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Les travaux visant au développement d'alternatives au glyphosate

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 514 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 20/03/2023
    • de FONTAINE Eddy
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Nous avons déjà eu l'occasion de débattre à plusieurs reprises du glyphosate et des produits phytopharmaceutiques au regard de leur utilisation au sein du milieu agricole, ainsi que des recherches actuellement menées au plan international, mais également wallon, sur les potentielles alternatives.

    Comme Monsieur le Ministre le rappelait précédemment, la seule interdiction d'usage du glyphosate encore en vigueur en Belgique découle de l'AR du 16 septembre 2018 qui interdit la mise sur le marché des herbicides synthétiques à destination des utilisateurs non professionnels.

    La Wallonie ne disposant pas de données d'utilisation du glyphosate, il indiquait également attendre les résultats du projet d'étude « estimation quantitative des utilisations de produits phytopharmaceutiques (PPP) par les différents secteurs d'activité », en ciblant son utilisation en interculture (90 % des utilisations) dans un premier temps, et le reste des cultures dans un second temps.

    Bien que des alternatives aux PPP soient aujourd'hui à l'étude, telles que les désherbeurs thermiques ou électrothermiques, ces engins ne peuvent pas encore être mis à l'échelle d'une culture agricole à l'heure actuelle.

    Où en sont aujourd'hui les travaux wallons menés dans les facultés d'agronomie visant à l'identification et au développement d'alternatives aux produits phytopharmaceutiques pour nos cultures ?

    Les résultats de l'étude sur l'utilisation des PPP ont-ils été portés à son attention ?

    Monsieur le Ministre peut-il nous détailler les modalités de leur utilisation sur les cultures wallonnes ?

    De manière plus globale, quels sont les efforts menés aujourd'hui pour minimiser l'érosion des sols, et le rôle des PPP ?
  • Réponse du 13/04/2023
    • de BORSUS Willy
    Les résultats de l’étude « Estimation quantitative des utilisations de produits phytopharmaceutiques par les différents secteurs d’activité » (disponible à l’adresse suivante : https://corder.be/fr/eqpp) ont montré que 90,7 % des utilisations étaient effectivement destinées à des charges non affectables (c-à-d non attribuées à une catégorie culturale) et parmi celles-ci principalement aux utilisations en interculture. Ils ne permettent cependant pas, à l’heure actuelle, de connaître avec précision la quantité de glyphosate utilisée en interculture.

    En 2020, les ventes de glyphosate représentaient près d’un quart (23,1 %) de la quantité totale de substances herbicides vendues en Belgique chez tous les professionnels (y compris chez les entrepreneurs de parcs et jardins).

    Plusieurs projets de recherche et travaux, que je soutiens, visant à développer des alternatives chimiques et non chimiques sont en cours (binage, faux-semis, semis direct sous couvert, désherbage mécanique, électrique, et cetera) :
    - le projet DECALPE vise à développer une grille d’aide à la décision prenant en compte la problématique de la disponibilité des alternatives dans le cadre du retrait éventuel d’un produit pesticide (dont la glyphosate) ;
    - le projet SUBSTIPHYT’eau (CRA-W) vise à faciliter l’identification des produits phytopharmaceutiques pouvant substituer ceux susceptibles de dégrader la qualité des ressources en eau ;
    - le projet APEO (spin-off de ULg Gembloux Agro-Bio Tech) a pour but de développer des bio-herbicides à base d’huiles essentielles ;
    - le projet multipartenaires (France – Belgique (ULg Gembloux Agro-Bio Tech)) SmartBiocontrol a pour objectif de proposer des alternatives aux produits chimiques en protection des cultures ;
    - le projet « ROBOT » (CRA-W) évalue les possibilités de l'automatisation du désherbage non-chimique en production végétale (essentiellement en maraîchage). Les premiers résultats montrent une bonne précision de guidage et une qualité de désherbage satisfaisante ce qui rendent ces technologies prometteuses. Néanmoins, des interventions humaines sont encore régulièrement nécessaires ;
    - le projet ProMéca (CRA-W) étudie l’intégration du désherbage mécanique dans les grandes cultures afin de réduire ou de supprimer l’utilisation d’herbicides ;
    - le projet BioCoCrop (CRA-W) porte sur le développement d’une solution basée sur la co-culture avec un couvert permanent de légumineuse, et vise à empêcher le développement des adventices.

    Concernant les modalités d’utilisation du glyphosate, celui-ci est utilisé principalement pour la destruction des couverts en interculture, la destruction/renouvellement des prairies temporaires, la lutte contre les adventices en pré-émergence dans plusieurs cultures, ainsi que la lutte contre les plantes ligneuses et les rejets/repousses. Selon Greenotec il n’y a pas d’alternative valable contre les repousses de céréales en semis précoces (betterave, pois, etc.). Ils incitent donc les producteurs à cumuler les leviers agronomiques (phyto, optimisation de la rotation, associations culturales, couverts végétaux, désherbage mécanique, récolteurs de menues pailles, semoir de semis direct, et cetera).

    Le glyphosate est aussi la seule substance active actuellement autorisée pour la lutte chimique contre des plantes exotiques envahissantes comme la renouée du Japon.

    Concernant les efforts menés aujourd'hui pour minimiser l'érosion des sols, le Plan stratégique PAC 2023-27 entré en vigueur ce 1er janvier, contient plusieurs actions pour lutter contre l’érosion des sols dont une conditionnalité renforcée impliquant une réduction de la taille des parcelles, des pratiques culturales adaptées selon le type de cultures comme le semis sous couvert, ou la mise en place de bande anti-érosive enherbée. Ces mesures, même adaptées suite à certaines incohérences rencontrées sur le terrain, en agissant sur une réduction du ruissellement et de l’érosion, auront également un effet positif sur les transferts de PPP, notamment grâce au pouvoir épurateur des sols enherbés, associé à une activité biologique intense et au développement d’une rhizosphère dense.