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La production de ciment sans carbone

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 458 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 18/01/2023
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Le groupe CBR a l'intention d'équiper son usine d'Antoing d'une unité hybride innovante de capture du carbone. Son four a récemment été modernisé ce qui en fait un des plus performants au monde en termes d'émissions spécifiques de CO2.

    Selon l'entreprise, le concept OxyCal, c'est son nom, permettra de réduire les émissions de CO2 d'Antoing de plus de 97 % soit environ 800 000 tonnes de CO2 capturées par an. C'est assez remarquable quand on sait que CBR figure, à côté des autres entreprises cimentières, dans la liste que m'a fournie en décembre le Ministre Borsus des 50 plus gros émetteurs de gaz à effet de serre en Wallonie. Il s'agit d'une contribution essentielle à la transition de la Belgique vers des émissions nettes de gaz à effet de serre nulles.

    Monsieur le Ministre est-il au courant de ce projet ?

    Connait-il le procédé utilisé ?

    D'autres méthodes de capture du CO2 seraient-elles applicables au secteur cimentier ?

    Dans le cadre du PACE 2030, pourrait-il être imposé aux autres usines du groupe Heidelberg et autres entreprises cimentières ?

    D'autres mesures spécifiques au secteur sont-elles à l'étude aujourd'hui pour réduire leurs émissions ?
  • Réponse du 27/02/2023
    • de HENRY Philippe
    Je suis au courant de l’intention du groupe Heidelberg de mettre en œuvre le projet Anthemis visant à capturer et stocker 800 000 tCO2 de son usine de production de clinker d’Antoing à l’horizon 2028. Une rencontre est d’ailleurs prévue prochainement entre mon administration et CBR afin de donner plus de détails sur ce projet.

    Le communiqué de presse d’Heidelberg du 10 janvier 2023 indique que le concept OxyCal qui sera mis en œuvre est un projet développé en interne. Il est donc difficile à ce stade, sans avoir plus de détails, de se prononcer sur la technologie prévue.

    Néanmoins, il est précisé que la technologie de capture combinera des procédés oxyfuel et amine. Ces deux procédés sont cités dans la littérature et le rapport spécial du GIEC concernant la capture et le stockage du CO2 édité en 2005. Le procédé oxyfuel consiste à remplacer l’air par de l’oxygène ce qui permet d’augmenter la concentration de CO2 dans les fumées. Le procédé amine est un procédé de post-combustion permettant de capter le CO2 contenu dans les fumées par absorption dans un solvant.

    D’autres technologies sont citées dans la littérature comme la séparation directe qui est utilisée dans le cadre du projet pilote LEILAC dans les usines de Lixhe et de Hanovre et le calcium looping qui a fait l’objet d’une unité pilote à Taiwan.

    Il est utile de préciser que la technologie dont parle le groupe Heidelberg pour son usine d’Antoing concerne uniquement la partie capture afin d’obtenir un flux de CO2 ayant un niveau de pureté suffisant. Afin que ces émissions soient considérées comme non émises, ce CO2 devra soit être transporté pour du stockage géologique soit être utilisé pour des applications reconnues par la règlementation européenne concernant la comptabilisation des émissions, celle-ci étant actuellement très stricte (seule l’utilisation pour la production de carbonate de calcium est actuellement reconnue).

    Le projet Anthemis devra également faire l’objet d’un examen global en termes d’impact sur l’environnement dans le cadre d’une procédure de demande de permis. Il est à ce stade prématuré de se prononcer sur le procédé ou de l’imposer à d’autres acteurs.

    J’attire l’attention de l’honorable membre sur le fait que le PACE 2030 vise en priorité à réduire les émissions dans les secteurs qui ne sont pas concernés par la directive ETS. La production du clinker qui concentre la quasi-totalité des émissions du secteur cimentier est visée par la directive ETS. Il existe donc un signal prix incitant le secteur à développer des technologies de réduction des émissions en dehors du PACE. Il est important également de préciser que ces technologies sont en constante évolution et donc sujettes à des développements et innovations.

    Finalement, le secteur cimentier devra inévitablement mettre en œuvre d’autres mesures, car les possibilités de stockage ne seront pas illimitées. De façon non exhaustive, les mesures actuellement préconisées par le secteur concernent l’utilisation de combustibles alternatifs contenant de la biomasse durable, une substitution plus importante du calcaire par des matières substitution moins carbonées, augmenter la substitution du clinker dans le ciment par des matières moins intensives en carbone, l’électrification de processus, l’amélioration de l’efficacité énergétique des fours et la récupération de chaleur.