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Le futur de la filière bois en Wallonie

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 411 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 14/02/2023
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Parmi les ressources de la Wallonie, le bois sous toutes ses formes en est une des principales. Pourtant, la Wallonie n'a pas manqué d'être frappée par une crise. Il y a quelques mois, en effet, les grumes trouvaient acquéreurs en Chine à prix d'or et le produit bois semi-fini en planche revenait alors sur le marché avec une plus-value conséquente mettant à mal tout le secteur en Wallonie.

    Afin de réagir à cette situation, la Région a mis en place divers appels à projets visant à redynamiser ce secteur, c'est ainsi que nous pouvions apprendre que la coopérative liégeoise « Les copains du bois » avait été choisie par la Wallonie parmi d'autres lauréats afin de relancer la filière. Cette coopérative tente de regrouper tous les acteurs du propriétaire aux transformateurs en passant par les professionnels du bois, comme les menuisiers ou les charpentiers.

    Si l'on peut se réjouir des perspectives pour cette société, il convient toutefois de se poser des questions sur les approvisionnements et la pérennisation de ceux-ci pour nos acteurs locaux.

    Mes questions visent à savoir si Monsieur le Ministre peut nous dire quelles sont les perspectives pour ce secteur d'activité porteur d'emplois en Wallonie ?

    Qu'en est-il des autres lauréats et comment ceux-ci interviendront-ils à l'avenir et avec quelles retombées attendues ?

    Enfin, qu'en est-il d'une politique visant à garantir l'accès aux approvisionnements, c'est-à-dire la possibilité pour les acteurs locaux de pouvoirs acquérir du bois en Wallonie et non plus en devant s'approvisionner auprès de sociétés chinoises ou étrangères  ?
  • Réponse du 06/03/2023
    • de BORSUS Willy
    Deux constats se posent aujourd’hui :
    - seulement 5 % de l’accroissement annuel des bois feuillus est scié en Wallonie, et la récolte ne représente que 65 % de l’accroissement annuel (1,5 million de m³) ;
    - les scieries de bois feuillus travaillent en moyenne à 65 % de leur capacité.

    Il est donc important de rappeler que le marché chinois constitue un débouché utile pour beaucoup de bois feuillus qui ne trouvent plus de marché chez nous tels que le hêtre, le frêne, mais aussi l’épicéa en cas de surabondance pour des raisons sanitaires. Il faut rappeler également que ce sont bien des entreprises belges qui vendent aux acquéreurs chinois et que ces ventes sont nécessaires au bon fonctionnement de l'économie.

    Aussi, contrairement à une idée reçue, les produits finis ne reviennent que partiellement chez nous. Ils sont largement absorbés par le gigantesque marché chinois en pleine émergence (développement d’une middle class). Cependant, la part qui en revient reste importante à notre échelle.

    L’approvisionnement des bois feuillus ne pose pas de problème sauf pour une essence : le chêne. Afin de garantir l’approvisionnement en chêne des scieries wallonnes, trois mécanismes ont été mis en place : la vente de gré à gré en collaboration avec les communes, le warrantage et la promotion de l’usage du bois local via la marque « Bois Local – Notre savoir-faire », créée à l’initiative de l’OEWB.

    D’une part, il est regrettable aujourd’hui de ne pas capter la valeur ajoutée de la transformation des bois feuillus. D’autre part il est important de préparer la filière du bois feuillu à la forêt de demain. C’est pourquoi le Gouvernement a lancé l’appel à projet « Valorisation des bois feuillus » (projet n°107) visant les deux objectifs suivants :
    1. offrir à la filière wallonne de valorisation des bois feuillus les capacités de s’adapter à la ressource future produite par une forêt plus résiliente ;
    2. augmenter la compétitivité des entreprises wallonnes leur permettant d’être plus concurrentielles vis-à-vis des marchés étrangers qui absorbent une très grosse part de la matière première issue de nos forêts et la transforment avec des coûts de production inférieurs.

    L’honorable membre pourra trouver de plus amples informations sur les lauréats du premier appel à projets via le lien suivant - https://borsus.wallonie.be/home/communiques-depresse/communiques-de-presse/presses/valorisation-et-transformation-locale-du-bois-feuilluen-wallonie-les-23-laureats-des-appels-a-projets-sont-connus.html.

    Au-delà de la volonté du secteur de se développer et de se moderniser, les différents contacts établis par l’OEWB dans la gestion de cet appel à projets semblent également révéler l’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché de la transformation des bois feuillus motivés par la transformation locale de la ressource. Ces unités, très souples, répondent à une demande des consommateurs d’une matière très locale. En réaction face au phénomène de l’exportation de matière vers des horizons très lointains, elles proposent des produits qui véhiculent une histoire, en connexion étroite avec le patrimoine local : une forme d’appropriation de la matière et de son origine. De nombreux projets de scieries mobiles (notamment « Les copains des bois ») sont en émergence. La seconde transformation wallonne semble, elle aussi, soucieuse d’investir de plus en plus dans le sciage afin de maitriser ses approvisionnements en termes de prix, de délai, de qualité et de caractéristiques en liaison plus étroite avec ses exigences, sans doute en réponse avec la flambée des prix des matières premières post Covid. Ce qui se résumait à quelques signaux jusqu’il y a quelques mois semble se confirmer. Ce phénomène fera l’objet d’une analyse plus poussée de la part de l’organe fusionné rassemblant l’OEWB et le RND afin de trouver des solutions d’accompagnement appropriées et de faciliter leur mise en place.