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Le risque de destruction d’une forêt ancienne à Harchies

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 369 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 14/02/2023
    • de DESQUESNES François
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Fin janvier, les habitants d'Harchies étaient conviés à une réunion d'information liée à la demande de modification de plan de secteur introduite en vue de l'extension du zoning industriel. Les représentants de l'intercommunale IDETA et de la commune se sont heurtés, selon la télévision locale, à des citoyens particulièrement incisifs et pertinents dans leurs remarques.

    La DPR prévoit que « Le Gouvernement s'engage à préserver le patrimoine naturel exceptionnel qu'est la forêt wallonne ». Madame la Ministre n'est certes pas en charge de l'aménagement du territoire, mais cet espace forestier convoité est repris dans la cartographie des forêts anciennes de Wallonie.

    Quelle est la qualité de cette forêt selon les données en possession de ses services ?

    Bénéficie-t-elle d'autres protections légales ou règlementaires (que son zonage au plan de secteur) ?

    Compte-t-elle s'opposer à la destruction de ce milieu forestier (dont la structure du sol remonterait à la fin du Moyen Âge) ?
    Si oui, comment ?

    Le demandeur annonce une compensation planologique, laquelle n'inclut pas la prise en compte de la qualité des sols et de la biodiversité intrinsèque aux milieux naturels anciens.

    Juge-t-elle une telle approche logique et satisfaisante en termes de biodiversité ?

    Un dialogue existe-t-il avec son homologue en charge de l'aménagement du territoire afin de prendre systématiquement en compte la préservation de notre patrimoine de biodiversité dans les projets d'aménagement du territoire ?

    A-t-elle reçu des assurances dans le cadre de la réforme annoncée du CoDT ?

    Enfin peut-elle m'indiquer l'évolution de la forêt wallonne en hectares pour les années 2019, 2020, 2021 et 2022 ?
  • Réponse du 15/03/2023
    • de TELLIER Céline
    L’érosion de la biodiversité est enjeu crucial. La forêt est au cœur de cet enjeu puisqu’elle abrite une grande part de la richesse floristique et faunistique. Je ne peux évidemment qu’être attentive à la préservation de celle-ci, surtout lorsqu’il s’agit de milieux particulièrement riches et sensibles.

    La forêt concernée est un élément du « Bois d’Imberchies » qui a été séparé de ce massif forestier par la construction du canal Nimy-Peronnes. Ce bois est propriété du SPW. Le SPW-MI (voies navigables) l’a remis en gestion au Département Nature et Forêt en 2005. Il a été intégré au parcellaire de la forêt domaniale du Bois d’Imberchies et couvre une surface de près de 18 hectares. Il s’agit donc d’une forêt domaniale bénéficiant du régime forestier.

    Le site se trouve en zone forestière et périmètre d’intérêt paysager au plan de secteur. Il s’agit effectivement d’une forêt ancienne. Mis à part les anciennes plantations résineuses, l’habitat est une hêtraie/chênaie acidophile atlantique, habitat d’intérêt communautaire au sens de la directive habitats de 1992. Une poche de cette vieille hêtraie est d’ailleurs maintenue en réserve intégrale dans le cadre de la gestion.

    Bien que non repris dans le périmètre du site Natura 2000, ce bois présente les mêmes caractéristiques que le massif dont il est issu et dont il n’est séparé que par le canal. Ce massif constitue le site Natura 2000 BE32012 « Bord nord du bassin de la Haine », par ailleurs en site de grand intérêt biologique (SGIB) n°2494 « Bois d'Imberchies, de Ville et des Huissières ».

    Tous ces éléments confirment effectivement l’importance de l’écosystème en jeu, et l'attention que nous devons lui porter. L’une des résolutions émanant de l’ensemble des acteurs de la filière forêt bois, dont la phase de concertation s’est clôturée ce 14 mars, est d’ailleurs la suivante : “Pérenniser la qualité biologique des sols des forêts anciennes.”

    La révision du plan de secteur n’entre pas dans mes compétences : il appartiendra à mon collègue en charge de l’aménagement du territoire de se positionner sur ce dossier. Je serai pour ma part extrêmement vigilante en ce qui concerne les enjeux de préservation de la biodiversité, et au regard notamment des rapports d’études d’incidence environnementale qui devront être réalisés.

    Concernant l’évolution de la surface de la forêt wallonne, la méthode utilisée pour suivre l’évolution de la forêt en Wallonie est « l’Inventaire permanent des Ressources forestières de Wallonie ». Il est constitué d’environ 10 000 placettes permanentes qui sont visitées chaque année. Elles ne peuvent être contrôlées dans leur ensemble chaque année. Il est donc nécessaire d’atteindre un nombre statistiquement significatif de contrôles pour en sortir des chiffres et tirer des conclusions. Cette règle statistique induit donc que nous ne disposons de chiffres qu’a posteriori sur une « année centrale ». Dans le domaine forestier, à quelques très rares exceptions près, ce délai n’est pas préjudiciable.

    Les derniers chiffres relatifs à la période de 2011 à 2017 démontrent une stabilité de la ressource forestière wallonne.