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L'étude britannique sur l'isolation et la diminution de la consommation d'énergie

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 552 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 30/01/2023
    • de LOMBA Eric
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Le magazine Marianne a présenté une étude britannique parue en janvier 2023 concernant l'isolation des bâtiments qui m'a particulièrement marqué.

    L'étude en question a été réalisée par deux chercheuses en politiques publiques et en environnement de l'Université de Cambridge. Elles questionnent la consommation de gaz et l'impact de l'isolation de 55 000 bâtiments entre les années 2005 et 2017.

    Ce qui est décrit dans cette publication scientifique concerne les gains énergétiques liés à des travaux d'isolation notamment au niveau des murs creux et des combles. Ce qui est interpellant c'est que ces gains en matière d'énergie ont tendance à diminuer très rapidement après seulement quelques années. À titre d'exemple, l'isolation des murs creux entraine une diminution de la consommation de 7 % la première année. Ce taux chute à 2,7 % l'année suivante. Après 4 ans, l'impact devient négligeable.

    Pire, un effet pervers est mis en avant et démontre que la consommation a dans certains cas augmenté. En effet, au niveau comportemental, on constate une recherche de plus de confort : extension de l'espace, achat de nouveaux appareils qui facilitent la vie, etc. Les économies réalisées par les travaux d'isolation entraînent de nouveaux investissements générateurs de consommation énergétique. Ce qui entraine cet effet de rebond, pour reprendre les termes de l'enquête, c'est qu'isolation ne rime pas toujours avec changement de comportement.

    À l'heure où la Région investit massivement dans la rénovation énergétique des logements publics et incite les citoyens à faire de même avec les différentes primes à l'isolation et rénovation, cette étude est interpellante.

    Monsieur le Ministre a-t-il pu prendre connaissance de cette étude et quelle analyse en a-t-il pu faire ?

    Comment la Wallonie tente-t-elle d'aider le citoyen à réduire sa consommation d'énergie en ne se limitant pas à participer au financement de travaux d'isolation, mais bien en changeant les comportements dans la durée ?
  • Réponse du 28/02/2023
    • de HENRY Philippe
    Le phénomène dit d’effet rebond évoqué dans la question est bien connu. Une meilleure isolation d’une habitation entraine un meilleur confort et une utilisation différente des espaces de vie.

    Par exemple, les adolescents passent plus de temps dans leur chambre, plus facile désormais à chauffer. A contrario, dans une habitation énergivore, les familles se regroupent dans les espaces plus restreints.

    Accompagner les utilisateurs est donc essentiel si nous ne voulons pas voir les efforts d’économie due aux travaux d’isolation, ruinés par cet effet rebond.

    Le Gouvernement wallon en est bien conscient ; c’est d’ailleurs pour cela que plusieurs actions allant dans ce sens ont été proposées dans le cadre du PACE2030 discuté actuellement :
    - poursuivre les actions d'information et de sensibilisation aux enjeux de la transition climatique, notamment dans sa dimension systémique et sur la question de l'adaptation, dans les écoles primaires et l'étendre aux écoles secondaires et du supérieur, ainsi que dans le cadre des formations en alternance ;
    - soutenir les initiatives visant à accompagner la transition à l'échelle individuelle et collective, par l'expérimentation et le partage de bonnes pratiques, en tenant compte des capacités d’action de chacun (par exemple : mise à disposition de vélos électriques pour une période de test gratuite, formations à des techniques d'auto-rénovation, partage d'énergie à l'échelle d'un quartier, et cetera) ;
    - poursuivre le soutien au service citoyen et au programme « deviens ambassadeur du climat » ;
    - encourager les pouvoirs locaux à accompagner le changement sociétal par l’intégration d’actions d’exemplarité des pouvoirs publics et de soutien à la population sur des transformations profondes de comportements collectifs et individuels.

    À côté de ces actions proposées dans le PACE2030, il existe déjà actuellement des outils comme le réseau des Guichets Énergie Wallonie, qui joue un rôle essentiel d’information et de conscientisation des citoyens.

    Il y a une dimension qu’il ne faut pas oublier dans la stratégie de rénovation du bâti en Wallonie, c’est qu’à côté de l’isolation des bâtiments, dont le but est de réduire le besoin en énergie toutes autre chose étant égales par ailleurs, il est également question de produire l’énergie résiduelle nécessaire par des moyens renouvelables. De ce fait, un effet rebond s’en trouve nécessairement amorti. Plus d’énergie consommée peut-être, mais de l’énergie décarbonée.

    Avant de terminer, je me permettrai de faire remarquer que cet article publié très récemment porte néanmoins sur les années de consommations s’étalant de 2005 à 2017, période durant laquelle le contexte économique et énergétique était tout autre qu’aujourd’hui. Notamment avec des prix de l’énergie bien plus bas qu’actuellement.

    L’un des effets de la crise actuelle est que tout public consommateur est désormais sensible à ces dépenses et donc à ses consommations.

    La période difficile que nous traversons est donc propice à un début de changements de comportement.