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Les relations entre le FOREm et le secteur de l’intérim

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 293 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 02/03/2023
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Dans une récente publication, le Secrétaire régional de l'Interrégionale Wallonne de la FGTB indiquait que « la suppression du droit aux allocations d'insertion pour les plus de 25 ans n'a pas eu d'effet statistiquement significatif sur la probabilité cumulative de sortie vers l'emploi, et ce, quel que soit le moment retenu ». Si ce n'est en Flandre où l'on pousse les jeunes demandeurs d'emploi vers l'intérim.

    Madame la Ministre et ses services confirment-ils ce constat ?

    Quelles sont les relations entre le FOREm et le secteur de l'intérim en Wallonie ?

    Sur quelles bases et quels protocoles sont-elles gérées ?

    Comment se déroule la collaboration ? Une évaluation est-elle disponible ? Quel en est le contenu ?

    Quelles sont les statistiques, sur les 10 dernières années, d'inscription de demandeurs d'emploi dans le secteur d'intérim ?

    Quelle analyse en fait-elle ?

    Un déficit est-il décelable par rapport à la Flandre et le lien d'inscription pourrait-il être renforcé ?

    De quelle manière et avec quels moyens ? Une systématisation apparaît-elle opportune ?
  • Réponse du 01/06/2023
    • de MORREALE Christie
    L’extrait cité par la FGTB dans son communiqué de presse est issu d’une publication du Département d’économie de l’UCLouvain, qui est elle-même la traduction d’un article de MM. Cockx et Declercq de l’UGent.

    La question posée dans cet article est effectivement de mesurer l’efficacité des mesures de durcissement des conditions d’accès aux allocations d’insertion décidées en 2015 selon deux critères :
    - la vitesse avec laquelle les jeunes trouvent un emploi et la durabilité de cet emploi ;
    - la probabilité qu’ils obtiennent un diplôme ou abandonnent prématurément leurs études.

    Pour rappel, les mesures de durcissement prévoient d’une part que seuls ceux qui terminent leur stage d’insertion avant l’âge de 25 ans ont dorénavant droit à une allocation d’insertion et d’autre part, que les jeunes de moins de 21 ans qui sortent de l’école sans diplôme de fin de secondaire ou d’une formation en alternance n’ont plus droit à cette aide financière.

    Pour mesurer l’efficacité de ces mesures, les chercheurs ont suivi les jeunes inscrits pour la première fois comme demandeurs d’emploi auprès des services régionaux entre 2011 et 2014 et ont mesuré les transitions vers l’emploi à trois moments : 6, 12 et 18 mois.

    Les résultats des jeunes impactés par la réforme sont comparés à ceux d’un groupe de contrôle, soit un groupe de demandeurs d’emploi qui partage les mêmes caractéristiques, mais qui n’ont pas été impactés par la réforme et ont conservé leurs droits aux allocations d’insertions.

    Les auteurs de l’étude ont conclu qu’effectivement la suppression du droit aux allocations d’insertion n’a pas eu d’effet sur la mise à l’emploi des demandeurs d’emploi impactés par cette mesure.

    Tout au plus, les chercheurs ont décelé une augmentation d’une mise à l’emploi via des contrats intérimaires pour ce public. Ainsi, selon les auteurs, en Flandre, l’annonce de la suppression de l’allocation d’insertion fin 2014 a provoqué une hausse de 3,3 points de pourcentage (p.p.) de la probabilité cumulée de sortie vers les emplois intérimaires 6 mois après l’inscription comme demandeur d’emploi. En Wallonie, cette hausse est de 3,2 (p.p.) à 6 mois, soit un niveau comparable à celui de la Flandre :
    - + 3,3 p.p. en Flandre versus + 3,2 p.p. en Wallonie après 6 mois ;
    - + 3,8 p.p. en Flandre versus + 3,7 p.p. en Wallonie après 12 mois ;
    - + 3,7 p.p. en Flandre versus + 2,1 p.p. en Wallonie après 18 mois.

    Toutefois, si le résultat en Flandre est considéré comme statistiquement significatif, c’est moins le cas en Wallonie, notamment en raison d’un calcul de l’insertion à l’emploi pour ce public qui diffère entre les deux régions. Les auteurs indiquent que les effets ne peuvent dès lors pas être comparés entre les deux régions.

    Concernant les statistiques sur les 10 dernières années, les demandeurs d’emploi inscrits au FOREm se positionnent par rapport à un métier recherché/exercé et/ou sur base d’une expérience acquise dans un secteur d’activité et non en fonction du type de contrats qu’ils recherchent.

    Chaque année, le FOREm réalise une étude sur l’insertion à 6 mois des jeunes demandeurs d’emploi inscrits à la sortie des études. 21,8 % des jeunes inscrits au FOREm sont passés par le canal intérimaire. Ce taux est plus bas que les années précédentes où l’on approchait les 30 %.

    Du point de vue de la collaboration, le secteur de l’intérim est un partenaire du FOREm tant en matière de recherche d’emploi, que de formation ou de soutien à l’insertion.

    Ainsi, depuis 2012, une convention lie les Organismes d’intérêt public de formation professionnelle (ADG, Bxl Formation et Le FOREm) et le Fonds de formation pour les intérimaires TRAVI.

    L’objectif de cette convention est de « contribuer conjointement au développement des compétences des candidats intérimaires et travailleurs en vue d’une part, de favoriser l’accès des demandeurs d’emploi au marché du travail intérimaire et d’autre part, de promouvoir la formation continuée des travailleurs du secteur ».

    Chaque année, cela se traduit dans différents types d’actions en partenariat avec TRAVI tels que :
    - un planning annuel des formations négocié avec les centres de formation, afin de permettre à des intérimaires ou de futurs intérimaires de participer aux modules de formation nécessaires dans leurs métiers :
    o modules sécurité : BA4, BA5, VCA, hygiène alimentaire, travaux en hauteur ;
    o modules logistiques : brevet cariste, formation continue des chauffeurs poids-lourds, ADR ;
    o industrie : opérateur de production agroalimentaire, entrepôt médical et pharma ;
    - l’organisation de nombreux « jobdays » afin d’informer les stagiaires en fin de formation sur les possibilités d’emploi via le secteur de l’intérim. Au cours de ces journées, les agences peuvent rencontrer les candidats intéressés ;
    - l’organisation, en 2021, de plus de 197 formations pour 571 candidats formés. À l’issue de ces formations, la convention prévoit une mise à l’emploi de minimum trois mois via les agences d’intérim ;
    - enfin, depuis quelques années, les conseillers du FOREm participent activement à la réussite de projets menés par TRAVI comme Welqome ou Jump to Job.

    Chaque année, la convention fait l’objet d’un comité de suivi qui permet de partager les résultats annuels concernant les différentes actions menées en région, d’identifier les difficultés rencontrées sur le terrain et d’envisager les pistes d’amélioration.

    Le FOREm fait également partie de la « chambre de concertation » instituée par le Gouvernement et prévue dans le décret du 3 avril 2009 (chapitre VI, article 14, §4). Cette Chambre regroupe différents partenaires (IWEPS, Federgon, le FOREm, et cetera) et organise la concertation avec les agences de placement et les agences de travail intérimaire dans différents domaines, dont la diffusion d’informations dans le cadre de la transparence du marché de l’emploi régional. Dans le cadre de ce décret, le FOREm réalise des analyses portant notamment sur le travail intérimaire qui sont publiées sur son site.

    En outre, le secteur de l’intérim représente un gros pourvoyeur d’offres d’emploi publiées sur le site du FOREm. Certaines sociétés d’intérim ont d’ailleurs développé, en collaboration avec le FOREm, un système automatique conventionné de transfert de leurs offres sur le site du FOREm, sans qu’aucun encodage manuel ne soit nécessaire. Les offres d’emploi du secteur représentent aujourd’hui en moyenne près de 40 % des offres d’emploi quotidiennement en diffusion sur le site du FOREm. Ces offres d’emploi :
    - sont consultables en toute autonomie par tout candidat potentiel, qui peut directement postuler en ligne lorsque les modalités de candidature le prévoient ;
    - sont transmises automatiquement dans l’espace personnel de tout candidat ayant un profil créé en ligne et dont les caractéristiques correspondent aux critères de ces offres d’emploi ;
    - peuvent être transmises ou remises en entretien par tout conseiller à un demandeur d’emploi correspondant aux critères de ces offres.

    Par ailleurs, toute agence d’intérim ayant créé son compte authentifié sur le site du FOREm a accès, via son outil de dépôt d’offres d’emploi en ligne, aux profils créés et publiés par les demandeurs d’emploi qui souhaitent être contactés lorsqu’ils répondent aux critères de l’offre d’emploi.