/

Le prix de la viande de sanglier

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 519 (2022-2023) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 20/03/2023
    • de COURARD Philippe
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    En 2019, j'interrogeais Monsieur le Ministre en séance plénière au sujet du prix de la viande de sanglier. Pour recontextualiser, je m'étonnais du prix de vente qui frise l'exagération dans les comptoirs des boucheries wallonnes. Ce n'est pas le prix que le boucher ou commerçant pratique que je remets en cause, mais bien tout le système en amont qui explique ce coût.

    Avec toutes les règles imposées aux marchands, et c'est heureux qu'un contrôle qualitatif soit exercé, le prix de vente d'un kilogramme de viande se sanglier est de 80 centimes. Les frais de découpe, de transport et autres étapes font que cette viande est en fin de course proposée aux clients à des prix exorbitants.

    Tout ceci est de nature à fortement décourager certains acteurs de la filière. Pire, des animaux propres à la consommation sont envoyés au clos d'équarrissage, notamment si la bête pèse moins de 20 kg.

    Presque quatre années plus tard, je m'étonne et m'offusque toujours autant de cette situation.

    Monsieur le Ministre avançait en ce temps-là comme piste de solution un label pour ce type de viande, mais encore travailler à la concertation avec les acteurs de la chaîne.

    Pourrait-il m'informer des actions entreprises entre-temps pour lutter contre le phénomène, à mon sens très problématique ?

    Ne serait-il pas d'avis que favoriser le gibier wallon pour les consommateurs serait plus approprié que de faire importer de la viande d'autres pays ?

    Où en sont les concertations avec les acteurs ?

    Où en est son projet ou idée de labellisation ?
  • Réponse du 13/04/2023
    • de BORSUS Willy
    En ce qui concerne les ateliers de découpe, 7 sont encore en activité sur le territoire de la Région wallonne.

    Mon Cabinet a rencontré les représentants de ces ateliers de découpe à plusieurs reprises.

    Pour rappel, ces derniers ont été soutenus pendant toute la durée de la lutte contre la PPA et même après la sortie de la crise PPA, dans le cadre de la reprise des sangliers (70 euros/carcasse) jusqu’à ce que chaque établissement ait atteint le plafond prévu dans le cadre des aides de Minimis.

    Malheureusement, malgré le soutien de la Wallonie, force est de constater que les prix élevés du gibier se sont maintenus, les ateliers mettant en avant le coût de main-d’œuvre, le coût de l’énergie, et cetera. Cela a comme conséquence une très faible marge bénéficiaire malgré le soutien financier.

    Parallèlement à ces aides, en janvier 2021 et 2022, une campagne exceptionnelle de promotion du gibier a été réalisée par l’APAQ-W, à ma demande.

    Comme l’honorable membre le précise, l’opportunité et la faisabilité d’un label gibier wallon a été analysée. Tenter de dynamiser la filière par la mise en œuvre d’un label « gibier wallon » nous est également interdit puisque le traité sur le fonctionnement de l’Union européenne nous empêche de faire mention de l’origine géographique des produits (interdiction précisée à l’article 226 du Code). La question de la libre circulation des biens et des aides d’état (art. 34 et 107 du TFUE) vaut donc pour toutes les politiques publiques (aides aux entreprises ou promotion de productions des productions indigènes).

    L’analyse a également porté, de manière plus spécifique, sur les reconnaissances européennes et wallonnes activables : AOP/IGP – Qualité différenciée

    malheureusement au regard de la législation européenne, il apparaît impossible de mettre en œuvre un tel label, les critères pour la labellisation n’étant pas réunis.

    En effet, la protection d’un nom, par une AOP ou une IGP, nécessite qu’une des conditions essentielles à laquelle doit satisfaire un produit agricole ou agroalimentaire pour pouvoir prétendre à une reconnaissance est que toutes les caractéristiques spécifiques (dans le d’une AOP) ou au moins une d’entre elles (pour une IGP) soi(en)t liée(s) étroitement à l’origine géographique considérée. Le gibier wallon ne peut manifestement prétendre à une qualité spécifique qui soit liée au terroir wallon.

    Dans le cadre du système régional de qualité différenciée, il faut pouvoir démontrer que le produit se différencie d'un produit standard de même catégorie, soit par sa qualité intrinsèque, soit par son mode de production. Or, il est impossible de contrôler le processus de production de manière exhaustive.

    Cependant, ces éléments n’empêchent nullement des démarches privées de labellisation de voir le jour.

    Le constat reste donc pour l’instant inchangé, il est difficile de faire face au faible coût de production de viande de sanglier provenant de l’est de l’Union européenne. Cependant, nul doute que la grande distribution peut constituer un partenaire essentiel pour l’écoulement des volumes produits par les ateliers de découpe wallons, qui sont indubitablement un gage de qualité.