/

L'adaptation des aéroports wallons à la future tour de contrôle virtuelle

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 150 (2022-2023) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 01/02/2023
    • de LEONARD Laurent
    • à DOLIMONT Adrien, Ministre du Budget et des Finances, des Aéroports et des Infrastructures sportives
    Prochainement, les tours de contrôle des aéroports wallons deviendront virtuelles. Les contrôleurs de Skeyes se trouveront donc à Namur et y gèreront tant l'aéroport de Charleroi que l'aéroport de Liège. Les équipages effectuant le contrôle au sol, de la tour ou de l'approche ne pourront donc plus assurer un contrôle visuel des appareils et devront se fier aux radars au sol, aux radars secondaires.

    Cette situation future ne rendrait-elle pas la gestion d'une situation d'urgence inédite complexe ?

    Les services des aéroports doivent-ils ou se sont-ils adaptés à cette future réalité ?

    Les tours de contrôle, physiquement déjà installées dans les deux aéroports resteront-elles en activité d'une manière ou d'une autre ?
  • Réponse du 23/02/2023
    • de DOLIMONT Adrien
    À l’heure actuelle, les aéroports de Liège et Charleroi ne disposent pas de tours de contrôle de contingence permettant d’assurer la continuité des services de navigation aérienne en cas d’indisponibilité des tours de contrôle. Il est impératif de remédier à cette situation afin de répondre aux exigences de l’Agence européenne de la sécurité aérienne.

    La mise en œuvre des tours de contrôle digitales traduit la volonté pour la Wallonie de s’inscrire dans le cadre d’un écosystème numérique ambitieux.

    Les deux tours de contrôle existantes devront en outre être rénovées.

    Face à ce constat, la décision d’investir dans le projet de tours digitales fait suite à la visite en 2018, par une délégation composée des deux Sociétés de gestion, de la SOWAER et de SKEYES, d’une tour de contrôle numérique opérationnelle en Suède.

    Les deux avantages majeurs d’un tel système sont :
    - d’une part, la possibilité de disposer d’une « vigie » à une hauteur raisonnable, donc nettement moins coûteuse à la construction ;
    - d’autre part, de pouvoir installer ces tours numériques à distance des aéroports. Seuls les caméras et les équipements électroniques de visualisation, de navigation et/ou de surveillance restant sur site.

    Les tours numériques ne sont donc pas seulement de simples substituts aux tours traditionnelles, elles offrent également de nombreux avantages financiers, organisationnels et opérationnels par rapport à des tours conventionnelles.

    Les résultats de l'étude coûts-bénéfices réalisée par la SOWAER et SKEYES sur les différents scénarios possibles montrent ainsi que les tours de contrôle numériques constituent la meilleure option pour garantir la continuité des services de navigation aérienne et répondre au mieux au développement des aéroports wallons.

    Les plus-values offertes à la Wallonie par ces tours sont entre autres :
    - une opérationnalité accrue : les caméras qui remplacent l’œil humain avec une vision 360° sont plus efficaces en cas de « low visibility » par exemple ;
    - une gestion du personnel facilitée grâce à l’installation des 2 tours digitales côte à côte dans une salle opérationnelle située à mi-chemin entre les deux aéroports ;
    - une communication et des synergies favorisées entre l’opérateur de contrôle aérien et la SOWAER qui fréquenteront le même site ;
    - une infrastructure centrale en Région wallonne ;
    - le bien-être des travailleurs assuré grâce au nouveau projet qui devra tenir compte des besoins et réalités des contrôleurs afin de leur assurer des conditions de travail optimales.

    Dans le cas particulier des aéroports de Liège et Charleroi, ces tours auront donc un double objectif :
    - elles permettront de disposer dans un premier temps de tours de contingence qui font actuellement défaut et de maintenir ainsi l'opérationnalité totale des aéroports en cas de problèmes ou de travaux dans les tours actuelles.
    - dans un second temps, à l’instar de ce qui s'est passé en Suède, les tours numériques deviendront rapidement les unités opérationnelles principales.

    Au niveau de la sécurité du système, les exigences techniques sont bien entendu très strictes.

    Nous pouvons citer plusieurs exemples :
    - une alimentation sans interruption (UPS) et une redondance des systèmes ;
    - un blindage électromagnétique ;
    - un étage avec une entrée de sécurité séparée pour ce qui concerne l’espace opérationnel.

    Le développement de cette tour a été effectué en collaboration avec SKEYES sur base d’un accord-cadre, définissant la participation de chacun. Les spécificités techniques retenues ont ainsi été prises d’un commun accord afin de garantir la sécurisation des installations.

    La mise en service de cette première tour numérique en Belgique est prévue pour 2026. Néanmoins, depuis fin aout 2022, un simulateur a déjà été installé dans les locaux de Skeyes à Steenokkerzeel pour permettre aux contrôleurs aériens de se familiariser.

    En ce qui concerne les tours actuelles, le scénario envisagé pour l’instant prend toujours en compte la rénovation des tours conventionnelles afin de garantir le maintien d’une infrastructure de base qui servira de contingence au centre de tours digitales au sein même de l’aéroport. Néanmoins, différentes options sont actuellement envisagées afin de réduire les coûts, d’accroitre la résilience et de solutionner certaines problématiques.