/

L'âgisme envers les femmes

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 320 (2022-2023) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 10/03/2023
    • de KAPOMPOLE Joëlle
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Suite à la 65e cérémonie des Grammy Awards, de nombreux médias ont critiqué l'apparence de la chanteuse de renommée mondiale, Madonna. La chanteuse a réagi via les réseaux sociaux pour dénoncer son ras-le-bol à l'encontre de toutes ces remarques sur son corps.

    Un tel phénomène reflète l'hypocrisie de notre société qui voue un culte puissant à la jeunesse et au corps parfait. L'invisibilisation des femmes à partir de la cinquantaine est le fruit, notamment, d'un choix de valoriser la jeunesse et une forme de beauté ultra-normée dans notre société.

    Renverser la tendance et insuffler une nouvelle vision de nos corps divergents est crucial. Normaliser les différences représente un véritable enjeu public et un défi à relever pour les femmes, mais aussi pour la société dans son ensemble.

    Madame la Ministre a-t-elle eu connaissance de phénomènes similaires ?

    Au niveau wallon, des campagnes préventives sont-elles mises en place pour visibiliser et valoriser l'image des femmes vieillissantes et ménopausées ?

    Dans le cadre du Plan genre, travaille-t-elle avec des associations féministes sur les questions de la représentation de la femme ?

    Que font les associations soutenues financièrement par la Wallonie sur les questions du vieillissement ?
  • Réponse du 18/04/2023
    • de MORREALE Christie
    L’âgisme peut être défini comme l’ensemble des attitudes, stéréotypes et pratiques discriminatoires envers les personnes catégorisées comme « vieilles » (Robert N. Butler).

    En 2021, Amnesty International a publié les résultats d’un sondage, réalisé par IPSOS, mené en Belgique francophone sur cette problématique (https://www.amnesty.be/campagne/droits-aines/article/sondage-agisme-aines-chiffres-2021). Le sondage avait pour objectifs de mesurer l’ampleur de l’âgisme en Belgique francophone, de mesurer comment est perçu ce phénomène par les plus de 55 ans, et d’identifier les profils des victimes et les secteurs particulièrement touchés. Ainsi, parmi les constats, il est notamment établi que plus l’âge est élevé, plus le sentiment « d’aliénation » des aînés dans et par le reste de la société est fort, mais également que les femmes sont plus touchées que les hommes par le regard que la société porte sur elles.

    Une analyse menée en 2021 par le Collectif contre les Violences familiales et l’Exclusion (https://www.cvfe.be/publications/analyses/370-le-vieillissement-dans-le-miroir-des-differences-de-genre-1-l-emprise-mediatique-normes-et-assignations) tente d’apporter un éclairage sur les inégalités de genre face à l’âgisme. Il y est indiqué que « la société se fixe, plus que de raison, sa crainte sur le vieillissement physique des femmes. Celles-ci, plus que les hommes, subissent des injonctions totalement aliénantes. Plus largement, on peut dire que les femmes de tous âges sont soumises (directement ou non) à des injonctions de beauté, à un certain « male gaze ».

    En 2021, Unia a ouvert 135 dossiers pour des discriminations liées au critère de l’âge. En 2021, ils représentent 4,9 % de l’ensemble des dossiers. Un peu moins de la moitié des dossiers ouverts liés à l’âge concerne l’emploi (48,9 %) puis les biens et services (34,1 %). Dans l’emploi, c’est au stade de l’embauche que les problèmes surviennent le plus souvent (53 %).

    Rappelons que l’âge est un critère protégé en vertu du décret du 6 novembre 2008 relatif à la lutte contre certaines formes de discrimination. Ce décret instaure un cadre légal très précis permettant de lutter contre toutes les discriminations (orientation sexuelle, état civil, composition de ménage …) et notamment les discriminations fondées sur l’âge et le sexe, et ce, dans tous les domaines de compétences de la Wallonie.

    Concrètement, l’Institut pour l'égalité des femmes et des hommes (IEFH) bénéficie d’une subvention annuelle s’élevant cette année à 80 394,48 euros dans le cadre d’un accord de coopération avec la Wallonie. L’IEFH est compétent pour aider toute victime ou témoin d’une discrimination liée au sexe et aux critères apparentés. L’action de l’IEFH est complémentaire au travail d’Unia, qui a la charge du traitement des signalements liés aux autres critères de discrimination, dont l’âge. À ce titre, Unia bénéficie d’une subvention annuelle s’élevant cette année à 752 054,34 euros dans le cadre d’un protocole de collaboration avec la Wallonie.

    Les discriminations liées au sexe et à l’âge se renforcent et ne font qu’augmenter les inégalités et les difficultés subies par les femmes concernées, à l’intersection de deux critères de discriminations.

    En Promotion de la santé, la Région wallonne octroie une subvention à l’ASBL Femmes et Santé qui développe une réflexion spécifique sur la santé globale des femmes, intégrant dans sa lecture toute forme de violences de genre. Le 13 mars 2023, l’ASBL Femmes et Santé a reçu un agrément en tant qu’opérateur en promotion de la santé, et ce, pour une durée de 5 ans, permettant ainsi de pérenniser leurs actions.

    Enfin, la dimension du genre fait partie des objectifs transversaux présents dans la programmation en promotion santé, en ce compris la prévention. Le Comité de pilotage du Plan WAPPS sera mis en place ces prochaines semaines et aura notamment, comme mission, le suivi de ces objectifs.