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Le manque de fossoyeurs en Wallonie

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 322 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 06/03/2023
    • de SAHLI Mourad
    • à COLLIGNON Christophe, Ministre du Logement, des Pouvoirs locaux et de la Ville
    Les cimetières wallons manquent de fossoyeurs. Cette problématique n'est pas neuve, alors que ces ouvriers communaux gèrent tout l'engrenage du fonctionnement des cimetières, de l'enterrement à l'exhumation en passant par l'entretien des sépultures.

    Or, bien que des formations existent depuis 2001 à destination des candidats fossoyeurs, et que celles-ci soient reconnues par la Wallonie depuis 2013 et aient pu s'étoffer grandement depuis lors, les candidats ne se pressent pas au portillon. Il faut reconnaitre que ce métier est pénible et difficile et doit faire face à une détérioration de ses conditions de travail, en particulier en ce qui concerne les exhumations.

    La réalité de terrain est telle que dans certaines communes, il n'y a que deux fossoyeurs pour 14 cimetières, alors que dans l'idéal, il serait nécessaire d'avoir un professionnel pour deux cimetières.

    Dès lors, quelles pistes Monsieur le Ministre peut-il étudier pour a minima amenuiser ce manque de fossoyeurs au sein des communes wallonnes ?

    A-t-il pu consulter l'Union des villes et communes de Wallonie à ce propos ?

    Quelles sont ses recommandations, en particulier pour les communes disposant de beaucoup de cimetières pour peu de fossoyeurs ?
  • Réponse du 25/04/2023
    • de COLLIGNON Christophe
    Pour rappel, depuis 2013, et en partenariat notamment avec des experts de terrain et le Conseil Régional de la Formation, le métier de fossoyeur a valablement été reconnu. Je confirme par ailleurs que les formations au Centre des Métiers du patrimoine qui sont dispensées au personnel gestionnaire des cimetières - cela concerne prioritairement les fossoyeurs, mais aussi, plus largement, le personnel technique et administratif – s’étoffent progressivement, de façon à coller au plus près de la réalité de cette matière. Viennent désormais s’ajouter aux modules existants une formation sur l’aménagement général des cimetières dans le cadre de la végétalisation et un module sur la révision de notions juridiques plus précises.

    En ce qui concerne la pénurie de candidats elle-même, il faut admettre qu’elle découle de diverses causes, parmi lesquelles il est important de relever tout autant la pénibilité d’un métier essentiel, que la reconnaissance variable que cette fonction rencontre d’une commune à l’autre. Dans la majorité des communes, ces agents sont représentés en sous-nombres non par manque de candidats, mais par sous-estimation communale des tâches qui leur sont affectées quotidiennement. L’exemple relevé de deux fossoyeurs pour 14 cimetières n’est pas le résultat d’une pénurie de candidats, mais bien la conséquence d’un choix communal. Cette sous-représentation est, en soi, inquiétante, au moins en termes de droit des travailleurs. Pour rappel, un ouvrier communal ne peut porter une charge supérieure à 25 kg, or, un cercueil vide pèse en moyenne basse une 50aine de kilos auxquels s’ajoute le poids du défunt. Le calcul est simple...

    Cette analyse oblige à relever un autre problème de fond : les agents fossoyeurs ou affectés à la gestion de terrain des cimetières ne sont pas égaux entre eux selon les communes où ils sont engagés. Il s’agit d’un métier que nous pouvons tous qualifier de pénible nécessitant des connaissances précises. Pour compenser cette pénibilité, les pouvoirs locaux ont la faculté de les valoriser sous un grade de niveau D. Or, en l’état, de nombreuses communes continuent de maintenir ou engager ces agents au niveau E, parfois même sans évolution de carrière. Ceci est pourtant contraire à la philosophie recherchée par la Région wallonne au travers de la revalorisation de certains barèmes dans le cadre de la convention sectorielle 2007-2010 signée le 5 mars 2012 à laquelle je me permets de renvoyer les communes concernées.

    Pour complétude, et en conseil aux communes souffrant d’une sous-représentation d’agents fossoyeurs, il existe la possibilité de mutualisation de ces agents dans le cadre des exhumations techniques. Ce mécanisme d’échange d’experts est efficace, et certaines communes l’ont bien compris. Il permet, outre de pratiquer un échange de bons procédés, de réaliser des chantiers de plus grande envergure et permettant ainsi aux communes concernées de libérer de l’espace au sein de leurs cimetières. Ceci dit, si cette mutualisation se révèle efficace dans le cadre des missions organisées comme les exhumations techniques, cette option ne résout en rien le manque de personnel qualifié affecté à la gestion de terrain quotidienne des cimetières.