La croissance d’un réseau de stations à hydrogène pour les poids lourds en Europe
- Session : 2022-2023
- Année : 2023
- N° : 665 (2022-2023) 1
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Question écrite du 14/02/2023
- de MAUEL Christine
- à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
Cette initiative permettra sans conteste de contribuer à faciliter l'accès à l'hydrogène, permettant ainsi d'en développer l'usage dans le transport de marchandises. Cette nouvelle est également importante pour le renforcement de cette filière.
Monsieur le Ministre a-t-il été averti d'un potentiel projet de station à hydrogène pour les poids lourds en Wallonie ?
Si tel est le cas, peut-il apporter quelques précisions ?
La Wallonie soutiendrait-elle la pose de ces stations sur son territoire ?
Réponse du 17/03/2023
- de HENRY Philippe
Cependant, l’hydrogène coûte cher à fabriquer, tant financièrement qu’énergétiquement. Et les sources d’électricité verte sont insuffisantes sur le territoire régional pour pouvoir envisager de couvrir par une production locale l’ensemble des besoins en hydrogène. L’importation d’hydrogène vert sera donc un élément du futur paysage énergétique wallon.
Aussi convient-il d’envisager l’utilisation de l’hydrogène avec un esprit critique. À l’heure actuelle, il faut réserver son usage à des situations où il représente la seule possibilité de réduction des rejets en CO2. Le transport routier lourd (semi-remorques) en est un exemple. La plupart des pays européens envisagent d’ailleurs la conversion progressive de leur flotte de transporteurs routiers du mazout vers l’hydrogène.
Selon une étude prête à paraître, réalisée par le BENELUX, la demande annuelle en hydrogène pour le transport par camions de la flotte routière belge se situerait entre 4 000 et 48 000 tonnes par an en 2030, entre 193 000 et 289 000 tonnes par an en 2040 et entre 435 000 et 598 000 tonnes par an en 2050. En outre, la Belgique, et la Wallonie en particulier, constituent des zones de transit pour le trafic routier international. Il est donc essentiel de disposer d’un réseau de stations d’approvisionnement en hydrogène (HRS pour Hydrogen Refuelling Station) suffisamment dense, mais aussi réellement approvisionné en hydrogène produit sans émission de CO2.
À l’heure actuelle, il n’existe encore aucune HRS en Wallonie. Il en existe une à Bruxelles-Zaventem et quatre en Flandres (Hal, Wilrijk, Haasrode et Erpe-Mere, toutes appartenant à DATS).
L’importance de cet enjeu ne nous a pas échappé. L’Administration débutera très prochainement l’élaboration d’un plan stratégique wallon pour l’hydrogène, sur base d’une méthode collaborative associant les cabinets concernés, un groupe d’experts et des stakeholders représentatifs de l’ensemble de la société wallonne. Il sera élaboré en deux phases :
1) Dans le courant du premier semestre 2023, une vision et des objectifs stratégiques assortis de grandes lignes de développement possibles seront soumis à l’approbation du Gouvernement wallon, qui en affinera les axes prioritaires.
2) Ensuite, les travaux se poursuivront avec les stakeholders et les experts pour décliner ces objectifs stratégiques en objectifs opérationnels et jusqu’au niveau des actions. Ce plan intégré détaillé sera soumis au Gouvernement wallon courant 2024.
Ce plan stratégique couvrira toutes les implications de l’incorporation de l’hydrogène dans le paysage énergétique wallon, y compris la manière dont le Gouvernement envisage le déploiement structuré des HRS sur son territoire, en complément de celles qui y auront déjà été installées.
En effet, des initiatives sont déjà prises en ce sens sur le terrain. Certains projets de HRS sont strictement liées à des projets subsidiés en cours, tels ceux de l’appel à projets en matière d’hydrogène lancé en 2021 avec une HRS prévue notamment à Ollignies. D’autres le sont à l’initiative d’entreprises privées, telles 4 HRS envisagées dès 2021 par Luminus et Ideta dans le Hainaut occidental, ou DATS pour une HRS qui devrait ouvrir à Herve en 2023, ou des initiatives telles celle présentée début février par Air Liquide et TotalEnergies. Toutes ces HRS se trouveront à proximité de sorties autoroutières.
L’engagement de ces sociétés dans le domaine de l’hydrogène, et plus particulièrement dans la filière du transport routier lourd, contribuera utilement à la réalisation des objectifs que se fixera la Région dans son plan stratégique.
Toutefois, c’est l’ensemble du trafic routier du futur qui doit être pensé. Le trafic routier sur batteries (pour les véhicules légers) doit également être pris en compte. Aussi, l’approvisionnement du trafic routier global est dès maintenant pensé au sein de l’Administration tant en termes d’électrification directe (recharge des batteries) qu’indirecte (via l’hydrogène).
Les futurs sites de recharge devraient donc idéalement couvrir ces deux aspects. En outre, la liaison avec l’utilisation de l’hydrogène dans le domaine fluvial, de même que son approvisionnement via ce mode de transport, devront aussi être pris en compte dans le choix des lieux d’implantation des HRS.