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La nécessaire coordination interrégionale pour lutter contre la diminution de la population de chevreuils au sein de la forêt de Soignes

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 331 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 30/01/2023
    • de ANTOINE André
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    En 2021 comme en 2022, Bruxelles Environnement « tirait la sonnette d'alarme » sur la situation des chevreuils au sein de la forêt de Soignes. En effet, de plus en plus de promeneurs n'hésitent pas à s'écarter des sentiers balisés. Malheureusement, cela n'est pas sans conséquence fâcheuse puisque, par exemple, la population des chevreuils en forêt de Soignes est en constante diminution depuis 2014.

    Parmi les problèmes mentionnés, c'est l'appartenance de cette magnifique forêt à 3 régions. Il y a donc 3 réglementations différentes pour plusieurs domaines. Prenons l'exemple de la laisse pour les chiens. Côté wallon, la laisse doit être gardée en permanence. Sur la partie flamande, la laisse est obligatoire sur la majeure partie du territoire de la forêt de Soignes, sauf pour quelques zones répertoriées. Pour Bruxelles, cela dépend des panneaux disposés en fonction des sentiers. Il existe trois types de pictogrammes différents et une association se rend sur place pour informer les promeneurs avec chien. Avouons que c'est une situation kafkaïenne.

    Ainsi, beaucoup ne respectent pas ces règles qui ont pour conséquence une augmentation des chevreuils tués par des chiens.

    Quel a été le résultat du dernier comptage de la population de chevreuils au sein de la forêt de Soignes ?

    Madame la Ministre compte-t-elle, enfin, se réunir avec ses homologues régionaux afin d'élaborer une stratégie commune pour protéger la population de chevreuils ?

    Compte-t-elle réaménager les itinéraires pédestres, leurs balisages, et bien sûr, leur surveillance afin de garantir la biodiversité de ce grand « poumon vert » autour de Bruxelles ?
  • Réponse du 01/03/2023
    • de TELLIER Céline
    Comme l’honorable membre le sait, je suis particulièrement sensible à la préservation d’un équilibre entre les animaux sauvages et leur environnement, la forêt. Cette question est valable sur l’ensemble de la Région wallonne bien sûr, mais est effectivement d’autant plus sensible en forêt de Soignes, étant donné sa proximité avec la ville de Bruxelles, et les nombreuses interactions entre acteurs et utilisateurs de la forêt, et la faune qu’elle abrite.

    Il le souligne très bien, nos trois régions sont concernées par la gestion de la forêt de Soignes. Comme j’avais pu le mentionner en réponse à ses questions écrites du 22/11/2021 et du 16/06/2022 sur le même thème, les administrations régionales compétentes se concertent sur une série d’actions coordonnées dans le cadre de la gestion de ce grand massif forestier partagé. Le suivi de la population de chevreuils est une des actions menées depuis plusieurs années.

    Le résultat d’« indice Kilométriques (IK) d’abondance du chevreuil » observé en 2022 est de 0,62, et globalement similaire à celui de 2019 (0,59). Cet indice confirme bien une stabilisation de la population, bien qu’à un niveau inférieur à celui de la période avant 2014. Il faut en effet considérer deux périodes différentes depuis le début du suivi en 2008. De 2009 à 2013, l’IK est stable et le nombre de chevreuils observés par km est de 1.07. Au cours de la deuxième période, la moyenne était de 0,6 chevreuil par km. Il semble donc qu’après une période de baisse, un nouvel état d’équilibre ait été atteint. Cet état d’équilibre ne pourra être confirmé que par les résultats des prochaines années de sondage.

    Des questions restent malgré tout ouvertes concernant la fiabilité des comptages. Les scientifiques de l’INBO (Instituut voor Natuur en Bosbouw de la Région flamande) et du DEMNA (Département de l’Étude du Milieu naturel et agricole de la Région wallonne) doivent encore investiguer.

    Si un dérangement important des chevreuils peut avoir une incidence sur leur taux de natalité, il peut aussi avoir une incidence sur la détectabilité des chevreuils lors des comptages. Sous la pression humaine, les animaux pourraient adopter des mœurs de plus en plus nocturnes. Il en résulte qu’il serait plus difficile de les apercevoir lors des comptages qui ont lieu tôt le matin. Un autre facteur qui pourrait agir sur la détectabilité des chevreuils est la régénération de la forêt ces dernières années. Il est évidemment heureux que la forêt se régénère, et nous continuons bien entendu les efforts en ce sens, mais cela s’accompagne d’une plus grande fermeture du couvert forestier, rendant l’observation des animaux plus difficile. Un autre élément qui pourrait influer sur la population de chevreuils est le fait qu’il n’y a pas suffisamment d’arrivages d’animaux venant de l’extérieur. Le massif est en effet à la fois assez isolé et fragmenté, notamment en raison de l’installation de clôtures le long des grands axes routiers qui le traversent.

    Il semble opportun d’avoir toute la lumière sur ces questions avant de réfléchir à un potentiel réaménagement des itinéraires pédestres, d’envisager un renforcement significatif de la surveillance ou de proposer une stratégie spécifique au chevreuil en forêt de Soignes dont, par ailleurs, l’initiative ne devrait pas revenir à la seule Région wallonne dans la mesure ou la grande majorité du territoire de la forêt de Soignes est située dans les deux autres Régions.

    Faire respecter le Code forestier, qui oblige le public à garder les chiens en laisse, à rester sur les chemins, reste une priorité quotidienne pour les services forestiers. Je continue à faire confiance à mon administration pour gérer ces aspects de bonne cohabitation, pour une forêt gérée durablement, la préservation de ses espèces animales et végétales, et le respect de l’ensemble de ses usagers.