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Le sommeil des Wallons

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 306 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 07/03/2023
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    « Plus de six Belges sur dix se bagarrent avec leur oreiller. Des chiffres en augmentation d'année en année alors que la durée de nos nuits s'est considérablement raccourcie en quelques décennies. » Voilà comment l'hebdomadaire Moustique ouvre un dossier en ce 1er mars sur la qualité du sommeil.

    Beaucoup vont opter pour une médication qui n'est finalement qu'un emplâtre sur une jambe de bois. La seule véritable solution aux divers troubles du sommeil est une adaptation du mode de vie et du comportement. L'insomnie chronique touche 20 % de la population. Il faut dire que dormir devient un frein au développement économique et social aux yeux de certains.

    Madame la Ministre dispose-t-elle de données relatives à la qualité du sommeil des Wallons ? Que peut-on en retenir ? Observe-t-on une évolution au fil du temps ?

    Quelles actions met en place la Wallonie pour améliorer la qualité du sommeil de nos concitoyens ?

    Coordonne-t-elle ses actions, notamment la sensibilisation, avec les autres entités fédérées et fédérale ?

    Quels outils met-on aujourd'hui à la disposition des Wallons pour adopter de nouveaux comportements ? D'autres projets sont-ils à l'étude ? Selon quel calendrier ?
  • Réponse du 04/04/2023
    • de MORREALE Christie
    Le 5e rapport de l’Enquête de Santé (Plus de 1 personne sur 10 en Belgique souffre d'un trouble mental | sciensano.be) 2018 de Sciensano (le plus récent disponible) présente la dimension du bien-être subjectif comme indicateur d’une bonne santé mentale chez les adultes de 15 ans et plus. Les résultats indiquent notamment qu’une personne sur trois témoigne d’un mal-être psychologique, dont les principaux éléments fondateurs relevés sont de se sentir constamment tendus et stressés (29 %), de manquer de sommeil à cause de soucis (23 %), ainsi que de se sentir malheureux et déprimé (20 %).

    Selon les données de la Cohorte belge Santé et Bien-être (BELHEALTH) - first_results_belhealth_fr_0.pdf (sciensano.be) - de Sciensano qui suit la santé et le bien-être d’un large groupe d’habitants en Belgique (l’enquête a été réalisée en ligne entre le 28 septembre et le 12 octobre 2022) sur les 7 303 participants, 43 % déclaraient avoir une très/plutôt mauvaise qualité de sommeil et 57 % déclaraient avoir une très/plutôt bonne qualité de sommeil.

    Les personnes âgées de 18 à 29 ans (52 %), les personnes vivant seules avec des enfants (58 %) et les personnes ayant tout au plus un diplôme de l’enseignement secondaire (44 %), ont déclaré avoir une moins bonne qualité de sommeil.

    Avec les résultats de la prochaine enquête (environ tous les 3 mois), nous pourrons commencer à observer une première évolution au fil du temps.

    Nous ne sommes pas tous égaux face au risque d’insomnie, mais à risque égal, certains comportements réduisent la qualité du sommeil comme un dîner trop copieux, la consommation de caféine, d’alcool ou de tabac dans les heures précédant le coucher, la pratique d’une activité sportive au-delà de 20 heures, une chambre surchauffée ou bruyante, ….

    Les soirées passées devant un écran (jeu vidéo, Internet, smartphone…) sont, elles, délétères à deux titres : la lumière bleue des écrans plats perturbe la sécrétion normale de mélatonine et dérègle notre horloge biologique, elle-même impliquée dans la régulation du sommeil. Par ailleurs, la stimulation cérébrale liée aux activités sociales ou ludiques (notamment les jeux de guerre) favorise l’hyper-éveil et nuit donc au sommeil des individus. Enfin, la qualité du sommeil des insomniaques, déjà médiocre, est également perturbée par l’irrégularité des heures de coucher et surtout de lever, par le temps passé au lit ou même dans la chambre pour d’autres activités que le sommeil (lecture, télévision...), par les siestes qui entrecoupent la journée, ….

    Par l’intermédiaire des acteurs en promotion de la santé et prévention, la Wallonie améliore notamment les actions de littératie en santé des citoyens et encourage l’adoption de comportements qui favorisent la qualité du sommeil. Ce 10 mars 2023, le Gouvernement wallon a approuvé la note présentant le nouveau paysage en promotion de la santé et ses acteurs agréés. La prochaine étape pour ces structures est le développement de leurs programmes d’actions coordonnées (PAC) qui décriront les activités qu’ils vont mener.

    S’ensuivra la mise en place du comité de pilotage avec toutes les parties prenantes, lequel va évaluer ces plans d’action en vue d’ajuster le Plan de promotion de la santé. Ce Comité de pilotage devrait se réunir pour la première fois d’ici mi-2023.

    Les actions menées sur les thématiques de l’alimentation, de l’activité physique, de la santé mentale ou des assuétudes faisant partie des priorités fixées par la programmation en promotion santé sont de nature à favoriser des comportements compatibles avec l’amélioration du sommeil.

    De plus, les outils disponibles (ex. site info-santé) ciblent le sommeil et/ou les facteurs qui lui portent atteinte.

    Par ailleurs, dans notre écosystème wallon de santé, le projet du Plan de relance W.all.in.Health contribuera également à développer la littératie en santé afin de mettre à la disposition de nos concitoyens un accès direct aux informations validées scientifiquement. Une meilleure littératie en santé améliore les comportements des individus concernant leur sommeil.

    Le bureau régional de l’OMS pour l’Europe préconise la mise en place d’une unité de connaissance comportementale et culturelle, laquelle permet d’explorer les facteurs structurels, contextuels et individuels qui influent sur les comportements liés à la santé des personnes, que ce soit dans leur vie quotidienne ou dans leur utilisation des services de santé. Dans ce cadre, la responsabilité du changement de comportement est partagée entre l’action publique et l’individu, ce qui explique l’importance de la littératie.

    L’unité utiliserait une approche rigoureuse, fondée sur des données épidémiologiques, des systèmes de santé, mais également appuyée sur les sciences humaines et sociales de la santé, dans le but de renforcer les politiques, les services et la communication. Son objectif final serait d’améliorer la santé, réduire les inégalités et renforcer la confiance envers les autorités.

    En termes de coordination entre les entités, la thématique de la qualité du sommeil n’a pas encore été abordée au sein du GT de la CIM Santé « prévention » jusqu’à présent, mais les informations, basées sur les données scientifiquement prouvées, sont similaires dans tout le pays.