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La prévention de l'utilisation de benzodiazépines et médicaments apparentés à long terme en Région wallonne

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 262 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 10/02/2023
    • de DURENNE Véronique
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    D'après les résultats d'une enquête de l'Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS), en Belgique, 92 % des patients consommant des somnifères sont des utilisateurs de longue durée, soit un mois et plus. Et 84 % des patients sont même des utilisateurs de très longue durée, ce qui équivaut à 6 mois ou plus.

    L'enquête indique également que les recommandations sur la durée de traitement ne sont suivies ni par les patients ni par les professionnels de la santé qui continuent à prescrire ces médicaments sur le long terme. Pourtant, un usage chronique est déconseillé en raison du risque accru de dépendance et d'abus.

    L'AFMPS rappelle que les benzodiazépines peuvent induire, entre autres, des troubles du système nerveux ou psychiatriques et augmenter les risques de chute chez les personnes âgées.

    L'agence conclut en soulignant que la dépendance aux somnifères, dont les benzodiazépines, est un problème de santé publique et que leur consommation est d'ailleurs en forte augmentation en Belgique.

    Quelles sont les mesures de Madame la Ministre en place pour faire face à cette problématique ? Ces aspects sont-ils intégrés dans le Plan prévention et promotion de la santé et dans ses arrêtés d'exécution ?

    A-t-elle rédigé de nouvelles consignes et/ou convoqué des réunions de travail, régionale et/ou interfédérale, avec les professionnels de la santé afin, d'une part, de repenser de manière plus globale la prévention de l'utilisation de ce type de médicaments à long terme et, d'autre part, d'améliorer la diffusion d'information à caractère médicale au grand public ?

    Vu les expressions du rapport sur une relative inefficacité des campagnes et mesures de prévention, quels remaniements a-t-elle effectués en matière d'information et de prévention à destination des Wallons ?
  • Réponse du 07/03/2023
    • de MORREALE Christie
    Comme l’honorable membre le mentionne dans sa question, l’usage de benzodiazépines peut entraîner de lourdes conséquences et leur prescription doit être mûrement réfléchie.

    En effet, l’effet sédatif des benzodiazépines peut être gênant et dangereux. Leur utilisation comme hypnotique peut entraîner un effet résiduel (« hang-over ») qui peut durer parfois plusieurs heures. Une sédation prolongée et exagérée peut survenir, surtout à des doses élevées, chez les personnes âgées (risque d’amnésie rétrograde, de chute avec fracture de la hanche), en cas d’affections hépatiques, et lors de l’utilisation concomitante d’autres médicaments à effet dépresseur ou d’alcool. Des réactions dites paradoxales avec aggravation de l’insomnie, anxiété, voire agressivité, ont été décrites avec différentes benzodiazépines.

    Ensuite, à l’échelle de la Wallonie, la programmation adoptée le 1er septembre 2022 mettant en œuvre le Plan wallon Promotion de la santé et prévention intègre dans ses axes prioritaires :
    - la prévention des usages addictifs et la réduction des risques ;
    - la promotion d’une bonne santé mentale et du bien-être global.

    Par conséquent, nos politiques de santé intègrent donc bien les problématiques liées à la surconsommation de médicaments.

    Parallèlement, soulignons positivement la campagne lancée par le Fédéral et l’implication des pharmaciens pour parvenir à réduire progressivement les doses.

    Par ailleurs, il existe une plateforme : BelPEP (Belgian Psychotropics Expert Platform), multidisciplinaire, coordonnée par le SPF Santé publique, qui a pour objectif de favoriser un usage adéquat des médicaments psychoactifs. Des outils ont été développés à destination des médecins généralistes et des pharmaciens concernant les benzodiazépines (somnifères et calmants) et les antidépresseurs, sous forme de formats imprimables (matériel pour les salles d’attente et les officines) et e-learning. L’objectif de cette plateforme est de promouvoir un usage rationnel des psychotropes et d’éviter les primo-prescriptions lorsque cela est possible.

    Plusieurs groupes de travail ont été mis en place au sein de cette plateforme :
    - groupe 1 : usage rationnel des psychotropes auprès des enfants et des jeunes ;
    - groupe 2 : usage rationnel auprès des adultes non institutionnalisés ;
    - groupe 3 : usage rationnel auprès des personnes âgées institutionnalisées ;
    - Comité de coordination ayant pour but d’assurer la cohérence.

    L’AViQ participe au comité de coordination. Divers outils ont été produits pour soutenir les professionnels dans leur pratique. Par exemple, deux sites web ont été créés pour recueillir des informations scientifiques récentes :
    - un site web sur le diagnostic et la gestion du TDAH (www.trajet-tdah.be) ;
    - un site web relatif à la prescription adéquate des somnifères et des analgésiques (www.somniferesetcalmants-manuelaide.be).

    Une formation disponible en ligne (www.e-learninghealth.be) et dans les Groupes Locaux d’Evaluation Médicale (GLEM) est mise à la disposition des médecins généralistes sur l’utilisation rationnelle des benzodiazépines entre-autres.

    De leur côté, les cercles de médecine reçoivent les différentes recommandations d’usage et de prescription relatives aux molécules médicamenteuses par l’AFMPS, et les communiquent aux médecins inscrits dans le cercle.

    Pour finir, les médecins coordinateurs présents au sein des maisons de repos, par leurs missions, peuvent sensibiliser les médecins traitants et la population à la surconsommation de ce type de médicaments.