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La lutte contre la pauvreté

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 71 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 16/01/2023
    • de AHALLOUCH Fatima
    • à DI RUPO Elio, Ministre-Président du Gouvernement wallon
    Selon un récent article de presse intitulé « pour lutter contre la pauvreté, sortons de l'alternative du diable », on peut y lire que la Belgique a en moyenne moins de personnes pauvres que les pays voisins, mais que ces personnes y sont davantage précarisées.

    De nombreux Belges connaissent un risque de pauvreté. Or, nous sommes dans l'un des pays les plus riches du monde. Quant aux dépenses sociales publiques, elles ont augmenté et s'élèvent à 28,9 % du PIB. Or, la pauvreté n'a pas été réduite. Cela pose la question de cette problématique sociale, multifacettes et multifactorielle et à laquelle on peine à répondre depuis des décennies.

    Les auteurs suggèrent de changer de méthode concernant deux aspects.

    Tout d'abord, il s'agit de partir de l'impact, donc de définir le changement souhaité par les personnes et dans la société. Il s'agit de définir les objectifs, activités, indicateurs de mesures, critères et moyens d'évaluer l'action menée.

    Ensuite, il s'agit de sortir de l'alternative : « le pauvre responsable de sa situation ou victime du système ». Chaque situation doit être abordée de manière personnalisée avec une diversité de solutions, et non un accompagnement avec des intervenants multiples qui n'auraient que quelques rares solutions standards.

    Monsieur le Ministre-Président peut-il m'indiquer les dispositifs qu'il a mis en place dans le cadre de la lutte contre la pauvreté et les résultats escomptés ?

    Le collectif de lutte contre la pauvreté est-il associé à ces mesures ?
    Si oui, de quelle manière ?

    Une évaluation des politiques de lutte contre la pauvreté est-elle mise en place ?

    Quelles en sont les modalités ?
  • Réponse du 17/01/2023
    • de DI RUPO Elio
    Il est dans un premier temps utile de rappeler que la lutte contre la pauvreté est un combat qui se mène à tous les niveaux de pouvoir, chacun agissant dans le cadre de ses compétences.

    Conformément à la Déclaration de Politique régionale, le Gouvernement wallon s’est engagé à réduire la pauvreté et garantir aux citoyens une vie décente.

    Il a, dans ce cadre, pris plusieurs initiatives.

    Fin 2021, le Gouvernement a mis en place un plan de sortie de la pauvreté.

    Celui-ci vise à offrir à chaque Wallon et Wallonne les moyens progressifs pour sortir de la pauvreté, via l'accès à un confort de base et à l'emploi.

    Ce plan s'articule autour de l'accès à l'insertion socioprofessionnelle, du logement et du bien-être pour tous.

    Il s’est construit en tenant compte de l’évaluation du premier Plan wallon de lutte contre la pauvreté 2014-2019 réalisée par l’IWEPS et le Réseau des correspondants pauvreté.

    Ce plan est en cours de mise en œuvre.

    Les honorables membres du Parlement pourront, à l’horizon du printemps 2023, prendre connaissance du premier rapport annuel qui fera le point sur l’état d’avancement des différents projets, mais aussi, sur les indicateurs les plus à jour développés par l’IWEPS en matière d’évaluation de la pauvreté.

    Au-delà de ce plan, on sait que la pauvreté a également une dimension plus conjoncturelle.

    Ainsi, les crises successives que nous traversons créent ou renforcent des situations de pauvreté, spécialement auprès des publics les plus vulnérables.

    Pour répondre à ces crises, le Gouvernement a mis en place une « task force » spécifiquement centrée sur l’urgence sociale.

    Celle-ci s’est d’abord réunie dans le cadre de la crise de la Covid.

    Elle fut ensuite remobilisée suite aux inondations de juillet 2021.

    Début octobre de l’année dernière, j’ai relancé les travaux de ce groupe de travail afin de centrer les débats sur la crise des prix de l’énergie, qui occupe une part importante de notre agenda politique.

    La « task force » s’est réunie dans ce cadre à plusieurs reprises et les travaux sont actuellement en cours.

    Par ailleurs, le Gouvernement a mis en place diverses initiatives qui contribuent, à leur échelle, également à la lutte contre la pauvreté en Wallonie.

    Je reviendrai, dans le cadre de cette intervention, sur deux d’entre elles.

    La première vise le lancement d’un appel à projets visant à décliner localement les mesures du Plan de sortie de la pauvreté. Cet appel vise à sortir de la pauvreté les personnes résidantes en Région wallonne et qui disposent de revenus inférieurs au seuil de pauvreté. Il porte sur un budget total de 2 250 000 millions d’euros et a été lancé fin de l’année dernière. Les porteurs de projets ont jusque fin du mois de janvier pour déposer une candidature. Ils pourront, dans ce cadre, bénéficier d’un subside maximum de 300 000 euros.

    La seconde initiative vise la mise en place d’un service d’écoute et d’accompagnement des urgences sociales au 1718. Le 1718 est un centre d’appels de l’administration. Lors de la crise du coronavirus, le menu d’entrée du centre d’appels a été modifié afin d’introduire un sous-menu « si votre appel concerne une urgence sociale, tapez 1 ». En parallèle, le Gouvernement a mis en place, en seconde ligne, une équipe d’assistants sociaux capables, après la première écoute et le décodage de la demande par un agent du 1718 en première ligne, de mettre en œuvre un suivi, d’activer des relais au sein des opérateurs de terrain institutionnels et associatifs et d’être la personne de référence de l’usager à travers toutes ses démarches.

    Ce service vient d’être prolongé pour l’année 2023 à mon initiative.

    Grâce à la gratuité de l’appel et au suivi mis en œuvre par l’équipe d’assistants sociaux, de nombreuses personnes ont pu renouer le lien avec les administrations et services, bénéficiant ainsi de revenus, d’un logement ou d’une aide psychologique.

    Je confirme que le Gouvernement collabore étroitement avec le Réseau wallon de lutte contre la pauvreté. Ce dernier est d’ailleurs reconnu par arrêté du Gouvernement du 8 mai 2014 comme réseau de lutte contre la pauvreté en Wallonie et dispose, dans ce cadre, d’un financement annuel pérenne.

    Le Gouvernement collabore également activement avec la fédération des CPAS qui, avec le Réseau wallon de lutte contre la pauvreté, constituent deux partenaires clés dans le cadre de la lutte contre la pauvreté en Wallonie.

    Ces deux acteurs sont d’ailleurs associés aux initiatives du Gouvernement explicitées ci-avant, que ce soit dans le cadre de suivi du plan de sortie de la pauvreté, de la « task force » Urgences sociales ou encore, dans le cadre de l’appel à projets évoqué ci-avant. En outre, le Réseau wallon de lutte contre la pauvreté est l’opérateur de seconde ligne du 1718 évoqué ci-avant.

    L’évaluation des politiques publiques menées pour lutter contre la pauvreté n’est pas chose aisée. En effet, s’il est bien entendu possible de suivre divers indicateurs de réalisation au fur et à mesure de la mise en œuvre des politiques publiques, leur impact sur la problématique de la pauvreté est quant à lui plus difficile à évaluer pour au moins deux raisons.

    La première : comme évoqué ci-avant, la lutte contre la pauvreté relève de différents niveaux de pouvoir indépendants qui, dans notre état fédéral, n’ont pas forcément les mêmes objectifs en la matière.

    La seconde : il est difficile de disposer d’indicateurs rendant compte des évolutions à court terme de la pauvreté pour différentes raisons techniques mieux explicitées dans le plan de sortie de la pauvreté.

    Dans ce contexte, le Gouvernement a tout de même chargé l’IWEPS de développer un tableau de bord des indicateurs permettant de suivre l’évolution de la pauvreté en Wallonie.

    Ces indicateurs seront repris dans les rapports annuels du plan de sortie de la pauvreté dont le premier numéro paraitra, comme indiqué ci-avant, au printemps 2023.