/

La réduction du risque d'Alzheimer par la pratique du sport

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 332 (2022-2023) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 20/03/2023
    • de KAPOMPOLE Joëlle
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Avec l'âge, le risque de développer des maladies dégénératives augmente. Même si la science évolue tous les jours, on n'a malheureusement pas encore trouvé de remède à la démence ou à la maladie d'Alzheimer. Par contre, il serait possible d'en réduire les risques. Une étude menée par des chercheurs de l'UC San Diego et publiée dans la revue Alzheimer's & Dementia a démontré que faire une petite chose par jour peut réduire le risque de développer la démence chez les femmes.

    D'après l'étude, il faudrait faire 1 865 pas par jour en plus pour réduire les risques. Les chercheurs affirment que les femmes de plus de 65 ans sont moins susceptibles de « développer une déficience cognitive légère ou une démence si elles marchent davantage et s'engagent quotidiennement dans une activité physique modérée à vigoureuse ».

    De plus, chaque tranche de 31 minutes supplémentaires passées à faire de l'exercice réduit le risque de déclin cognitif des femmes de 21 %. L'activité physique est d'ailleurs identifiée comme l'un des trois moyens les plus prometteurs de réduire les risques de démence et d'Alzheimer chez les femmes. Pour obtenir ces résultats, les chercheurs ont analysé les données de 1 277 femmes recueillies dans le cadre de deux études auxiliaires de la Women's Health Initiative (WHI) : la WHI Memory Study (WHIMS) et l'Objective Physical Activity and Cardiovascular Health Study (OPACH). Les études doivent être approfondies, notamment pour analyser les effets sur les hommes.

    Madame la Ministre a-t-elle pris connaissance de cette étude ?

    Des activités sportives destinées à nos aînés sont-elles proposées ou soutenues d'une manière quelconque par ses services ?
    Si oui, de quel type ? Quel est leur succès ?
  • Réponse du 13/04/2023
    • de MORREALE Christie
    Comme mentionné dans la question de l’honorable membre, une récente étude (publiée le 25 janvier 2023) menée par des chercheurs de l’Université de San Diego en Californie a confirmé que la pratique d’exercices quotidiens, comme la marche ou les activités ménagères, est un facteur de prévention de la maladie de type Alzheimer. Une critique est portée toutefois sur le fait que cette étude est genrée ; seules les femmes étaient incluses dans l’échantillonnage.

    Depuis 2010, de nombreuses études sont réalisées à travers le monde et notamment en Europe sur les facteurs de prévention de la maladie de type Alzheimer. En effet, les nombreux échecs des industries pharmaceutiques pour stopper ou réduire cette maladie poussent les États à mettre en place des actions de prévention et de promotion de la santé, en visant des actions non médicamenteuses.

    En 2022, l’Université d’Helsinki (Finlande) a conduit une méta-analyse longitudinale sur 20 ans, comprenant plus de 250 000 participants, sur le rôle de l’activité physique au niveau des performances cognitives (mémoire, concentration, capacités déductives …). Il en ressort que le fait de « s’activer » diminue l’incidence de l’apparition d’une démence.

    Ainsi, nous savons maintenant que les personnes pratiquant une activité physique modérée ou élevée réduisent d’environ 30 % leur risque de développer une maladie neurodégénérative par rapport à celles qui n’en pratiquent que très peu. Cela s’explique par le fait que l’activité physique permet une réduction des risques cardio-vasculaires en protégeant mieux le cerveau. Des études menées chez l’animal montrent également que le cerveau libère des facteurs neurotrophiques qui favorisant la création de nouvelles synapses.

    Si la sédentarité doit être combattue dès l’école, c’est la combinaison d’autres facteurs comme avoir une alimentation équilibrée et nourrir des contacts sociaux réguliers qui diminuent les risques de développer cette maladie. Or la pratique d’une activité physique facilite les relations sociales et reste bien souvent une source de motivation pour une alimentation moins riche en lipides et glucides.

    Notons aussi que la pratique sportive est aussi recommandée pour les personnes atteintes de la maladie de type Alzheimer, même à un stade avancé de la maladie. Plusieurs travaux ont prouvé que des patients peuvent avoir une amélioration de leur performance motrice grâce à une activité physique régulière : amélioration de la vitesse de marche et déclin fonctionnel moteur moindre. L’activité physique peut revêtir plusieurs formes : la marche, des exercices d’équilibration et de renforcement musculaire, des parcours de marche avec des stations de pause pour effectuer des exercices de souplesse, de musculation et d’équilibre. Dans une maison de repos, il est important que cette activité physique s’inscrive dans un projet d’équipe et dans le projet de vie du résident. Si les kinés et ergothérapeutes participent à la revalidation de ces personnes, il n’en reste pas moins que la pratique sportive reste encore mineure, et ce aussi bien en maison de repos qu’à domicile.

    Elle me questionne enfin sur les pratiques sportives proposées à nos aînés. Elle sait certainement à cet égard que les mutualités, conscientes de cet enjeu de santé publique, proposent désormais un remboursement annuel plafonné pour inciter les citoyens, dont les aînés, à exercer une activité sportive. De nombreuses communes disposent aussi de lieux de rencontre spécifiques pour les aînés. En ce qui concerne le secteur associatif et plus spécifiquement, les associations actives auprès des personnes atteintes d’une maladie neurodégénérative, de plus en plus d’activités physiques y sont proposées et sont intégrées dans les pratiques de psychoéducation à destination des aidants.