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Le projet de pièges anti-frelons

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 411 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 07/03/2023
    • de WITSEL Thierry
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Nous avons déjà parlé à plusieurs reprises de l'invasion des nids de frelons asiatiques et de leur installation en Wallonie.

    Ce sont des animaux nuisibles et leur invasion a des conséquences sur notre biodiversité. Sans action de notre part, les abeilles et bon nombre d'insectes auront disparu d'ici 10 ans. J'ai appris que chaque nid de frelons consommait 11kg d'insectes ! Pour réagir face à ce fléau, à Bastogne, la commune va financer des pièges anti-frelons asiatiques ainsi que la suppression des nids. Les pièges sont adaptés afin de ne bloquer après l'entrée que les frelons asiatiques. Afin de tuer les reines et d'éviter les nids au printemps, il faut installer ces pièces pour fin février, début mars. Bastogne met en place 50 pièges qu'ils vont renouveler tous les 15 jours, et ce durant 2 mois et qui seront remis en place à la fin de l'été.

    Au vu du prix de la destruction des nids, cette solution de prévention pourrait être un axe envisagé par la Wallonie.

    Face à l'augmentation inquiétante des nids de frelons asiatiques, voici mes questions.

    Madame la Ministre peut-elle nous donner des chiffres actualisés de la présence de frelons asiatiques en Wallonie ?

    A-t-elle connaissance du projet mené à Bastogne ?

    D'autres communes ambitionnent-elles de mettre en place un tel projet ?

    D'autres techniques de prévention sont-elles mises en place à sa demande ?
  • Réponse du 23/06/2023
    • de TELLIER Céline
    Je comprends l’inquiétude, légitime, suscitée par le frelon asiatique. Cet insecte est régulièrement pointé du doigt, notamment pour son agressivité vis-à-vis des abeilles.

    En 2022, le nombre de nids signalés attribués au frelon asiatique était de 1850, principalement dans les provinces du Hainaut, Brabant wallon et Namur. Une extension de sa présence, plus ponctuelle, est observée aux provinces de Liège et Luxembourg.

    Comme je l’ai déjà expliqué, à son arrivée sur notre territoire en 2016, la Région wallonne a mis en place des actions pour tenter de freiner sa progression, notamment la neutralisation systématique des nids. Cette technique n’a malheureusement pas donné les résultats espérés, puisque le nombre de nids détruits est en constante augmentation. Malgré une lutte intense, nous sommes passés de 204 nids en 2021, à 1850 nids en 2022. Nous devons donc adapter notre stratégie de lutte en fonction de cette nouvelle réalité.

    Au vu de la progression du frelon asiatique en Belgique, mais également dans les pays voisins, les experts estiment qu’il n’est malheureusement plus envisageable d’éliminer le frelon asiatique de notre territoire, comme malheureusement d’autres espèces exotiques envahissantes.

    Malgré sa réputation sulfureuse et sa taille impressionnante, cette espèce n’a cependant qu’un faible impact sur la biodiversité. En effet, la pression qu’il exerce sur l’entomofaune est bien documentée. Si son régime alimentaire est constitué en majorité d’abeilles domestiques, il chasse également des guêpes sociales et des diptères. Actuellement, aucune des études n’a montré un impact négatif significatif du frelon asiatique sur les populations d’insectes indigènes sauvages. Par ailleurs, par rapport à la santé humaine, cette espèce ne pose qu’une faible menace supplémentaire par rapport à nos insectes indigènes. Dès lors, les impacts du frelon asiatique sont majoritairement d’ordre apicole.

    Néanmoins, face à l’échec de la destruction systématique des nids, nous avons basculé vers des stratégies de gestion raisonnées, adaptées en fonction de la dangerosité, et en bonne collaboration avec mon collègue Willy Borsus. Différents outils sont mis en place pour accompagner les apiculteurs et les pouvoirs locaux vers cette transition.

    En ce qui concerne le projet de la Commune de Bastogne à l’égard du frelon asiatique, à l’initiative de l’Union royale des ruchers wallons, j’en ai effectivement pris connaissance. Je comprends évidemment la volonté d’agir face à cette invasion. Je rappelle également l’importance de la bonne coordination des différents acteurs, notamment l’administration wallonne, en vue d’une gestion efficace. D’après plusieurs études scientifiques, un piégeage de printemps non sélectif, avec des pièges à noyade tels que proposés par l’Union royale des ruchers wallons, pourrait avoir un impact non négligeable sur la biodiversité. Des espèces non ciblées pourraient être capturées, parfois rares ou protégées, comme des reines de bourdon, ce qui entrainerait donc des conséquences contre-productives. Malheureusement, les techniques de piégeage disponibles actuellement sont peu efficaces vis-à-vis des fondatrices de frelon asiatique. Le CRA-W mène actuellement une étude sur le sujet, et il est préférable d’attendre les résultats avant de continuer à utiliser ce type de pièges. Une fois validée scientifiquement, l’utilisation de ces pièges pourrait être envisagée par les acteurs de terrain.

    Outre le piégeage, différentes techniques de protection des ruchers sont également en cours d’évaluation, afin de réduire la prédation et le stress occasionné par le frelon asiatique. Sur base des résultats obtenus, des recommandations pourront être proposées au secteur apicole. J’invite l’honorable membre à solliciter mon collègue le Ministre Borsus en charge de l’agriculture concernant les mesures qu’il souhaite promouvoir pour protéger les apiculteurs.