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La compensation carbone des aéroports wallons

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 169 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 10/02/2023
    • de FLORENT Jean-Philippe
    • à DOLIMONT Adrien, Ministre du Budget et des Finances, des Aéroports et des Infrastructures sportives
    « Les bénéfices climatiques de la “compensation carbone” sont au mieux exagérés, au pire imaginaires ». Voilà ce qu'une enquête menée par plusieurs médias internationaux a révélé des pratiques du leader mondial de certification des compensations carbones, Verra. (https://www.theguardian.com/environment/2023/jan/18/revealed-forest-carbon-offsets-biggest-provider-worthless-verra-aoe).

    Seuls 5,5 % des compensations certifiées, ou « crédits carbones » représentaient une réelle mesure de compensation à la pollution. 94,5 % de ces crédits ne sont que des crédits vides, sans aucune plus-value climatique.

    Cela signifie que toute stratégie de réduction d'émissions qui intègre la compensation carbone, se base sur du vent.

    Se pose dès lors la question de la conséquence de ces révélations pour nos aéroports wallons.

    Liege Airport s'est associé avec une ONG pour compenser ses émissions. Liege Airport avait annoncé que ses émissions de CO2 diminueraient de 75% entre 2017 et 2030. Grâce à la compensation des émissions résiduelles via des projets durables tels que celui-ci, Liege Airport peut prétendre viser le zéro carbone à cette même date », nous annonce-t-on sur le site de l'aéroport. Or, la valeur réelle de cette compensation est potentiellement nulle.

    L'aéroport de Charleroi, lui, vise également la neutralité carbone pour 2050. En 2019 il a généré 4,505 millions de tonnes de CO2. D'ici 2030, l'aéroport s'engage à réduire de 35 % ce taux. L'aéroport a d'ailleurs obtenu le label « airport carbon accredited », qui confirme le recours à ce mécanisme de compensation carbone, incriminé par cette enquête.

    Monsieur le Ministre a-t-il pris connaissance de cette enquête, et de ses résultats ?

    Quel impact cette étude aura-t-elle sur la politique aéroportuaire wallonne ?

    Quel suivi assure-t-il du respect des engagements environnementaux et climatiques des aéroports de Liège et de Charleroi ? Avec quelles conséquences pour les aéroports en cas de non-respect ?
  • Réponse du 10/03/2023
    • de DOLIMONT Adrien
    Concernant l’aéroport de Charleroi, BSCA n’a actuellement pas recours à la compensation carbone. Cela n’est d’ailleurs pas une obligation et ne fait pas partie de la volonté de notre aéroport pour l’instant.

    Le but poursuivi à ce jour est la réduction des émissions de CO2 produites. Une compensation des émissions résiduelles n’est envisagée qu’après 2040.

    À cet effet, BSCA travaille avec les acteurs du monde du transport sur les Scope 1 (émissions directes de l’entreprise), 2 (émissions liées à la production d’énergie qu’elle utilise) et 3 (émissions indirectes dans la chaine de valeur) dans une voie visant à suivre une démarche de neutralité.

    Par ailleurs, BCSA a pris l’initiative d’imposer aux compagnies qui opèrent sur le site d’intégrer une part de carburant durable (SAF) dans leur prochain appel d’offre « fuel » et d’en augmenter progressivement les quantités.

    Ces engagements sont intégrés dans les contrats signés avec les nouvelles compagnies aériennes.

    Concernant l’aéroport de Liège, l’ambition de Liege Airport est bien de diminuer de 75 % ses émissions réelles de gaz à effets de serre entre 2017 et 2030 et de compenser uniquement les 25 % estimés d’émissions résiduelles, tout en continuant de travailler à la réduction de ces dernières.

    Actuellement, les plantations d’arbres financées par Liege Airport ne sont pas certifiées par un organisme international, car le montant qui devrait être alloué à la certification impacterait négativement les montants alloués aux plantations.

    En 2030 au plus tard, cette certification des compensations sera indispensable et Liege Airport adaptera les montants alloués en conséquence. En ce sens, Liege Airport sera vigilant sur le choix de l’organisme de certification et exigera toutes les preuves du respect des standards internationaux.

    La société respecte les obligations environnementales qui lui sont imposées et respecte également ses engagements en la matière. La récente certification de l’aéroport au niveau 3 de l’Airport Carbon Accreditation en est une preuve.

    Enfin, affirmer que « toute stratégie de réduction d'émissions qui intègre la compensation carbone se base sur du vent » est un raccourci que je ne m’approprie pas même s’il est évident que les entreprises doivent adopter prioritairement des pratiques durables et réduire autant que possible leurs propres émissions de gaz à effet de serre. Démarches déjà largement initiées par nos deux aéroports.