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Le recyclage des pales d’éoliennes

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 386 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 16/02/2023
    • de FONTAINE Eddy
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Recypale est le nom du projet porté par des chercheurs du Centre Terre et Pierre, basé à Tournai, pour trouver une solution au recyclage des vieilles pales d'éoliennes. Le procédé permet d'intégrer les fibres de verre présentes dans les pales au béton.

    Les pales représentent une partie importante d'une éolienne. Aucune solution de recyclage n'avait encore pu être trouvée. Les vieilles pales sont incinérées ou enfouies dans le sol.

    Cette avancée entrevoit l'opportunité de recycler pratiquement 90 % de la pale après triage et broyage des différentes composantes. Du bois, de la mousse, de l'aluminium et des fibres de verre constituent les matériaux principaux.

    Le Centre de recherche Terre et Pierre, soutenu par des industriels wallons (Wanty et Dufour), s'est intéressé à la valorisation de ces fibres de verre. Elles permettraient de renforcer les propriétés du béton (de l'ordre de 20 %) pour une meilleure flexibilité. Une nouvelle intéressante notamment pour la fabrication des barrières d'autoroute pour une plus grande absorption des chocs.

    L'étape suivante est la mise en place d'une usine de recyclage. Mais, pour être lancée, elle doit pouvoir bénéficier d'un soutien de la réglementation afin d'envoyer les pales vers la filière du recyclage, mais aussi capter les éoliennes des pays voisins.

    Que pense Madame la Ministre de cette avancée majeure pour le recyclage des pales d'éoliennes ?

    Comment compte-t-elle exploiter cette opportunité et soutenir les investisseurs dans la mise en œuvre de la filière du recyclage ?

    Envisage-t-elle une modification de la réglementation en vigueur afin de faciliter la mise en œuvre de cette filière de recyclage des pales d'éolienne ?

    Quel est l'état d'avancement de la stratégie de la Wallonie dans le recyclage éolien ?
  • Réponse du 30/05/2023
    • de TELLIER Céline
    Aujourd’hui, la plupart des éléments composant une éolienne peuvent être réutilisés ou recyclés, mais le recyclage des pales (qui représentent de 5 à 10 % du poids de l’éolienne) constitue un défi majeur, en raison des matériaux composites avec lesquels elles sont fabriquées, à savoir des fibres de verre ou de carbone liées par une résine très difficile à « couper ».

    À ce sujet, on peut se réjouir du développement par le secteur (Siemens Gamesa) de la première pale pour éolienne éco-conçue et entièrement recyclable, grâce à la mise au point d’un nouveau type de résine « séparable ». Toutefois, cette avancée majeure ne règle pas le problème de la gestion des pales d’éoliennes existantes, dont la grande majorité va arriver en fin de vie autour de 2025, avec un pic attendu autour de 2030.

    Dès lors, le procédé mis au point par le Centre Terre et Pierre, dans le cadre du projet de recherche RECYPALE soutenu par le SPW Économie, Emploi et Recherche est un signal fort, qui était attendu pour démontrer que certains matériaux multi-composites peuvent dorénavant être décomposés, triés et recyclés. Le Centre Terre et Pierre vient ainsi rejoindre les acteurs européens spécialisés dans le recyclage des pales, qui se comptent sur les doigts d’une main.

    À ce jour, mes services n’ont pas reçu de demande de financement supplémentaire visant à soutenir le développement d’une filière de recyclage de pales d’éoliennes à l’échelle industrielle en Wallonie, en dehors du projet RECYPALE qui a été sélectionné dans le cadre de l’appel à projets déchets-ressources. Ce projet vise la préparation au recyclage par la découpe des pales d’éoliennes.

    À notre connaissance, aucune autre demande en ce sens n’est apparue dans le cadre des autres appels à projets du Plan de relance de la Wallonie en matière d’économie circulaire, même si la construction d’une usine de recyclage devrait voir le jour dans le courant de l’année prochaine. Pour l’heure, je ne peux qu’inviter le Centre Terre et Pierre à communiquer, de manière formelle, les résultats de son projet de recherche et ses éventuelles questions à mon administration.

    Le développement de cette filière de valorisation en Wallonie pourra compter sur l’évolution de la réglementation wallonne en la matière. Jusqu’à présent, les matériaux constitutifs composant les pales étaient catalogués comme matériaux combustibles, selon l’arrêté du 10 juillet 1997 établissant un catalogue des déchets.

    Comme la législation wallonne impose le respect de l’échelle de Lansink, la majorité de ces déchets de construction et démolition ne pouvaient pas être éliminés en CET, conformément aux dispositions de l’arrêté du 18 mars 2004 interdisant la mise en CET de certains déchets. Par conséquent, la plupart de ces matériaux ne se sont jamais retrouvés dans les CET wallons. À ce stade, ils sont essentiellement utilisés comme combustibles de substitution dans les cimenteries, les cendres étant d’ailleurs utilisées dans la fabrication du ciment.

    Comme il existe maintenant une solution technique pour séparer et purifier les fibres polymères en plastique composant les pales, ces matériaux spécifiques pourront être interdits d’incinération et de coincinération, dans le cadre du projet d’arrêté favorisant la hiérarchie des déchets, approuvé en première lecture par le Gouvernement le 24 février 2022.

    En effet, une des dispositions projetées de cet arrêté introduit une obligation de tri à la source pour les déchets en plastique recyclables ou valorisables autres que les déchets d’emballages. Les matériaux plastiques renforcés composés de fibres de verre répondent maintenant à cette définition, ce qui signifie que ces types de déchets ne pourront plus être incinérés à l’avenir, mais valorisés pour leur contenu en matière, notamment dans la fabrication de bétons.

    Par ailleurs, suivant les avis remis sur le projet d’arrêté en préparation, les éoliennes doivent être considérées comme des ouvrages de construction dont le démantèlement implique de respecter les règles de tri et de gestion des déchets-matières, ainsi que les interdictions de mise en CET, d’incinération et de coincinération y relatives.

    D’autres dispositions sont de nature à soutenir et renforcer la hiérarchie des déchets et pourront être étudiées ultérieurement. Ceci vise notamment la fiscalité sur les déchets ou les conditions sectorielles appliquées aux permis délivrés pour les parcs éoliens.