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L’utilisation du biochar

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 456 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 02/03/2023
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    À la fois puits de carbone, source d'énergie et fertilisant, le biochar attire de plus en plus d'entreprises. En 2018, le GIEC le classait d'ailleurs dans les technologies d'émissions négatives qu'il juge indispensables pour retirer du CO2 de l'atmosphère et garder une chance de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C.

    Le biochar est simple, efficace, ne consomme pas de terre, d'eau, de métaux et peu d'énergie. Le climatologue français, Jean Jouzel, considère que c'est une des voies les plus intéressantes et astucieuses aujourd'hui pour stocker du carbone et répondre aux enjeux de développement !

    Le GIEC estime le potentiel de séquestration de biochar à 2,6 milliards de tonnes de CO2, ce qui est loin d'être négligeable au regard des 10 milliards de tonnes qu'il faudra enlever de l'atmosphère en moyenne chaque année d'ici à 2100 ! Le marché wallon reste cependant embryonnaire, loin derrière certains pays européens comme l'Allemagne, la Suisse, la Suède ou la Finlande !

    À quand une production de biochar en Wallonie ?

    Quel est le développement sur lequel compte et travaille Monsieur le Ministre ?

    Quelles sont les perspectives dans lesquelles il place le développement wallon ?

    Une stratégie spécifique a-t-elle été élaborée ? Quelle est-elle ?

    Existe-t-il un quelconque blocage ou des difficultés particulières ? Lesquels ?

    La Wallonie a-t-elle raté le train du biochar ?
  • Réponse du 30/03/2023
    • de BORSUS Willy
    Afin de comprendre les enjeux agronomiques liés à l’introduction de biochar dans les sols agricoles, il est utile de bien comprendre l’impact que cet amendement va exercer sur les sols.

    L’action du biochar sur la fertilité du sol et le stockage de carbone va varier dans une large mesure en fonction de deux facteurs principaux : la qualité de la biomasse de départ et les conditions de transformation. Les bénéfices agronomiques retirés d’une application de biochar vont donc dépendre de la qualité du biochar (valeur neutralisante, contenu en nutriments, et cetera) mais aussi de son interaction avec les conditions du sol où il est appliqué et des besoins de la culture.

    Dans un passé récent, de nombreuses entreprises de valorisation de la biomasse se sont intéressées à la possibilité de valoriser certains sous-produits de la pyrolyse de biomasse sous l’appellation « biochar », afin de pouvoir en faire commerce. À ce jour, l’administration wallonne considère le biochar comme un déchet afin d’assurer une traçabilité et un suivi adéquat de leur utilisation sur des terres agricoles, comme pour les autres matières comme les composts ou les digestats. Le peu de dérogations accordées à ce jour pour la vente de biochar aux acteurs agricoles ou de l’horticulture vivrière wallonne s’explique par :
    1) une forme de respect du principe de précaution, l’appellation « biochar » rassemblant une large gamme de produits de composition et de propriétés extrêmement variables ;
    2) l’absence de préconisations techniques claires quant à l’épandage ;
    3) un manque de recul sur les effets à long terme de ce type de produit sur la fertilité des sols, sachant que le temps de résidence du biochar dans le sol est de plusieurs siècles, voire de milliers d’années.

    Néanmoins, le biochar a été reconnu comme matière constitutive des fertilisants dans le nouveau règlement européen (CE) n°1009/2019 sur les fertilisants qui sera d’application à partir de juillet 2022.

    À ce jour, le prix du biochar limite son utilisation à des cultures à haut rendement dans des conditions hors sols et sous couverts en production horticole (fruits, légumes, viticulture ou arboriculture) ainsi que pour les plantations d’arbres en milieux urbains.

    Néanmoins, l’ascension des « soil carbon farming markets » pourrait rapidement changer la donne, puisque l’application de biochar dans les sols possède un haut potentiel de séquestration du carbone dans les sols. Les biochars ont aussi d’autres utilisations possibles comme, par exemple, être ajouté dans la ration distribuée au bétail en tant que régulateur du métabolisme. C’est d’ailleurs la principale utilisation du biochar en agriculture. Ils peuvent également être utilisés dans les traitements des eaux usées et autres rejets industriels.

    La Wallonie n’a pas « raté le train du biochar ». Plusieurs projets de recherche sur les biochars sont ainsi actuellement en cours impliquant des acteurs régionaux, dont le CRAW. Je me permets, à cet égard, de renvoyer l’honorable membre à la réponse circonstanciée que j’ai donnée, le 21 mars 2022, à la question écrite n°365 de M. Jean-Philippe Florent concernant « le développement de la filière du biochar en Wallonie ».