/

L’évolution et le positionnement du Fonds d’investissement Noshaq

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 488 (2022-2023) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 07/03/2023
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Le Fonds liégeois Noshaq est un acteur important pour le développement économique de la Région wallonne. Cependant, il s'agit de comprendre son rôle ainsi que son impact réel vis-à-vis des autres outils économiques wallons.

    Récemment, l'économiste et consultant Bruno Colmant a émis des inquiétudes concernant le fait que Noshaq aurait la possibilité de « déstructurer » le maillage des outils économiques wallons, se comportant de plus en plus tel un investisseur privé. En effet, selon ses dires, Noshaq n'exclurait pas une entrée en bourse. Cependant, dans ce cas, il s'agit de comprendre comment Noshaq peut prendre des risques, tout en gardant un ancrage local wallon et en évitant de risquer une incohérence avec ses missions, en particulier parce qu'il sera dès lors confronté à des exigences de rentabilité par les marchés.

    Rappelons que Noshaq est avant tout un outil d'accompagnement du secteur public.

    L'essentiel est de s'assurer d'une cohérence au niveau wallon et d'un développement économique le plus équilibré possible sur tout le territoire régional. N'oublions pas que nous parlons d'un outil qui fonctionne globalement bien !

    Noshaq envisage-t-il à l'avenir une entrée sur des marchés boursiers ? Qu'en est-il de ses ambitions au-delà de la région de Liège ?

    Doit-on s'attendre à des développements similaires à la GIMV en Flandre ? Quelle est l'analyse de Monsieur le Ministre ?

    Est-il normal qu'une entreprise constituée initialement de fonds publics puisse à terme se présenter sur des marchés boursiers ? Pourquoi et comment ?

    Quelles sont les dynamiques entre d'une part la concentration des outils régionaux, et de l'autre des Invests qui peuvent dépasser leurs limites provinciales ? Quelle est la cohérence ?

    Qu'en est-il d'une réforme du statut de ces Invests, en particulier en matière de gouvernance ?

    Quel est l'effet de levier des Invests sur l'emploi en Région wallonne ?

    Monsieur le Ministre a-t-il des chiffres et statistiques sur le sujet ?
  • Réponse du 30/03/2023
    • de BORSUS Willy
    La question d’une entrée en bourse de Noshaq ne figure pas dans le Plan stratégique 2021-2026 adopté par le Conseil d’administration de l’Invest liégeois le 26 novembre 2021. Les propos du CEO de Noshaq dans l’article du journal L’Écho (11 et 12 février 2023) auquel l’honorable membre fait référence ne disent rien d’autre.

    Rappelons que, là où il y a 15 ans Meusinvest investissait 8 millions d’euros en moyenne par an, Noshaq investit aujourd’hui (et depuis maintenant 7 ans) plus de 100 millions d’euros par an dans l’économie liégeoise, voire parfois au-delà quand ces investissements représentent un intérêt pour les écosystèmes économiques liégeois. Au début des années 2010, il s’est avéré nécessaire pour Noshaq de chercher des formes alternatives de financement pour assurer la continuité de sa politique de croissance des investissements, l’Invest ne pouvant se tourner vers le budget de la Région wallonne pour la financer. À notre grande satisfaction, l’Invest liégeois (et d’autres Invests également) a été capable de mobiliser d’autres moyens que ceux de la Région, ménageant ainsi le budget de cette dernière.

    À l’avenir, pour assurer son développement, Noshaq devra continuer à se financer – notamment – sur les marchés privés. C’est positif : cela démontre la qualité de l’Invest, sa capacité à allier profitabilité et poursuite d’un intérêt public, sa bonne gouvernance et professionnalisme, et son aptitude à se financer sur les marchés privés sans peser sur les finances régionales.

    Pour répondre à son inquiétude relative aux exigences de rentabilité qui seraient fixées par les marchés en cas d’entrée en bourse (bien que celle-ci ne soit aucunement d’actualité en vertu du plan stratégique 2021-2026), il se trouve que Noshaq y répond déjà en partie.

    En effet, il faut rappeler que déjà aujourd’hui, plus de 50 % des moyens de Noshaq proviennent d’autres sources de financement que la Région wallonne. Sur un total de 900 Mi€ de moyens à disposition, la Région wallonne représente 400 Mi€ d’apports (en dette et capital, fonds wallons et Feder dans tout le groupe), les 500 autres Mi€ ayant été levés auprès de partenaires privés et du secteur bancaire.

    Ce positionnement s’inscrit pleinement en cohérence avec le modèle « mixte » des Invests : chacun des Invests, compte tenu de son autonomie de gestion, accomplit ses activités à ses propres risques, de sorte que les engagements qu’il souscrit sur le marché le sont pour son propre compte et qu’il appartient à chacun pour ce qui le concerne de garantir la recherche d’un niveau suffisant de rentabilité de ses activités notamment (par la perception de revenus liés aux actifs et passifs qu’il détient). C’est précisément ce partenariat « public-privé » qui permet à la fois aux Invests d’être classés « S.125 » et donc en dehors du périmètre SEC de la Région wallonne, et de jouer pleinement leur rôle d’acteur essentiel pour le développement économique de la Wallonie.

    De plus, Noshaq étant l’Invest de la Province de Liège, ses ambitions et son ADN restent centrés sur le développement et la croissance de l’économie liégeoise. Noshaq se positionne très clairement comme un acteur de la transition territoriale par le développement d’infrastructures économiques et un développeur de projets.

    Je ne partage, en outre, pas l’idée avancée que Noshaq puisse d’une manière ou d’une autre « déstructurer le maillage des outils économiques wallons ». Au contraire, Noshaq œuvre activement au développement socio-économique de la Province de Liège et potentiellement de la Wallonie.

    Afin de pallier le risque de chevauchements entre les métiers des Invests et de WE, mais aussi d’encourager un renforcement des collaborations entre outils, le Gouvernement a approuvé le 22 septembre 2022 un modèle d’articulation permettant d’assurer une cohérence de leurs activités respectives. La décision du Gouvernement wallon prévoit, entre WE et les Invests, dans une optique de renforcement des synergies et un souci d’efficacité, un système d’information, de communication de dossiers (selon des critères de taille, situation financière, seuils en montants, et cetera), de concertation préalable et de partage de risque, en bonne intelligence avec les entreprises wallonnes concernées.

    Sur le plan de la gouvernance des Invests, une série de balises additionnelles ont été fixées avec les Invests, à l’occasion d’une refonte du cadre contractuel qui encadre leur financement adopté en décembre 2022.

    En matière d’emploi, et pour conclure, je le renvoie à cet égard au Rapport au Gouvernement wallon publié annuellement par la Sowalfin, devenue WE, qui fait le bilan notamment de l’activité des Invests sur l’exercice social écoulé. Vous y lirez entre autres que l’activité des Invests (maison-mères, filiales européennes, leasing et spin-off/out) représente plus de 280 Mi€ de décisions de financement sur l’exercice 2021 (contre seulement 45 Mi€ il y a 15 ans), avec un effet de levier (en période de crise) de 5,11, plus de 5 700 emplois soutenus directement et près de 2 150 emplois à créer.