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L’évolution de la navigation intérieure en Wallonie

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 594 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 01/02/2023
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Le 25 janvier, De Vlaamse Waterweg a publié des statistiques concernant le transport de marchandises sur les cours d'eaux de Flandre. Il a diminué de 4,8 % en 2022 alors que le nombre de conteneurs est repassé sous la barre du million.

    Un peu plus de 68 millions de tonnes de marchandises ont été transportées de la sorte, soit 2,72 millions de trajets en camion. Ce sont quand même 3,5 millions de moins qu'en 2021.

    « La navigation intérieure reste un atout important pour la mobilité et le climat en Flandre. Nous continuerons à investir dans les prochaines années tant dans l'infrastructure que dans le « changement de mentalité » des entrepreneurs flamands. » a déclaré à cette occasion Lydia Peeters, la Ministre flamande de la Mobilité.

    Dispose-t-on de statistiques concernant les voies d'eau en Wallonie ?

    Note-t-on également un recul ? Comment expliquer cette évolution ?

    La Wallonie investit-elle également dans le changement de mentalité des entrepreneurs ?
    De quelle manière ?

    Monsieur le Ministre s'est-il fixé des objectifs à court et moyen termes ?

    Que va-t-il mettre en place pour les atteindre ?
  • Réponse du 02/03/2023
    • de HENRY Philippe
    Nous avons un réseau navigable dont nous pouvons être fiers et qui fait de la Wallonie un partenaire-clé de la voie d’eau européenne.

    Comme la Flandre, nous disposons de statistiques détaillées pour les voies d’eau. En 2022, ce sont plus de 34 millions de tonnes de marchandises qui ont été acheminées par le réseau navigable wallon. Cela représente environ 1,36 million de trajets en camion en reprenant l’hypothèse optimiste de 25 tonnes de marchandises transportées en moyenne par camion. Pour comparer la diminution de -4,8 % du transport de marchandises observée en Flandre, c‘est une diminution bien plus faible de -0,49 % qui a été observée en Wallonie en 2022, qui est donc une année de stabilisation par rapport à 2021.

    C’est une bonne chose dans un contexte de sécheresse extrême qui a notamment impacté la navigation marchande sur le Rhin, principale artère fluviale du réseau nord-européen. Côté wallon, l’impact de cette sécheresse a été remarquablement limité. Dans un souci d’économiser au maximum l’eau, des mesures de regroupement des bateaux ont été prises sur une grande partie de notre réseau, mais sans jamais arrêter la navigation tout au long des 3 mois de sécheresse. Ce qui n'a pas nécessairement été le cas chez nos voisins, et en particulier sur le Rhin. Je vois à travers cette réelle performance le résultat d’une modernisation de nos ouvrages de régulation et de la concertation étroite et intense opérée en interne au sein du SPW Mobilité et Infrastructures mais également entre gestionnaires de la voie d’eau puisque ce sont les eaux de la Meuse (et de ses affluents) qui alimentent le canal Albert et la Meuse hollandaise.

    Néanmoins, en prenant en compte les trois dernières années, je dois constater que le repli du transport de marchandises par voie d’eau est de l’ordre de -4.59 %. Il s’agit d’une tendance qui reflète la dynamique économique du nord de l’Europe. Ce changement structurel rapide amorcé depuis une vingtaine d’années est explicable par la mutation du paysage industriel wallon (extinction de l’exploitation minière, disparition de la phase à chaud, et cetera).

    Les exportations, globalement stables à l’échelle de la dernière décennie, sont marquées depuis 2018 par un léger repli. Les importations se sont contractées de moitié durant la même période. Quant au trafic de transit, il représente 1/3 de l’ensemble du trafic et témoigne de la position de plus en plus stratégique du réseau wallon au cœur de l’Europe. Les flux internes, wallo-wallons, restent assez marginaux (aux alentours de 2,5 %).

    Il faut par ailleurs rappeler que, malgré ce contexte et cette évolution globalement défavorables ces dernières années, avec 34 millions de tonnes de marchandises pour un réseau de 450 km de voies navigables, la Wallonie se situe parmi les grands acteurs du fluvial européen. À titre de comparaison, la France ne transporte que deux fois plus de marchandises sur ses 6 000 km de réseau tandis que l’Autriche réalise trois fois moins avec 450 km du Danube. Le transport fluvial wallon reste donc une de ses forces économiques et logistiques.

    Concernant le changement de mentalités des entrepreneurs, mon administration met en place un travail de sensibilisation permanent auprès des entreprises afin d’opérer un transfert modal de la route vers la voie d’eau. Celui-ci comporte des rencontres annuelles telle que la journée du transport et de l’intermodalité, des conseils directs, la participation à des salons, des publications et des aides directes aux entreprises qui investissent dans du matériel ou des infrastructures de transbordement. Les bateliers sont également soutenus dans leurs démarches de modernisation de leurs équipements au travers de primes accordées par mon homologue en charge de l’économie et dont les dossiers sont instruits par mon administration. Les différents ports autonomes sont également des acteurs essentiels dans ce travail de sensibilisation et d’attractivité du transport fluvial au travers de la mise à disposition d’infrastructures d’accueil dédiées au développement économique en bord de voie d’eau.

    Par ailleurs, la disponibilité de la voie d’eau est un facteur déterminant pour son attractivité, c’est la raison pour laquelle des travaux de modernisation sont entrepris sur l’ensemble du réseau : dans le cadre du projet Seine-Escaut avec l’appui de l’Europe ou pour les écluses de la région liégeoise. Enfin, la mise en route du projet Perex 4.0 amènera un meilleur niveau de service qui se traduira notamment au travers d’une plus grande plage horaire d’ouverture des sites éclusiers de la dorsale wallonne et d’une optimisation des interruptions de manœuvre dues aux nécessaires travaux d’entretien et de réparation à prévoir sur les ouvrages hydrauliques.

    Si la Wallonie a peu de prise sur la dynamique économique du nord de l’Europe, elle peut agir sur les leviers qui viennent d’être cités. L’enjeu est important puisqu’il s’agit de réduire les gaz à émissions de serre à l’horizon 2030 de 55 % globalement et que le transport de marchandises est un des contributeurs importants. À cet égard, la Stratégie régionale de mobilité des marchandises vise à transporter moins, mieux et autrement, ce qui implique entre autres un usage renforcé de la voie d’eau.