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Les conséquences pour la Wallonie du renforcement de la collaboration en matière d'énergie entre la Belgique et l'Allemagne

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 739 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 06/03/2023
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Récemment, la Belgique et l'Allemagne ont annoncé le renforcement de leur collaboration en matière d'énergie. Cette annonce a été faite lors d'un sommet énergétique à Zeebrugge, dont le port est devenu un maillon important d'approvisionnement notamment en gaz naturel.

    L'objectif des deux pays serait de relier leurs infrastructures d'hydrogène d'ici 2028. Il est aussi question d'échange d'électricité avec la construction d'une ligne à haute tension pour les réseaux de transport.

    La Wallonie n'est pas une île énergétique et en tant que Ministre de l'Énergie, il a aussi une responsabilité dans le développement du mix énergétique de notre Région, de notre pays, et dans l'intégration de nouveaux projets et infrastructures à travers notre territoire.

    Monsieur le Ministre a-t-il été associé à ces nouveaux objectifs et projets qui vont se développer entre la Belgique et l'Allemagne ?

    Quels seront les gains et les conséquences pour la Wallonie de ces futurs projets ?

    L'hydrogène figure parmi les priorités du Plan de relance, mais nous ne voyons toujours pas venir une quelconque stratégie ou même un futur décret relatif à l'hydrogène de sa part. Pourquoi ?

    Qu'attend-il pour proposer une stratégie robuste ?

    En quoi le développement d'infrastructures hydrogène entre pays peut-il selon lui participer au développement de l'hydrogène en Wallonie ?

    La ligne à haute tension qui a été évoquée par voie de presse traversera-t-elle le territoire de la Wallonie ?

    De quelle manière notre Région sera-t-elle impactée ?

    Quelle est son analyse de ce nouveau projet ?
  • Réponse du 04/04/2023
    • de HENRY Philippe
    Le premier volet concerne l’hydrogène.

    L’importance de cet enjeu stratégique ne m’a pas échappé. En complément d’autres initiatives, j’ai chargé l’Administration de l’élaboration d’un plan stratégique pour le développement de l’hydrogène en Wallonie, sur base d’une méthode collaborative associant les cabinets concernés, un groupe d’experts et des stakeholders représentatifs de l’ensemble de la société wallonne. La réunion de lancement est prévue le 17 mars 2023.

    Ce plan sera élaboré en deux phases qui permettront de définir, dans un premier temps, une vision et des objectifs stratégiques et ensuite, des objectifs opérationnels et des actions concrètes.

    Il s’agira bien d’une stratégie robuste, puisque dès le départ, elle sera basée sur une analyse holistique permettant d’appréhender toutes les implications de l’introduction de l’hydrogène dans le mix énergétique sur l’ensemble de la société wallonne.

    La question de l’importation est centrale dans ce dossier puisque nous ne sommes pas en mesure de produire la totalité de l’hydrogène vert dont nous aurons besoin.

    Au niveau européen, il s’agira de développer l’infrastructure adéquate (European Hydrogen Backbone). Au niveau belge, et bien que la répartition des compétences soit toujours soumise à l’analyse de la Cour constitutionnelle, on peut considérer que le transport de l’hydrogène relève plutôt de la compétence fédérale. Ce dossier est donc complexe, mais, effectivement, stratégique pour la Wallonie.

    Concernant le volet électricité de la question de l’honorable membre, le 14 février dernier, les gestionnaires de réseau de transport Amprion (Allemagne) et Elia (Belgique) ont signé un Memorandum of Understanding (MoU) pour un projet de construction d’une seconde interconnexion électrique entre nos deux pays.

    En effet, des études préliminaires ont montré qu’une deuxième interconnexion aurait le potentiel d’aider les deux pays, y compris la Wallonie donc, à répondre à leurs futurs besoins en énergie. Comme l’honorable membre le sait, le potentiel renouvelable de l’Europe est réparti de manière inéquitable à travers le continent et des pays comme la Belgique et l’Allemagne devront avoir accès aux sources d'énergie renouvelable étrangères pour répondre à leur demande future en électricité. Les interconnexions offrent plusieurs avantages à cet égard : elles facilitent l'accès aux énergies renouvelables et aux assets flexibles dans toute l’Europe, tout en nivelant les fluctuations locales. Cela améliore la sécurité d’approvisionnement et aplatit les courbes de prix entre les différents marchés.

    Cependant, le MoU est la première étape d’un long processus. Elia et Amprion vont à présent travailler sur une étude conjointe afin de voir quelle configuration et quelle technologie sont les plus adaptées pour atteindre les objectifs du projet. Je ne doute pas qu’il aura les réponses à ses questions dans la note de concept qui devrait être publiée d’ici mi-2024.