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Le recyclage des pales d'éoliennes

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 393 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 21/02/2023
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    L'énergie verte et l'économie circulaire devraient fonctionner de pair, il apparaît toutefois que cela n'est pas toujours le cas, et même que la production d'énergie verte peut poser de graves problèmes de recyclage. C'était le cas notamment des pales d'éoliennes qui ne trouvant pas de revalorisations, finissaient incinérées ou enterrées.

    Aujourd'hui, il semblerait que cette situation soit révolue. En effet, nous pouvions apprendre récemment que les chercheurs du Centre Terre et Pierre à Tournai avaient enfin pu trouver des solutions permettant de recycler près de 90 % de ces pales, dont notamment les fibres de verre en les intégrant dans différents bétons.

    Le projet « Recypale » tel qu'il se nomme a déjà séduit deux industriels, d'une part la société Wantyet, mais aussi la société Dufour active dans le démontage et montage des éoliennes et qui envisagerait de créer une usine de recyclage.

    Mes questions, Madame la Ministre visent à savoir si la Région wallonne s'est associée à ces recherches ?
    Si oui, sous quelles formes ?

    Par ailleurs, Madame la Ministre a-t-elle été contactée par les entreprises souhaitant intégrer ces composants en vue de financer les filières de recyclage ?

    Quel support la Région pourrait-elle leur apporter ?

    Qu'en est-il des pales qui seraient éventuellement enfouies dans le sol ?

    Notons également que pour que le modèle soit pérenne, cela suppose que les sociétés puissent aussi se procurer les pales venant d'autres pays d'Europe, a-t-elle été consultée ou a-t-elle eu des entretiens avec son homologue ayant en charge l'énergie en ce sens ?

    Quelle est la position de la Région sur cette situation ?

    Enfin, sait-elle si les recherches se poursuivent concernant les 10 % résiduels du recyclage afin d'atteindre un recyclage complet ? Qu'en est-il aujourd'hui du traitement de ces 10 % ?
  • Réponse du 28/04/2023
    • de TELLIER Céline
    Aujourd’hui, la plupart des éléments composant une éolienne peuvent être réutilisés ou recyclés, mais le recyclage des pales (qui représentent de 5 à 10 % du poids de l’éolienne) constitue un défi majeur, en raison des matériaux composites avec lesquels elles sont fabriquées, à savoir des fibres de verre ou de carbone liées par une résine très difficile à « couper ».

    À ce sujet, on peut se réjouir du développement par le secteur (Siemens Gamesa) de la première pale pour éolienne écoconçue et entièrement recyclable, grâce à la mise au point d’un nouveau type de résine « séparable ». Toutefois, cette avancée majeure ne règle pas le problème de la gestion des pales d’éoliennes existantes, dont la grande majorité va arriver en fin de vie autour de 2025, avec un pic attendu autour de 2030.

    Dès lors, le procédé mis au point par le Centre Terre et Pierre, dans le cadre du projet de recherche RECYPALE soutenu par le SPW Économie, Emploi et Recherche (à hauteur de 325 000 euros) est un signal important, qui était attendu pour démontrer que certains matériaux multicomposites peuvent dorénavant être décomposés, triés et recyclés. Le Centre Terre et Pierre vient ainsi rejoindre les acteurs européens spécialisés dans le recyclage des pales.

    À ce jour, mes services n’ont pas reçu de demande de financement supplémentaire visant à soutenir le développement d’une filière de recyclage de pales d’éoliennes à l’échelle industrielle en Wallonie, en dehors du projet RECYPALE qui a été sélectionné dans le cadre de l’appel à projets déchets-ressources. Ce projet vise la préparation au recyclage par la découpe des pales d’éoliennes.

    À notre connaissance, aucune autre demande en ce sens n’est apparue dans le cadre des autres appels à projets du Plan de relance de la Wallonie en matière d’économie circulaire, même si la construction d’une usine de recyclage devrait voir le jour dans le courant de l’année prochaine. Pour l’heure, je ne peux qu’inviter le Centre Terre et Pierre et ses partenaires industriels à communiquer de manière formelle les résultats du projet de recherche et leurs éventuelles questions à mon administration, mais aussi aux administrations qui dépendent des Ministres de l’Économie et de l’Énergie, en vue d’étudier davantage le développement de cette filière au niveau régional et extrarégional.

    Le développement de cette filière de valorisation pourra compter sur l’évolution de la réglementation wallonne en la matière. Jusqu’à présent, les matériaux constitutifs composant les pales étaient catalogués comme matériaux combustibles, selon l’arrêté du 10 juillet 1997 établissant un catalogue des déchets.

    Comme la législation wallonne impose le respect de l’échelle de Lansink, la majorité de ces déchets de construction et démolition ne pouvaient pas être éliminés en CET, conformément aux dispositions de l’arrêté du 18 mars 2004 interdisant la mise en CET de certains déchets. Par conséquent, la plupart de ces matériaux ne se sont jamais retrouvés dans les CET wallons. À ce stade, ils sont essentiellement utilisés comme combustibles de substitution dans les cimenteries, les cendres étant d’ailleurs utilisées dans la fabrication du ciment.

    Comme il existe maintenant une solution technique pour séparer et purifier les fibres polymères en plastique composant les pales, ces matériaux spécifiques pourront être interdits d’incinération et de coincinération, dans le cadre du projet d’arrêté favorisant la hiérarchie des déchets, approuvé en première lecture par le Gouvernement le 24 février 2022.

    En effet, une des dispositions projetées de cet arrêté introduit une obligation de tri à la source pour les déchets en plastique recyclables ou valorisables autres que les déchets d’emballages. Les matériaux plastiques renforcés composés de fibres de verre répondent maintenant à cette définition, ce qui signifie que ces types de déchets ne pourront plus être incinérés à l’avenir, mais valorisés pour leur contenu en matière, notamment dans la fabrication de bétons.

    Par ailleurs, suivant les avis remis sur le projet d’arrêté en préparation, les éoliennes doivent être considérées comme des ouvrages de construction dont le démantèlement implique de respecter les règles de tri et de gestion des déchets-matières, ainsi que les interdictions de mise en CET, d’incinération et de coincinération y relatives. Les déchets issus du démantèlement des éoliennes qui ne peuvent pas être complètement recyclés à ce jour (moins de 5 % en poids) au regard des technologies existantes (résidus de recyclage, certaines huiles usagées…) sont alors considérés comme des déchets ultimes qui sont incinérés ou mis en décharge (s’ils ne sont pas combustibles).

    D’autres dispositions sont de nature à soutenir et renforcer la hiérarchie des déchets et pourront être étudiées ultérieurement. Ceci vise notamment la fiscalité sur les déchets ou les conditions sectorielles appliquées aux permis délivrés pour les parcs éoliens.