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L'écart entre les finances publiques des entités fédérées

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 166 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 10/02/2023
    • de ANTOINE André
    • à DOLIMONT Adrien, Ministre du Budget et des Finances, des Aéroports et des Infrastructures sportives
    À en croire Bart Van Craeynest, économiste en Chef au Voka, la Flandre et la Wallonie continuent de s'éloigner l'une de l'autre sur le plan économique. Au cours des dernières semaines, des signaux inquiétants concernant les finances publiques des gouvernements régionaux sont à nouveau apparus. En fait, seule la Flandre est sur la voie d'un retour à l'équilibre budgétaire dans un délai raisonnable. Bruxelles et la Wallonie sont confrontées à des déficits budgétaires insoutenables et rien n'indique que la situation va s'améliorer de sitôt. Cette situation budgétaire est évidemment la conséquence de choix politiques, mais elle est au moins partiellement due à la divergence économique entre les régions.

    Et, selon cet économiste toujours, cette divergence continue de s'accentuer à mesure que les dynamiques économiques des régions belges continuent de diverger. Depuis 1990, l'économie flamande a connu une croissance supérieure de 20 % à celle de la Wallonie et de 35 % à celle de Bruxelles. Et cette divergence se reflète également sur le marché du travail, dans les taux de pauvreté et dans les finances publiques. Ce type de divergence persistante finit également par influencer les préférences politiques et alimente ainsi la polarisation politique. Tant que cette divergence économique persistera, il est peu probable que cette dernière s'améliore de sitôt.

    Et la conclusion est cinglante pour lui : l'approche actuelle, qui combine des politiques fédérales encore largement uniformes dans des domaines tels que la fiscalité, la réglementation du marché du travail et la fixation des salaires, et des pouvoirs régionaux, avec une autonomisation somme toute limitée des régions, ne parvient manifestement pas à inverser cette divergence. Pour cela, il faut davantage de politiques à portée régionale, où les mesures peuvent être mieux adaptées à la situation locale, par exemple sur le marché du travail. Toutefois, cela doit s'accompagner d'une responsabilisation claire par laquelle les autorités concernées sont confrontées aux résultats de leurs choix politiques.

    Une politique plus importante entre les mains des régions, associée à une responsabilisation pour leurs propres choix, semble aujourd'hui inenvisageable pour beaucoup de personnes, mais la divergence économique ne disparaîtra pas d'elle-même. Et la polarisation politique qui n'en résulte probablement pas non plus.

    Si à titre personnel je ne partage pas cette conclusion, le mot est lâché : le Voka semble clairement plaider pour une responsabilité accrue des Régions ou, pour le dire autrement, la Flandre et son patronat en ont marre de payer pour une Wallonie plus endettée que jamais et qui ne sait ni se gérer économiquement, ni financièrement.

    Que pense Monsieur le Ministre de ces propos ? Les partage-t-il ?

    Quelles conclusions fonctionnelles et politiques en tire-t-il ?

    Comment voit-il l'avenir de la Wallonie dans un contexte annoncé (par les politiques flamands et par le patronat maintenant) de nouvelle réforme de l'État ?

    Quelles réponses peut-il apporter à la Flandre quant à sa gestion ?
  • Réponse du 16/03/2023
    • de DOLIMONT Adrien
    Je remercie l’honorable membre pour sa question. Dans cette dernière, il convient de rappeler que les appels à l’autonomie régionale vont se multiplier d’ici 2024, que ce ne sera pas la dernière fois que nous allons avoir droit à ce discours et qu’on peut s’attendre à entendre le Voka de nombreuses nouvelles fois sur le sujet.

    Il y a des éléments historiques que nous connaissons tous et un contexte général historique.

    La Flandre et la Wallonie ont des profils économiques différents. La conduite de la transition industrielle de la Wallonie, en cours depuis de nombreuses années, représentant un défi majeur au long cours. Cette transition s’accompagnant de difficultés que d’autres régions d’Europe au profil similaire rencontrent également.

    Ces différences économiques ont des répercussions sur les finances publiques des deux régions. En raison de son économie plus diversifiée, la Flandre est plus riche et génère plus de revenus fiscaux que la Wallonie. Cela a conduit à des transferts financiers de la Flandre vers la Wallonie pour aider à soutenir les finances publiques de cette dernière région.

    Les transferts entre Régions sont classiques dans un État fédéral.

    Les conclusions politiques sont claires.

    La Wallonie a besoin d’atteindre de meilleurs résultats socio-économiques, de meilleurs résultats en termes de formation, d’accès au travail et de réduction de la pauvreté. Ce serait la meilleure réponse pour notre population et la meilleure réponse à la Flandre. Il ne suffit de crier que nous sommes fiers d’être wallons, il faut aussi que nous obtenions des résultats concrets.

    Un retour à l’équilibre budgétaire et le maintien d’une dette soutenable dans les meilleurs délais sont également des objectifs de gestion responsable à atteindre dans les prochaines années.