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L'interdiction des chaudières à mazout en Wallonie

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 760 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 07/03/2023
    • de FONTAINE Eddy
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Le Gouvernement vient de marquer son accord sur un texte en première lecture pour le Plan Air Climat Énergie 2030. Une des mesures de ce texte prévoit l'interdiction progressive des chaudières au mazout (et au charbon) dans les logements.

    Environ 58 % des Wallons se chauffent à l'aide d'une chaudière à mazout, cela représente 687 500 installations. Selon les estimations du SPW, le parc se renouvellerait naturellement en 25 ans et ainsi, les objectifs de 2050 seraient atteints.

    Différentes alternatives au chauffage à mazout se proposent aux ménages. On parle, notamment, de chaudières au gaz, de pompes à chaleur, de poêles à bois ou à pellets, de chauffe-eaux solaires, etc. J'émets cependant quelques réticences face à ces possibilités.

    Monsieur le Ministre propose le chauffage au gaz comme alternative au mazout. Le réseau de gaz wallon n'est pourtant pas accessible partout, notamment en ruralité.

    Comment compte-t-il pallier à la mauvaise accessibilité au gaz dans les campagnes ?

    De même, les pompes à chaleur sont alimentées via l'électricité. Compte tenu des difficultés que connaissent les propriétaires de véhicules électriques, relativement à la production d'électricité d'origine renouvelable et aux bornes de rechargement, dans quelle mesure le réseau électrique wallon pourra-t-il supporter l'électrification d'une certaine partie des méthodes de chauffage ?
  • Réponse du 12/04/2023
    • de HENRY Philippe
    Quel que soit le domaine, il est tout à fait compréhensible d’avoir des réticences face à un constat posé sur la nécessité de changer de cap.

    Il sera question dans les années qui viennent d’abandonner certaines solutions technologiques utilisées depuis quelques dizaines d’années maintenant.

    Cependant, simplement reproduire les habitudes du moment ne constitue pas un effort suffisant.

    En effet, la tendance actuelle en matière d’amélioration du parc de bâtiments wallons et de ses installations techniques va bien dans le sens d’une amélioration de la situation énergétique et climatique. Cependant, dans le même temps, le rythme de cette amélioration est bien trop lent que pour être compatible avec un quelconque objectif à long terme acceptable et suffisant.

    Il faut noter que toute une série d’alternatives existe :
    - pompes à chaleur de différents types, pour le chauffage, l’ECS ou combinée ;
    - chaudières et poêles biomasse (pellets, bois) ;
    - installations solaires thermiques ;
    - raccordement à un réseau de chaleur, si présent ;
    - en solution transitoire de repli : chaudières au gaz ou au propane.

    Ceci avant l’établissement d’une stratégie de sortie de l’utilisation des combustibles gazeux.

    Il est important d’insister sur le fait que ce changement de paradigme en matière d’installations de chauffage se doit d’aller de pair avec la réduction des besoins de chaleur, que ce soit via le comportement des utilisateurs de bâtiments ou via l’isolation de ceux-ci. Au plus un bâtiment est sobre en énergie, au plus les possibilités alternatives évoquées seront faciles à appliquer.

    Il faut rappeler que toute une série d’aides régionales existe. Pour les ménages affichant des revenus plus faibles, le recours aux alternatives ne présente pas ou très peu de surcoût à l’investissement par rapport au remplacement ‘simple’ de la chaudière au mazout.

    Pour évaluer correctement ce surcoût, il faut bien prendre en compte toutes les adaptations de l’installation de chauffage nécessaires au placement d’une chaudière mazout à condensation. Outre la nouvelle chaudière en elle-même, qui est plus chère que les modèles précédents au mazout sans condensation, il faut prévoir, entre autres, l’évacuation et la neutralisation des condensats issus des fumées et aussi le tubage de la cheminée, souvent indispensable.

    Comme indiqué, le recours aux pompes à chaleur électriques n’est pas la seule alternative possible.

    La faisabilité de cette solution technique (en termes de coût d’investissement, de coût annuel de l’énergie, d’impact sur les réseaux électriques …) est assez dépendante des besoins thermiques du bâtiment.

    C’est pourquoi il est important d’isoler convenablement son habitation avant de changer son type de chauffage.