, avec peu de travaux de génie civil et sans perturber le passage des poissons !

    Le territoire wallon semble être adapté à cette dynamique et il serait dommage de ne pas l'encourager.

    Quel est le potentiel wallon en la matière et quelle est la situation existante ?

    Monsieur le Ministre peut-il étayer sa réponse et préciser l'ambition qu'il s'est fixée ?

    Existe-t-il une étude d'évaluation sur le potentiel wallon dans le domaine ? Quelle est-elle et quel en est le contenu ?

    À défaut, ne conviendrait-il pas de la solliciter auprès de l'administration ?

    Comment soutient-il la filière ?

    Quels sont les éventuels freins au développement ?
  • Réponse du 19/01/2023
    • de HENRY Philippe
    L’hydroélectricité a une longue histoire en Wallonie, très longue même puisque la puissance hydraulique était utilisée de manière mécanique depuis plusieurs siècles.

    Aujourd’hui, l’hydroélectricité en Wallonie, c’est un parc de près de 115 MW répartis sur près de 150 sites sur le territoire. Ce parc est à scinder entre les grands sites situés sur la Meuse, les barrages localisés à Bévercé (Malmedy), à Butgenbach, sur le Complexe de la Vesdre (Eupen), sur le Complexe de l’Ourthe (Nadrin), sur l’Eau d’Heure, à la Gileppe (Verviers) et sur la Vierre (Chiny) et une grande majorité de petits sites sur les cours d’eau non navigables.

    On considère aujourd’hui qu’une grande majorité du potentiel a été ou est en voie d’équipement. De très nombreux sites pourraient encore être équipés, mais avec des puissances anecdotiques. Évaluer précisément ce que pourrait être le potentiel global est compliqué. L’Apere a réalisé, il y a une vingtaine d’années, une très intéressante cartographie du potentiel wallon en se basant sur des données historiques (moulins par exemple). Cette carte a été actualisée dans le cadre du projet européen RESTOR Hydro.

    Cette cartographie, parfaitement accessible sur le Géoportail wallon ( https://geoportail.wallonie.be/catalogue/b3f47ede-3512-4115-a0f1-eaa11f928298.html ), relève tous les anciens sites ayant historiquement exploité la force de l’eau, soit pour produire un travail (moudre le grain, scier, polir la pierre, etc.) ou de l’électricité. Par voie de conséquence, une estimation du "gisement hydroénergétique" à l’échelle wallonne a pu être déterminée. Dans une étude plus récente (2006), l’APERe estimait : « Sans que de nouveaux barrages de retenue soient construits, de nouvelles centrales hydroélectriques au fil de l’eau pourraient voir le jour sur des anciens sites hydroénergétiques ou au droit d’ouvrages hydrauliques non encore équipés (écluses de la Haute Meuse et de la Sambre par exemple).

    La Wallonie pourrait ainsi doubler son parc hydroélectrique existant et disposer d’un parc d’une centaine de centrales hydroélectriques pour une puissance installée globale de 150 MW ».

    Il faut cependant être lucide, ce potentiel est présent, mais le plus gros du potentiel est déjà en cours d’exploitation. Ce qui subsistera, ce sont essentiellement de petites capacités ou le ration investissement/kW peut être élevé ou des sites nécessitant de plus lourds investissements.

    Mais je le concède, il faut le valoriser. Le projet de PACE a fixé un objectif de 440 GWh en hydroélectricité en 2030. Ce chiffre est à comparer au 389 GWh de 2021 qui a été une année exceptionnelle (beaucoup de pluie et nouvelles capacités installées, en 2019, le productible était de 297 GWh).

    En ce qui concerne le soutien, les certificats verts sont et restent l’instrument principal avec des enveloppes garanties jusqu’à 2030 (entre 2000 et 7.200 CV annuels). On citera également les aides à l’investissement (aides UDE).

    En ce qui concerne les freins, ils sont essentiellement d’ordre environnemental puisque nous touchons à des zones d’eau non navigables. On citera également l’aléa météorologique qui peut avoir un impact considérable sur la production électrique. La sécheresse de cette année aura probablement un impact conséquent sur la production totale tout comme les épisodes pluvieux de 2021 en ont eu également un.