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L'hiver particulièrement doux et les populations de sangliers.

  • Session : 2006-2007
  • Année : 2006
  • N° : 42 (2006-2007) 1

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  • Question écrite du 12/12/2006
    • de STOFFELS Edmund
    • à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme

    L'hiver particulièrement doux que nous vivons actuellement doit permettre aux sangliers de survivre en plus grand nombre. Les agriculteurs le noteront avec inquiétude, craignant des dégâts comme cela fut le cas il y a quelque temps.

    Monsieur le Ministre a-t-il procédé à un comptage des populations ? A-t-il fixé en fonction des résultats du comptage des quotas d'animaux à abattre à respecter par les chasseurs ? Quel sera son plan au cas où un nombre trop important d'animaux survivent l'hiver particulièrement clément ? De quelle manière va-t-il rencontrer les craintes des agriculteurs ?
  • Réponse du 22/12/2006
    • de LUTGEN Benoît

    1. Evolution des populations de sangliers

    La population de sangliers estimée avant naissances est en constante augmentation en Région wallonne et a probablement été sous-estimée en 2005 pour deux raisons :

    - le recensement a été difficile en 2005 à cause des conditions météorologiques ; les conditions climatiques automnales très douces avaient contribué à disperser davantage les compagnies de sangliers dans les forêts de feuillus et les champs de maïs. On peut craindre cette saison-ci que les mêmes difficultés influencent de la même manière le tableau final de la saison ;
    - l'impact de fortes fructifications sur la dynamique de population est bien connu : avancée de la période de rut, augmentation du taux de participation des femelles subadultes à la reproduction, augmentation de la taille des portées, etc.

    Au printemps 2006, la population de sangliers en Région wallonne était estimée à 24.000 unités, ce qui représente une augmentation de 13 % par rapport à la situation observée au printemps 2003 (cfr graphique 2).

    Il semble donc, qu'à ce jour, les mesures d'allongement de la période de chasse adoptées au cours des deux dernières saisons cynégétiques n'aient pas suffi pour stopper la croissance des populations de sangliers.

    2. Pression sur les populations de sangliers

    La pression exercée sur les populations de sangliers est exprimée, d'une part, en termes de mortalité d'origine naturelle (maladie, vieillesse, etc.) et, d'autre part, en termes d'origine anthropique (chasse, destruction, tir sanitaire, collision avec véhicule, etc.).

    Le taux de mortalité naturelle au sein des populations de sangliers doit être considéré comme stable depuis plusieurs années. On peut dès lors considérer que les variations annuelles de mortalités observées (cfr graphique 1) sont le résultat des prélèvements réalisés dans le cadre de la chasse et assimilés.

    A l'exception de la saison 2004-2005, le nombre de sangliers prélevés à la chasse est en constante augmentation depuis la saison 2002-2003. Le nombre de sangliers abattus en Région wallonne durant la saison cynégétique 2005-2006 est évalué à 22.604 individus. Ce nombre correspond à une augmentation de 53 % par rapport au résultat obtenu lors de la saison cynégétique 2002-2003.

    Evaluer l'impact d'un allongement de la période d'ouverture de la chasse à une espèce gibier sur l'évolution de sa population implique la nécessité de maîtriser l'ensemble des facteurs influençant la dynamique de population de cette espèce.

    Le potentiel reproducteur du sanglier dépend principalement de la disponibilité des ressources alimentaires en automne, qui influence directement la maturité sexuelle des jeunes femelles et le nombre de marcassins viables par portée. Ces ressources alimentaires peuvent être d'origine naturelle (fructifications) ou artificielle (nourrissage dissuasif, développement de la culture du maïs).

    L'augmentation, ces dernières années, de la fréquence de périodes hivernales clémentes a probablement aussi contribué à assurer un taux de viabilité élevé chez les marcassins.

    Sur certains territoires de chasse, la valorisation économique de l'espèce au travers des loyers de chasse a favorisé, par des règlements de chasse internes aux sociétés de chasse, l'adoption de mesures conservatoires contribuant au développement de l'espèce.

    Enfin, compte tenu de la hausse constante des loyers, les locations du droit de chasse échappent de plus en plus aux chasseurs locaux. L'éloignement du chasseur « étranger » vis-à-vis de son territoire de chasse peut poser problème en cas de densité importante de sangliers.

    Ceci peut se traduire sur le terrain, d'une part, par un manque de disponibilité du chasseur en vue d'effectuer des sorties fréquentes et, par là, exercer une pression cynégétique efficace et, d'autre part, par une plus faible sensibilité de ces chasseurs à l'égard des dégâts causés localement par les sangliers.

    L'ensemble de ces facteurs, y compris donc la durée de la période d'ouverture de la chasse, interagissent entre eux pour influencer la dynamique de population, l'influence des uns pouvant annuler celle des autres.

    Une situation relativement nouvelle à laquelle il faut faire face depuis quelques temps est la colonisation par l'espèce sanglier de zones périurbaines et de régions agricoles de production intensive (particulièrement la zone située au nord du sillon Sambre et Meuse).

    De par leur situation, les zones forestières situées en périphérie des villes ont une vocation sociale très importante. L'organisation d'actions de chasse y est toujours délicate, voire interdite. Les prélèvements sont bien souvent insuffisants tant les conditions imposées au chasseur - lorsqu'il y en a - sont contraignantes. De plus, ces mesures sont dans la plupart des cas mal perçues par les populations locales, et ce, en dépit des dégâts occasionnés aux jardins et aux pelouses.

    Dans les régions agricoles où la structure forestière est fortement morcelée, le développement et


    la diversification des cultures ont fortement augmenté la disponibilité alimentaire et les zones de refuges favorisant ainsi le développement de l'espèce. Or, la présence de sangliers, même en faible densité, est le plus souvent synonyme de dégâts difficilement supportables, pour le monde agricole.

    Au-delà de l'adéquation des périodes d'ouverture de la chasse au sanglier, la régulation du sanglier dans ces milieux constitue sans aucun doute l'enjeu principal de ces prochaines années.

    J'ai sollicité en urgence l'avis du Conseil supérieur wallon de la chasse sur l'évolution des populations de sangliers en Région wallonne et sur une éventuelle adaptation des dates d'ouverture de la chasse à cette espèce.