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L’évolution des investissements de la Région wallonne dans les énergies renouvelables

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 757 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 07/03/2023
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Dans un rapport publié ce 22 février, l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena) a présenté ses dernières données sur les investissements mondiaux en faveur de la transition énergétique.

    Ces investissements - dans lesquels l'Irena inclut les énergies renouvelables, l'efficacité énergétique, l'électrification des transports et de la chaleur, le stockage d'énergie, l'hydrogène et le captage et le stockage de CO2 - se sont élevés à 1 308 milliards de dollars en 2022 selon les estimations de l'Agence, soit une hausse de 19 % par rapport à 2021.

    Cependant, l'Irena en appelle au quadruplement des investissements annuels ! Elle déplore d'ailleurs la faible évolution consacrée aux filières renouvelables.

    Si l'on se focalise sur l'Europe, on s'aperçoit que pour la période 2013-2020, les investissements ont oscillé entre 16 et 25 % sans aucune réelle marge de progression notable.

    Plusieurs recommandations sont à mettre en évidence pour pallier cette carence en investissements telle que : (1) l'accroissement de la disponibilité des capitaux pour les investissements publics dans les énergies renouvelables (2) le développement d'une authentique synergie avec les acteurs du monde des entreprises (3) la mobilisation des investissements institutionnels et (4) une meilleure promotion de l'utilisation des obligations vertes pour les énergies renouvelables (green bonds).

    Monsieur le Ministre a-t-il pris connaissance du rapport et des recommandations de l'IRENA sur les nécessités d'investissements dans les énergies renouvelables ?

    Quelle est son analyse concernant la trajectoire de la Région wallonne ?

    Quelle est sa considération face à la suggestion d'une meilleure mobilisation des investissements institutionnels ?

    Voit-il de possibles améliorations en la matière ? Quels sont les leviers de la Région wallonne ?

    Le rapport suggère une meilleure promotion de l'utilisation des obligations vertes pour les énergies renouvelables ? Est-ce pertinent selon lui ?

    Quelle est son analyse considérant l'émission d'obligations vertes de la Région wallonne ? Note-t-il un quelconque impact pour le développement des investissements dans les énergies renouvelables ?

    Dispose-t-il d'une base de données concernant le développement des investissements dans les énergies renouvelables en Région wallonne ?
  • Réponse du 26/04/2023
    • de HENRY Philippe
    J’ai également pris connaissance du rapport Global Landscape of Renewable Energy Finance 2023, il a le mérite de faire le point sur la situation globale du financement des énergies renouvelables et permet d’identifier les déséquilibres et les lacunes.

    En effet, les crises mondiales en cours présentent à la fois un défi et une opportunité pour le déploiement accéléré des énergies renouvelables cer.

    La disparité des financements en énergies renouvelables par pays a considérablement augmenté au cours des six dernières années. Par exemple, l'investissement dans les énergies renouvelables par habitant en Europe et en Amérique du Nord (hors Mexique) était environ 22 fois supérieur à celui de l'Afrique subsaharienne en 2015. En 2021, l'investissement par habitant en Europe était 127 fois supérieur à celui de l'Afrique subsaharienne, et en Amérique du Nord, c'était 179 fois plus.

    Pour que la transition énergétique ait un impact positif, les gouvernements et les partenaires de développement doivent jouer un rôle plus actif pour assurer un flux de financement plus équitable qui reconnaisse les différentes dotations et conditions de départ des pays.

    Ce rapport souligne donc la nécessité d'orienter les fonds publics vers les régions et les pays qui disposent d'un potentiel inexploité considérable, mais qui ont du mal à attirer des investissements.

    L’Europe, en tant que région, est mentionnée à plusieurs reprises. Elle a en effet attiré 54 milliards USD en 2019 et 67 milliards USD en 2020 (respectivement 17 % et 19 % du total mondial).

    Les données préliminaires suggèrent que les investissements ont dépassé 69 milliards USD en 2021, mais sont tombés à 53 milliards USD en 2022.

    En 2020, les investissements dans la région ont augmenté d'un record de 26 % par rapport à 2019, tirés principalement par une multiplication par près de quatre des investissements au Royaume-Uni et une multiplication par près de trois aux Pays-Bas, par rapport à 2019.

    Cette augmentation a été tirée par l'éolien offshore - de 4 milliards USD en 2019 à 17 milliards USD en 2020 - tandis que les investissements dans le solaire photovoltaïque et l'éolien terrestre sont restés stables.

    Partout sur le continent, les engagements nets zéro et les vastes politiques d'élimination progressive des combustibles fossiles stimulent la croissance des énergies renouvelables. Le Green New Deal engage les membres de l'Union européenne à réduire leurs émissions nettes d'au moins 55 % d'ici 2030 par rapport à 1990. Le plan vise à mobiliser 225 milliards d'euros de prêts à partir de sa facilité pour la reprise et la résilience existante, et 20 milliards d'euros supplémentaires de subventions.

    Le règlement européen, adopté le 18 décembre 2019, qui concerne la création à l’échelle européenne d’un système de classification des activités économiques durables ou taxonomie permettra de créer un langage commun que les investisseurs pourront utiliser partout lorsqu’ils investissent dans des projets et des activités économiques qui ont un impact positif important sur le climat et l’environnement.

    Il est encore prématuré d’en estimer l’impact même si un rapport « EY EU Taxonomy Barometer 2022 Lessons learned from the first reporting year (ey-fr-eu-taxonomy-report-final.pdf)» estime que « Le dispositif dévoile ses limites ». Le baromètre européen EY de la Taxonomie verte dresse le bilan de la première année d’application, par 245 sociétés cotées des indices de 11 pays de l’Union européenne (France, Italie, Allemagne, Espagne, Suède, Finlande, Pays-Bas, Danemark, Autriche, Belgique, Irlande). Selon eux, en identifiant les activités déjà qualifiées de durables, la taxonomie ne traite que partiellement les besoins en financement des entreprises pour orienter leurs activités vers une trajectoire bas carbone.

    Arrivons-en maintenant au niveau wallon. La Région wallonne s’inscrit dans les obligations émanant de la législation européenne et bénéfice des programmes de financement que l’Union européenne met en œuvre, elle devrait notamment bénéficier des budgets alloués au Plan de relance européen ou au Fonds pour la Transition juste.

    En ce qui concerne le rôle des investisseurs institutionnels que l’on identifie aux fonds de pension, compagnies d'assurance, fonds souverains, dotations et fondations, les énergies renouvelables présentent des avantages importants.

    Dans le contexte d'un ralentissement économique mondial, la diversification des actifs devient plus prononcée, tout comme les préoccupations concernant la réduction de la volatilité et de l'incertitude liées aux prix des combustibles fossiles.

    En outre, la nécessité de préserver la valeur à long terme pour les détenteurs d'actifs grâce à des investissements durables et de répondre à l'examen public croissant des actions visant à atténuer le changement climatique ne fera que devenir plus pressante avec le temps.

    En ce qui concerne les obligations vertes, à ce stade, la Région wallonne a émis deux opérations en 2019 et en 2020.

    Le 25 avril 2019, forte d’une première notation extra-financière positive, la Région wallonne a émis une obligation durable inaugurale, visant à financer ses dépenses éligibles dans les domaines sociaux et environnementaux.

    Cette émission a permis de lever un montant de 1 milliard d'euros par l'addition de deux tranches de 500 millions d'euros chacune réalisées sur deux maturités (2026 – 2034). La finalisation de l'emprunt s'est faite à des taux extrêmement favorables : 0,36 % et 1,25 % (soit une diminution moyenne de 5 points de base par rapport aux niveaux habituels de la Région).

    Un rapport d’allocation budgétaire et d’impact a été publié à l’automne 2020 concernant cette première obligation durable.

    Afin de pérenniser le financement régional, la Région a reconduit l'opération. Le 1er avril 2020, la Région wallonne a émis une seconde obligation durable, qui a permis de lever un montant de 500 millions d'euros à une échéance de 10 ans (2030).

    En complément de cette opération, la Région a également augmenté la taille de son obligation 2034 d'un montant de 200 millions d'euros, atteignant ainsi un total de 700 millions d'euros sur cette échéance.

    À côté des informations relatives à l’octroi de certificats verts et de labels de garantie d’origine, nous ne disposons pas d’une base de données des investissements en énergie renouvelable en Région wallonne. Toutefois, le rapport du PNEC à rendre en juin prochain comporte un volet relatif aux investissements et nous apportera des informations complémentaires.